Une tempête au cap Horn (Barcelona race)

Le récit d'une vraie tempête subit par S.Audigane et J.Riechers à l'approche du Horn.

"La dépression tropicale au nord de Renault Captur prend des allures monstrueuses, en venant cogner sur la chaîne des Andes, elle se creuse dans sa descente vers le Horn dans cet enchaînement connu et terrible, si caractéristique de cette zone australe.

« Deux jours et demi auparavant, on s’est demandé si on n’allait pas faire demi-tour pour échapper à cette véritable tempête », a expliqué Sébastien Audigane. « En regardant les prévisions météo, on s‘est dit qu’on arriverait à passer devant et on a osé passer devant. » Mais j’avoue qu’après le cap Horn, avec Jörg, on se regardait parfois en se disant qu’on avait fait une belle connerie. »

Un passage dans des conditions maniables

Cinq à six heures avant de doubler le Horn, Renault Captur passe un premier front costaud, 55 nœuds et une mer démontée. Puis le vent mollit et « heureusement, il y a un peu de retard dans la dépression ». Renault Captur navigue sur le bon bord, et n’est pas gêné par son safran défectueux. La mer devant le mythique rocher est maniable, les vents sont forts de 35 à 40 nœuds : des conditions difficiles mais pas dramatiques. Elles permettent à Jörg Riechers dont c’était le baptême de cap-hornier et à Sébastien Audigane, qui signait son quatrième passage, de prendre des images de l’instant très humide et venté.

Une remontée furieuse vers l’Atlantique

« Pour mon premier cap Horn, il était dément. Après le cap, les conditions sont devenues effrayantes. La mer était très blanche, très abrupte », a raconté le skipper allemand.

« Nous sommes partis au lof dans un premier grain avec 70 nœuds de vent. On a réussi à abattre, on était trois ris et J3 qu’on a enroulé pour naviguer sous grand-voile pendant une dizaine d’heures. La mer s’est levée, démentielle, très puissante. D’autres grains jusqu’à 65 nœuds sont venus dans un vent établi à 50-55 nœuds », a précisé son coéquipier français.

L'équipage
12 mars 2015
12 mars 2015

Il y a un an en mars, lors d'une petite croisière dans le détroit de Magellan, de Ushuaïa à Punta Arena, pendant 24 h le vent s'est établi à 70 puis 80 nœuds; en doublant le Cap Horn les rafales dépassaient parfois les 100 nœuds, max à 107 vu dans la timonerie! Le bateau d'une centaine de m de long tanguait furieusement et tapait (vitesse réduite à 4 nœud) comme un vulgaire 10 m dans le mistral.

12 mars 2015

On rencontre bien sûr ces conditions de vent au Cap Horn. Mais lorsque l'on parle du Cap Horn on a tendance à n'en parler qu'au superlatif et à n'évoquer que les conditions extrêmes. Il Y a pratiquement tous les jours des gens qui tentent de passer le Horn à la voile et même à faire le tour de l'île du Horn. Ils partent de Puerto Williams et en deux petites étapes de 20 à 30 miles ils sont au Horn. A chaque étape le mouillage sur une des îles de cette région est particulièrement bien abrité. Le skipper du bateau charter qui fait commerce de cette quête du graal (C'est un peu comme pour d'autres un pélerinage à Lourdes) attend de voir sur ses fichiers Grib les conditions favorables. Généralement, la "performance" se fait avec du 5 rafales à 7 au maximun. Ce n'est pas tant la force du vent qui est impressionnante mais l'état de la mer. Il arrive que certains cependant renoncent car les vents dominants étant d'Ouest il faut remonter au près dans une mer assez dure et cela fatigue des équipages pas très aguerris. Le passage du Pacifique à l'Atlantique est beaucoup plus facile puisqu'il se fait au portant ou au travers.

Petit matin Gibraltar juin 2024

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