Une baleine fait un pari stupide avec le Coyote

Quand une baleine fait un pari stupide

Quand une baleine fait le pari de passer entre la quille et le safran du Coyote sans rien toucher elle a de grande chance de le perdre

Notre moyenne se maintient à environ 130 miles nautiques par jour, donc avec 3000 MN à faire, la durée de la traversée prévue est de 23 jours. Nos nuits sont calmes, réveils aléatoires pour vérifier que rien ne bouge à l'horizon et pour admirer les étoiles et la lune. Le manque ou le peu de vent est beaucoup plus difficile à gérer qu'un vent fort et régulier. Nous finissons par tangoner le génois pour maintenir les voiles sans leur donner d'à-coups mortels.
Durant le jour, nous voyons quelques oiseaux et même la nuit et ce, même en milieu de traversée à plus de 1500 miles nautiques de la terre ferme. Nous avons eu I’ occasion de voir un groupe d'une cinquantaine de gros dauphins à notre sixième jour de traversée, sublime le spectacle qu'ils nous donnent, sauts et virevoltes où nous les voyons complètement hors de l'eau. Ils sont immenses et ne s'approchent pas trop du bateau comme les petits dauphins qui viennent jouer dans l'étrave.
Nous ne savions pas notre chance que justement ils se tiennent a l’écart . Le dix-neuvième jour de la traversée, soit le 18 mai au matin, nous étions tous les deux dans le cockpit à profiter de la mer, du soleil lorsqu'une secousse énorme à ébranler le bateau. Le bateau fait un "boum", ensuite un «crack". Le voilier perd son cap, la barre à roue devient folle. Rapidement nous réduisons les voiles, nous rangeons tout ce qui peut entraver nos manœuvres d'urgence. Nous savons que le voilier ne répond plus, mais cela provient de quoi ? Une minute plus tard, nous voyons flotter à l'arrière une partie de notre safran (les 2 tiers environ). Nous craignons que la partie restante suive prochainement ce qui laisserait le bateau sans possibilité de le manœuvrer. Raymond vérifie les dégâts, plonge dans les coffres pour vérifier la mèche de safran, le tube de jaumière et découvre un peu plus tard que le vérin du pilote automatique est brisé en deux lui aussi ,donc le choc a été d’une extrême violence
En mettant le moteur en marche, nous nous rendons compte aussi que I’ hélice en a pris un coup car des vibrations énormes se font sentir, donc le moteur est inutilisable pour les manœuvres. Notre pire crainte demeure un voie d'eau, heureusement après une inspection minutieuse pas d'eau dans les cales, nous sommes sauvés nous continuerons de flotter.
Nous voyons dans I’ eau derrière nous une grande mare de sang brunâtre

Raymond enlève les morceaux du pilote automatique qui nuisent à la maniabilité du bateau et nous constatons que le safran restant nous permet, plus difficilement, mais nous permet qu'en même de maintenir le cap.
Raymond plonge pour bien ébarber le reste du safran pour pas qu’il se délamine malgré que le Coyote monte et descend a chaque vague.

