Un week-end au top!

Salut à tous, ce post sera probablement un peu long mais je tiens à partager avec vous notre super expérience du week-end passé.

C’est durant l’hiver que je découvrais sur la toile les « 40mijl van Bru » : les 40 milles de Bruinisse (NL), régate en double sur le Grevelingenmeer à destination des ORC, bateaux non jaugés et multicoques. Cet évènement local allant sur sa 11ème édition, avec habituellement plus de 150 bateaux sur la ligne de départ, pour un parcours de 40 nautiques (louvoyage inclus…) tout autour de ce splendide bras de mer, dont la fermeture s’est achevée en 1971. Pas de courant, eau plate, ça nous change de la Belgian Riviera. Le lieu est si agréable, avec sa multitude d’îles, que nous décidions l’an passé d’y rester, ayant acheté le bateau à sur place.

Il faut s'inscrire tôt: les inscriptions sont limitées à 170 bateaux, et nous nous inscrivons donc début avril. Bien entendu le bateau n’est pas jaugé, nous courrons donc en « ongemeten », la classe réservée aux bateaux non mesurées (léquivalent français du HN), qui était l’an passé divisée en 6 catégories : 3 groupes par niveau de handicap avec spi, et 3 groupes sans.

Au moment de l’inscription se pose donc le premier choix tactique : courir avec ou sans spi ? Dans notre cas, une stratégie conservatrice s’impose : nous régaterons sans spi : en double, ne connaissant pas les conditions du jour J, et ma compagne encore peu expérimentée dans ce domaine (elle vient de valider son niveau 2 en embarqué aux Glénans), et avec près d’une vingtaine de marques de parcours à enrouler dans toutes les directions, nous avons sans doute 80% de chance de réussir le premier envoi. Il faudra ensuite re-préparer le spi à plusieurs reprises dans le feu de l’action, nos chances risquant de diminuer petit à petit, face à des équipages sûrement mieux rodés. Qui va piano va sano, notre seul objectif étant de prendre du plaisir et de faire le tour proprement, peu importe le classement.

Nous arrivons donc à Herkingen vendredi soir sur le coup de 20h. On chauffe le bon vieux Yanmar, en route pour Bruinisse, 30 minutes porte-à-porte en passant entre les deux îles de Mosselbank. Un havenmeester (maître de port en néerlandais) court sur le ponton visiteur et hèle les arrivants. Son collègue lui indique qu’il n’y a plus de boxes pour bateaux de 9 mètres. Pas de souci, on nous donne un box de 12 mètres. Catway. Poteaux. Royal.

On se dépêche d’aller valider notre arrivée au secrétariat de course et croisons des nuées d’armoires à glace en short Musto débarquant de porte-avions régate tous plus neufs les uns que les autres. Il y a très peu d’équipages mixtes. Nous nous regardons : sommes-nous une erreur de casting ? On verra demain matin, maintenant nous récupérons nos numéros de course et d’autre babioles, puis rejoignons le bord pour terminer la soirée au calme, étudier les 8 parcours suggérés (le définitif sera communiqué demain à l’aube) et la dizaine de pages d’instructions de course dans la langue de Vondel. Précédemment, nous avons échangé avec Camille, qui a également son bateau à Herkingen. Rendez-vous manqués, nous nous verrons demain sur l’eau.

6h, le réveil sonne. Le café nous aide à sortir de notre torpeur, et nous nous retrouvons à 6h45 pour le « palaver », ou les équipages discutent, découvrent leur classe, récupèrent leur pavillon et lors duquel les instructions de course sont commentées, avec l’annonce du parcours définitif. Il y a du monde sous le chapiteau, et a soirée de la veille semble avoir fait des dégâts. Ça sent l’écurie. Et l’ether. Nous sommes accueillis par café, thé et couques (cela nécéssite-t-il une traduction belge-français ?), et recevons un sac avec le lunch pour nous deux pour la journée : deux sandwiches au jambon, deux sandwiches au fromage, deux sandwiches sucrés, deux bananes, deux bouteilles d’eau, deux bières sans alcool (on est des sportifs de haut niveau après tout) et deux collations. Pas mal comme accueil, d’autant que la place de port du vendredi au dimanche est incluse dans le forfait de 90€ de l’inscription.

A ma grande surprise, Subversion (notre Gib’Sea 302 Plus) ne se retrouve pas dans le plus petit groupe de handicap, mais bien dans le « BRU4 », le groupe intermédiaire. Du coup nous allons batailler contre du Sun Shine 36, du Victoire 1044 (évidemment, nous sommes aux Pays-Bas), mais également contre du Bénéteau 25 et du X-79, en passant par du Bavaria 33. Ça promet d’être intéressant.

