Réglementation maritime et service publique

Sur un fil très proche (abus de réglement) s"est développé un débat intérressant sur la réglementation, l'Etat, la Puissance publique limitant et garantissant les libertés individuelles.
A la lecture des contributions, il semble qu'on ait affaire à une double opération: nouvelle couche de réglementation tatillonne se superposant aux anciennes d'une part, supression, fermeture, de services publiques d'autre part.
Voici dans le domaine maritime, une illustration de cette tendance: j'ai entendu des rumeurs de fermeture à terme (2010 ?) de feux qui ne seraient plus indispensables le jour - la nuit- où les navigateurs seraient munis de GPS, rendus obligatoires. [ma source est un employé de la DDE,service phares et balises du Finistère]
Avez vous des informations sur les origines de ces rumeurs?
Sur quoi s'appuient-elles ?
Quel crédit leur apporter ?
Alan

L'équipage
24 juil. 2003
24 juil. 2003

Oui

Mais il ne s'agit pas d'une rumeur, mais d'un projet parfaitement réel. Le remplacement des feux par des radio-balises.

A +

24 juil. 2003

logique,(hélas?)

techniquement et budgétairement, c'est logique, quand l'Europe aura son systeme GPS (Galiléo) ou qu'un accord mondial sur le GPS américain sera effectif.
Un ou deux gps a bord permettent un point sans confusion bien meilleur que les grands phares.
On peut argumenter sur les risque d'emploi du gps (moi le premier) mais on oublie aussi la difficulté de reconnaitre une séquence de phare par gros temps, de voir un feu de chenal au milieu des enseignes de pizzerias, etc..

Aprés tout, depuis longtemps les tours du télégraphe Chappe ont été abandonnées quand le téléphone électrique Edison a été au point...

Mais sentimentalement c'est dommage.

24 juil. 2003

espérons

que ce n'est pas demain "la vieille", elle est pas bonne celle là !!!

25 juil. 2003

Va peut être falloir se mettre à la page ...

Ouais, plus de phares, plus de balises, plus de veille sur canal 16, pourquoi pas , mais même avec deux GPS, je me sentirai plus seul, à la merçi de la foudre, d'une panne électrique générale, d'une inondation, et même dans mon BIB à poil, le phare de Chassiron ou de la Coubre, je le reconnais. Quand je passe devant le sémaphore du Cap Ferret, je sais qu'un homme me regarde aux jumelles, et il m'arrive même de l'appler par gsm pour lui demander son avis sur la passe nord du bassin, avant d'y pointer mon museau, mais je suis d'accord, les phares et bouées ( lorsqu'ils marchent) c'est pas parfait, et j'ai à deux reprises été victime d'une enseigne verte de pharmacie, c'est la pire des choses ( une fois à NOUMEA et une fois à PAUILLAC), et à PAUILLAC avec 5 noeuds de courant, et en laissant tirer par cette putain d'enseigne de pharmacie, j'ai failli aller au tas. Un jour un marin va lui péter son enseigne sur le port, et il comprendra pas pourquoi ...

25 juil. 2003

La France n'est pas le monde!

Peut-être, dans quelques années, éteindra-t-on nos phares, bouées et balises qui font amha partie intégrante du charme des navigations nocturnes.
Alors vive les 2 GPS?
Hé, pas si vite!

Je me souviens d'une nav' en Sardaigne où un équipier possédant son propre GPS le faisait fonctionner dans le cockpitt, tandis qu'un fixe opérait en bas. Résultat: 1/8 ème de NM (ou plus de 200 m) d'écart entre les deux! En mer ce n'est rien, mais pour atterrir dans le brouillard ou l'obscurité sans lune, cela peut poser problème.
Donc, GPS ou phare, la décision finale (attendre ou y aller) appartiendra toujours au skipper et c'est bien ainsi.

Et puis, il y a les pays du tiers monde...
La majorité des côtes fréquentées par nos hardis circumnavigateurs.
Je crois que, pour leurs pêcheurs et caboteurs, pauvrement équipés en électronique, ces pays là maintiendront leurs feux encore quelque temps.
Quand ils fonctionnent, il est vrai, ce qui n'est pas toujours le cas, malgré des réels efforts, les pratiques locaux se prenant parfois eux même en charge.

25 juil. 2003

Règlementations

On n'en est qu'au début, même si l'origine en remonte à Louis XIV : les pondeurs de règlements, de plus en plus instruits sinon intelligents se déchaînent comme jamais: il leur faut justifier leur gagne-pain. Savez-vous que le règlement européen sur les rétroviseurs de camions comporte 600 pages? Cela donne la mesure de ce qui nous attend.

En aviation ( de tourisme ) on a abandonné depuis des années la navigation à l'estime (que je pratique toujours, pour le plaisir, et puis, à 120 noeuds, l'estime de la dérive est facile) pour le VOR et le DME qu'un enfant de CM2 serait capable d'utiliser. N'empêche qu'il y a des gens (non professionnels, mais brevettés) qui s'égarent: dans ce cas, l'armée de l'air les récupère et les ramène quelque part ( puisqu'il faut toujours revenir en lieu sûr comme en navigation maritime )
Du coup, les phares ont tous été éteints, même celui, très décoratif, de la Tour Eiffel.
On pratique aussi, par sécurité des "reports" par radio.