Première conséquence, nous devons est ce, continuellement être à la barre. Nous sommes chanceux dans notre malchance il ne nous reste que 465 miles nautiques à faire, donc environ quatre jours de navigation, pour atteindre les Marquises. Deuxième chance positive, lors de notre panne de moteur aux Galápagos, Raymond s'était procuré des pièces détachées et entre autres un vieux pilote automatique sans moteur dont ils manquaient des morceaux. Sa première tâche fut de faire un nouveau pilote avec les deux que nous avions. Le hic, c'est qu'ils ne sont pas du même modèle et plusieurs ajustements sont à faire tout en ne sachant pas jusqu'à la toute fin si le vieux pilote est en état de fonctionner. Vingt-quatre heures plus tard, nous nous croisons les doigts, envoyons une prière à Neptune pour que cela marche...et cela marche, ouf ! quel soulagement surtout pour Danièle car aux Galápagos en sautant les marches du moteur qui était en réparation elle c’est fait une déchirure a l’épaule.
L'installation du pilote est temporaire mais tiendra jusqu'aux Marquises et même jusqu’a Papeete .
Pour les autres avaries, nous aurons à vivre avec et les réparer une fois arrivés à terre .
Après I’ impact, d'autres dauphins sont venus près du bateau et nous ont suivi pendant plusieurs minutes. C'est comme s'ils voulaient se rendre compte de ce qu’il s'était produit. Nous n'étions pas rassurés...pourraient-ils se venger, nous attaquer ? Ce ne sont pas de petites bestioles, ils font jusqu'à 4mètres de long et pèse dans les 3500 kilos. Ils étaient cinq ou six autour du bateau . Nous avons mis le moteur en route pour faire du bruit et pour leurs signifier que nous n'étions pas un cousin ni un mammifère marin. Le bruit seulement, nous savions pertinemment que nous ne pouvions fuir. Cela a suffi, ils sont enfin partis.
Nous avons heurté un globicéphale une baleine pilote ou "pilot whale" en anglais à 6 ou 7 nœuds . Celui qui est revenu le plus près du bateau après I ‘impact faisait la longueur du cockpit un bon 4 mètres et touchait presque le voilier, parfois il plongeait et nous craignions un autre choc.
Nous savions qu'il y avait une autre vacation radio dans la soirée avec un autre groupe de navigateurs. Nous sommes entrés en contact avec eux pour les avertir de nos avaries et leur donner notre position. Nous étions manœuvrable, nous ne prenions pas I’ eau et le safran avait l'air de vouloir tenir le coup mais c'était une question de prudence.
Le lendemain matin, à la vacation habituelle avec le voilier Hildi (Soizic et Mathieu) nous avons pu faire des arrangements plus précis. Ils étaient partis des Galápagos deux jours après nous mais à chaque jour ils grugeaient un peu de terrain sur notre avance et ils ont un spinnaker .
Ils nous offrent de faire un point pour se croiser avant notre arrivée, ce qui permettrait de rester I’ un près de I’ autre et de pouvoir nous aider à entrer dans le mouillage si besoin est... rassurés et rassurant...De plus, nous restons en contact radio plus régulièrement pour s'assurer que tout demeure stable. Le compte à rebours est amorcé, il ne devrait rester pas plus de 36heures de navigation.
Forcément nous sommes arrivés de nuit et entré aux aurores dans la baie d’Hané a Ua-Huka .Une semaine de repos puis direction Nuku -Hiva pour réparer . Le safran est enlevé, l’hélice aussi ,le tout en apnée .Le safran sera entièrement et définitivement réparé avec le matériel du bord seul un complément de deux boites de résine serons nécessaire .L’hélice grossièrement détordue a l’aide d’une énorme clef de la fabrication a Raymond ,mais cela nous permet de manœuvrer pour prendre un mouillage ,le moteur ne supportant que mille tours .
Il faudra tout redémontrer encore en apnée a Papeete car l’arbre d’hélice est tordu et irréparable .
Nous n’avons jamais eu peur ou paniquer .Seul un arrachage complet du safran avec fuite importante au tube de jaumière aurai eu de graves conséquences et inquiéter sérieusement
Un bateau bien préparé en très bon état ,beaucoup de petits matériel pour réparer une urgence surtout une voie d’eau nous permet de faire nos traversées dans un esprit beaucoup plus tranquille et je dirait quand même être bon bricoleur ,savoir comment tout fonctionne a bord .
Pour apprendre a bricoler ,c’est simple ,tout le monde bricole ,arrêtez vous demander ce qu’il fait ,le pourquoi, la solution qu’il utilise ,les résultats et 20 ans après vous savez (presque )tout faire .
A terre le Coyote nous fait confiance pour son entretien , en mer il nous le rend bien c’est lui qui nous rassure

Danièle et Raymond sur Coyote .

L'équipage
28 oct. 2014
28 oct. 2014

Vous racontez toujours aussi bien, mais vingt Dieux, qu'est ce que vous avez comme aventures hors du commun :lavache:

28 oct. 2014

Encore une belle histoire
J'ai été content de mettre un visage sur Coyote et Danièle
www.hisse-et-oh.com[...]oiliers
(chercher le lien dans le post de Coyote)
Il y a d'autres d'histoires extraordinaires de coyote sur STW

29 oct. 2014

:pouce: :bravo:
bravo Raymond. une autre!!!!

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