Il y a finalement 174 bateaux sept catégories : deux ORC, une multicoques et cinq non-mesurées, et sept départs seront données à l’ouest de Mosselbank, à quinze minutes d’intervalle. Sur place : trouver la ligne, analyser le plan d’eau. On jette un œil aux concurrents, ou trouve retrouve enfin Camille et son Hanse, sous pavillon vert et spi gréé. Stupeur : tous les équipages se toisent et se posent la même question, et nous comprenons dès lors que nous courrons ensemble, avec et sans spi. Avec les conditions légères qui s’annoncent sur les longs bords de portant, ça ne sera pas facile de batailler sans.

Dix-cinq-une minute…et départ vers la bouée de dégagement. 8 nœuds de vent, c’est une peu léger pour notre bateau qui apprécie la brise. On essaie de « caper » sur ce premier louvoyage, mais nous sommes dans l’obligation de privilégier la vitesse, les relances sont laborieuses et la priorité est d’aller chercher de l’air non perturbé…

Viennent ensuite de longs bords de portant. On tente de maintenir une vitesse de 3-4 nœuds et on tombe la veste. Le soleil arrive et la journée promet d’être chaude. Dans les heures qui suivent, on se retrouve sous un climat tropical, nous ne sommes plus sur le Grevelingen mais bien à St Maarten ! Ces longs bords de portant vont battre une première fois les cartes : la majorité des spis s’envole vers l’avant, nous mangeons notre pain noir, notre Subversion se retrouve avec des croiseurs de 36-42 pieds du groupe supérieur sans spi, et des bateaux du groupe inférieur avec spi (Kalik 30, Waarschip, Contest 30 etc).

Second louvoyage entre les îles de Hompelvoet et Veermansplaat, où nous croisons le parcours des groupes ORC, qui redescendent également sur Mosselbank. Nous sommes attentifs aux angles morts et aux priorités, mais rechignons parfois à faire valoir nos droits face à des ORC de 40-50 pieds qui déboulent bâbord amure, surs de leur prétendu bon droit. Casser le bateau sur un refus de tribord pour gagner une bouteille de mauvais vin mis en bouteille à Schipol ? On ne réfléchit pas longtemps, on cède, mais notre seul objectif du jour est de boucler la boucle sans grosses erreurs. So far, so good.

La veille, l’alimentation du GPS a rendu l’âme. Qu’à cela ne tienne, on a sorti la tablette, en charge continue via la prise usb de l’autoradio. A l’entame des bords de près : écran noir : loi de Murphy oblige, la radio s’éteint lorsqu’elle est en stand-by, coupant la charge de la tablette, qui s’est bien entendu déchargée à vue d’œil. Mon équipière de choc de retour des Glénans reprend jumelles, compas et carte papier. En bonne scientifique, elle nous concocte un routing aux petits oignons sur ces bords de près dans des chenaux étroits. Tout baigne.

Nous terminons notre louvoyage par des bords serrés au nord de Mosselbank, pour abattre sur l’est de l’île. Virage sur l’aile, photographes, semi-rigides et musique à fond, on monte en pression, on repart pour un long bord de largue, le vent rentre, 12-16 nœuds établis pour notre dernier louvoyage retour sur Mosselbank, et l’on sent que notre bateau approche de ses conditions rêvées, la ou les voisins commencent à jouer du chariot et rentrer du pataras, on est sur un rail vers la ligne d’arrivée et saluons définitivement les gros croiseurs du groupe supérieur. Mais où sont les verts, notre classe ? Personne de notre groupe autour de nous et nous sommes maintenant définitivement incapables d’évaluer notre classement.

Il est 16h30. La ligne d’arrivée ferme à 17h « sauf instructions de parcours raccourcis sur le canal 74 ». Nous sommes en veille depuis le matin, silence sur les ondes. On se dit que l’on n’arrivera pas à temps sur la ligne, jusqu’au moment on le comité de course annonce que la ligne restera ouverte une heure de plus. C’est bon, ça va le faire, on abat et contourne Mosselbank une seconde fois, on redescend sur Bruinisse pour aller enfin chercher la ligne d’arrivée. 17h29, on coupe la ligne, heureux et satisfaits par notre travail sans bavure.
On affale, direction Bruinisse. En cours de route, deux jeunes filles en semi-rigide nous approchent avec une surprise : deux bières et deux hamburgers...C’est vrai il est déjà 17h30, et aux Pays-Bas, il est l’heure de passer à table !

Retour dans notre box tropézien sous le cagnard, on range le bateau et nous dépêchons de remettre notre déclaration de course, avant de filer prendre une douche et retrouver des amis près du chapiteau pour l’apéro, mais également pour un buffet royal (toujours inclus dans le forfait), digne d’un club de vacances haut de gamme.

