Rencontre du premier type...

Météo chaude et ensoleillée, ce matin-là, sur la baie de Perros. Eh, oui, il a fait beau début août en Bretagne Nord, n'en déplaise à tout le reste du monde. Peu de vent (mais en juillet on a été servis !), mer belle, bonne météo pour une matinée d'initiation à la manœuvre, j'emmène donc ma fille de 10 ans tirer quelques bords, histoire de comprendre d'où vient le vent et où va le bateau.

Las ! le vent tombe complètement, et la sortie du chenal se fait en se laissant porter par un gentil petit courant qui nous balade pas très loin de la côte, entre Legonet, les Moucles et le Kern, des cailloux que j'évite en temps normal...

A bord l'atmosphère est animée : je filme avec mon appareil photo quelques plans de Mathilde à la barre, histoire qu'elle frime avec ses copines à la rentrée. On s'amuse bien dans la pétole !

Mon regard accroche alors, à une petite centaine de mètres du bateau, deux ou trois triangles brillants qui émergent et disparaissent ensemble. En même temps que mon cerveau endormi analyse sans identifier exactement ce que mes yeux voient, j'entend ce bruit de matelas pneummatique qui se dégonfle brusquement, assez caractéristique : un souffle de mammifère marin ! "des dauphins !". Mathilde regarde partout : "où ? où ça ?" "là ! " je lui montre la passe entre le Kern (immergé à cette heure-là) et Legonet : à nouveau ces trois, non, quatre, cinq ! nageoires dorsales, assez grande. Une tête ronde devant, un dos gris.

Vite, un petit coup de moteur (HB) pour se rapprocher, mais pas trop. Deux expériences précédentes dans la région m'ont montré l'extrême méfiance des bêtes du coin, qui ne se laissent pas approcher. Je coupe le sifflet du Honda à mi-chemin entre la côte et Legonet, un gros cailloux à un peu moins d'1/2 mille de la côte. On doit être sur les Moucles, mais à cette heure-ci, avec mon tirant d'eau et le calme plat, si je touche ce sera vraiment pas de chance. On se laisse à nouveau dériver, les animaux émergent assez régulièrement à moins de cent mètres de nous. Comme on est seuls sur l'eau, ils sont tranquilles, et semblent chasser paresseusement. Je ne vois pas ce qu'ils pourraient faire d'autre dans ce coin, entre deux plages, où ils ont toutes les chances d'être dérangés... C'est pourquoi, à bord, nous ne bougeons plus, nous chuchotons en les regardant, je prends quelques images, et j'éteint même le sondeur, ça doit les emmerder, les ultrasons...

Bien nous en prend : j'en vois tout à coup trois qui se séparent du reste du groupe et se dirige droit vers nous ! A trente mètres, l'un d'eux fait un écart, et vient carrément tourner autour du bateau. Il passe juste sous l'étrave, à moins d'un mètre d'une Mathilde penchée sur le balcon avant et émerveillée.

Ce ne sont pas des dauphins : pas de bec. 2 mètres environ, ventre gris clairs, dos gris-marron foncé. Il tourne une fois, le corps légèrement sur le côté, comme pour mieux nous voir (nous surveiller ?...)

Puis ils décident qu'ils en ont assez vu, et prennent la direction du large, toujours tranquilles.

Ce sont donc bien des marsouins communs (Phocoena phocoena), reconnaissables surtout au bruit de leur souffle, très sonore, comme l'indique le site www.cetace.info[...]tos.php . La rencontre n'a somme toute rien d'exceptionnel (j'en ai croisé à plusieurs reprises, ainsi que des grands dauphins) dans la région, mais jamais si près du bord, et ils ont toujours soigneusement évité la rencontre). Ma mère m'a toujours dit que quand elle était petite (juste après la guerre), elle en voyait très régulièrement depuis le bord, mais moi je n'en avait jamais vus de si près et si curieux, aussi près de la côte, entre deux plages surfréquentées, à quelques encablures du chenal de la rade...

J'ai fait quelques vues (vidéos)avec mon appareil numérique, mais j'ai quand même privilégié l'observation à l'oeil nu... la photo ci-jointe en est extraite, mais je les ai mieux vu que ça...

Y a-t-il de plus en plus de ces bêtes-là sur nos côtes ? faites-vous vous aussi de plus en plus d'observations de ce type ? si près des côtes ?

Si oui, ça change du catastrophisme permanent dont on nous rebat les oreilles...