L’heure tourne, la nuit tombe, la tension monte et les esprits s’échauffent, le comité de course retarde d’heure en heure les résultats : discussions chez les ORC…pendant ce temps, débriefing avec Camille et son équipier autour de quelques bières bataves bienvenues.

Finalement, c’est l’heure, et l’on débute avec quelques prix sympas : meilleur équipage mixte élu via Facebook, prix du mérite pour un papa seul sur un Trimaran F31 avec spi avec trois enfants en bas âge…en ce qui nous concerne, nous terminerons 21èmes sur 27. On l’a fait, nous sommes heureux peu importe le classement. Nous apprendrons le lendemain que le comité de course a oublié d’appliquer les coefficients à l’ensemble des bateaux (ça n’est pas une blague…), les résultats corrigés en compensé seront donc communiqué cette fin de semaine, mais nous n’attendons pas de grosse surprise, car les écarts sont importants sur l’ensemble de la flotte et dans notre catégorie. Wait and see.

On a appris pas mal de choses et nous reviendrons, c’est certain, d’autant que ma compagne me demande si on pourrait trouver un évènement équivalent à faire durant l’été ! Maintenant c’est l’heure de faire la fête avec un groupe live qui est aussi bon que la bière est mauvaise. C’est la grosse ambiance ce soir à Bruinisse, mais rigueur néerlandaise oblige : extinction des feux à 1h. Tout le monde au lit, nous devons quitter le port à 12h au plus tard le lendemain.

En guise de conclusion : ça a été pour nous une expérience magnifique : le rapport qualité/logistique/prix/amusement est imbattable, le cadre est superbe.
Si un départ de près de 180 bateaux sur l’eau peut paraître impressionnant, tout s’est finalement déroulé sans stress, il faut simplement rester très attentif à chaque instant. Ça se croise dans tous les sens, nous sommes tous deux à bord et ne comptons à aucun moment sur le fait d’avoir été vu par un bateau qui nous croise.

Enfin, entre les gros ORC et les non jaugés habitués des régates il y a aussi finalement pas mal de croiseurs qui veulent juste (bien) faire le tour et profiter de cette super journée.
Je conseille à tous les locaux qui veulent passer un bon moment de s’y essayer, car c’est une expérience absolument top !

(Merci Camille pour les photos)

L'équipage
31 mai 2018
31 mai 2018

Tu a du voir M'Enfin, il y a aussi participé.

31 mai 2018

Salut Dica, oui quand je parle de Camille, je parle de M'Enfin...

31 mai 2018

:bravo: :bravo: :bravo:

Aaah quel plaisir un récit sympa avec des MOTS... bien écrit et compréhensible.

Merci pour le partage et félicitations à l'équipière débutante à la règle Cras.

;-)

31 mai 2018

:pouce: :bravo:

Merci pour ce beau récit, on s'y croirait !

31 mai 2018

Merci pour vos retours, j'avais vraiment envie de faire vivre au mieux cette belle expérience...par contre j'ai eu beau me relire, je trouve toujours des fautes d'orthographe et je n'ai pas la possibilité de modifier mon post, désolé...

31 mai 2018

T'inquiète... tu es largement au dessus de la moyenne par les temps qui courent !
:-p

31 mai 2018

Merci pour ce partage. Ca donne envie d’aller croiser par la haut.

01 juin 201801 juin 2018

Ah c’est dommage qu’il n’y ai pas eu un post prévoyant l’escapade, j’aurais bien fait un coucou ( ou bien je l’ai raté, le post)

J’ai un pote français à bxl depuis 15 ans qui écrit cooke, l’effort est là (ou bien il se fout de ma gueule ??)

Merci pour le partage

01 juin 2018

Hello Pacha, et bien oui c'est dommage, car j'avais il y a quelques mois posté un message pour proposer un visu à cette occasion, ça avait généré zéro réponse :-)

01 juin 2018

Doublement dommage alors ;)

04 juin 2018

Pour ma part, deux petits bémols: les bateaux avec et sans spi courraient ensemble, avec une handicap en fonction, mais les longs bords de portants rendaient notre tâche (sans spi) laborieuse. D'autre part, le parcours (voir screenshot) coupait largement le balisage latéral et des hauts fonds à plusieurs endroits...résultat:les bateaux à fort tirant d'eau, déjà pénalisés par un handicap plus lourd, devaient contourner ces zones, et les petits tirant d'eau passaient à travers tout...

05 juin 2018

Merci pour ce récit fourni bien sympathique !
:pouce: :bravo:

07 juin 2018

Voilà la petite vidéo de notre départ!

Feu sur l'épi Dellon, à l'est de l'ancien Lazaret à Sète

Phare du monde

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Feu sur l'épi Dellon, à l'est de l'ancien Lazaret à Sète

2022