Un peu de patience pour la plaisance, parce que l'échelle du problème est à la dimension de la grande quantité d'embarcations, mais l'informatique résoudra ce problème (c'est déja possible sur le plan de la théorie): dûement muni d'un "permis de conduire" ou d'une "licence de navigation", on signalera son départ, ses positions successives - et pas question de flâner en route sous prétexte du vent, en cas de retard par rapport à la "fourchette de navigation" il faudra démarrer un puissant moteur - son arrivée, ce qui permettra aussi de mettre à jour son "livret de skipper".
Comme cela ne peut être fait par des opérateurs humains (toujours à cause du nombre de bateaux), un ordinateur, aussi obligatoire que les 2 GPS la VHF, la centrale de navigation etc... se chargera du tout, pour notre plus grand bien, notre confort, notre sécurité ( mais je suppose qu'il y aura toujours des gens qui trouveront le moyen de se planter ) et surtout le bonheur des douaniers, gens des Affaires Maritimes et flics en tout genre qui pourront épingler à coup presque sûr tous ceux qui sortiront des normes et de leurs limites de navigation. Il n'y aura plus qu'à règler les "PV" qu'on trouvera dans sa boîte à lettres en rentrant de vacances et comptabiliser les "points" perdus!

de la "science-fiction" ? voire... , dans les années 50, on s'indignait que certains pays (je crois que c'est la république Sud-Africaine qui a commencé) limitent les zones autorisées de naviguer des bateaux de plaisance en fonction de leur longueur, et qu'on ne verrait "jamais" cela "chez nous".
Pourtant cette aberration est devenue la norme (presque ) admise aujourd'hui . Qu'un Sud-Africain justement ait traversé récemment le Pacifique, en passant par l'Australie sur un dériveur de 6m non ponté n'y change rien.

En attendant le meilleur des mondes nautiques, je vous souhaite de profiter de celui-ci tant qu'il sera possible.

25 juil. 2003

Merci Ben Laden, Merci Sarko!

Après 20 ans de bourlingues, dont 10 de boulot dans le nautisme, j'avais terminé ma dernière grande escapade en 98 avec un goût amer de ras-le-bol. Et j'avais fait autre chose. Comme revalider mon TT/PPL et passer la qualif hydro, avec même dans l'idée de m'acheter une machine volante.
Et puis, et puis...
Au nom de la lutte anti-terroristes (et accessoirement anti-drogue)on nous a imposé le plan de vol complet pour une visite à l'aéroclub voisin, comme si on faisait Roissy-JFK (en plus de toutes les mesquineries administratives que tu dénonces)
Du coup, je me suis mis à regarder à nouveau les voiliers d'un oeil concupiscent, je m'en suis racheté un au printemps, et je m'aperçois qu'à poncer, peindre, rabouter, démonter, remonter, je n'avais plus été aussi heureux depuis longtemps!

25 juil. 2003

Hors la loi, les associaux, amoureux des ciels constellés

Je ne tenais pas à relancer un débat sur GPS or not.
Seulement, à souligner que les moyens de radionavigation, même les plus modernes ne peuvent se substituer entirement à l'observation des feux. Un aveugle s'il dispose d'une imprimante en caractère Braille et d'un sytème de navigation intégré pourrait faire la route. Quel est le progrès de faire naviguer en aveugle, ceux qui perçoivent la petite fenêtre du visible ? Aucun assurément.
Certaines manoeuvres ne seraient plus envisageables comme prendre un ris tout en surveillant le gisement du phare X pour s'assurer que l'on ne dérive pas audelà du périmétre de sécurité du feux à secteur....
Mon opinion est que sans feux, il n'y a pas de navigation cotière de nuit possible, qui n'est souvent que la conséquence des aléas d'une navigation de jour: une renverse de courant mal gérée en Bretagne nord et le programme de la journée déborde sur la nuit; quelle sera la réaction d'un plaisancier moyen confronté aux mystères angoissants d'une nuit noire ? Se précipiter sur sa VHF, obligatoire, pour demander une remorque ou mouiller sur sa fameuse ancre ***** et attendre le lever du jour ?

Mais mon propos est plus général. Ce que je constate, c'est que l'on passe d'une organisation sociale issue du 19eme siécle basée sur l'entraide et la solidarité des gens de mer à une forme individuelle, egocentrique: le navigateur s'équipe, se suréquipe même alors que la Puissance publique se dégage, se déséquipe, s'en remet à l'Europe, à Galileo, à je ne sais qui ou quoi.
Le scenario est toujours le même quelque soit le service publique touché et le lecteur pourra transposer:
1- diminution des utilisateurs: Le cabotage puis la pêche périclitent; la plaisance ne compense pas (sur un fil voisin, on évoquait des moyennes de sorties de 6 jours, combien de sorties nocturnes ?)
2- augmentation des coûts: L'automatisation des feux que l'on peut considérer comme un progrès technologique pose des problèmes d'entretien du moins pour les feux en mer; en effet, l'absence de gardien permanent rend le treuillage impossible, il faut déposer un réparateur et le reprendre, soit par un jour sans houle -c'est qq fois rare-, soit par heliportage - c'est toujours cher-.
3- logique de fermeture: un bureaucrate calcule le rendement du système: nombre de photons reçus par l'ensemble des navigateurs sur le nombre des photons emis par l'ensemble des phares. Il trouve un rendement très très faible et il a raison. Il ne peut évidement pas calculer un rendement économique car les utilisateurs des feux ne sont qu'une poignée de plaisanciers irresponsables (sinon ils seraient, comme tout le monde, dans leurs lits sur le plancher des vaches) ou encore constitués d'une maigre cohorte de marins-pêcheurs que Bruxelles s'emploie à sacquer.
4- on décide l'arrêt des feux et l'on assure la promotion d'un sytème GPS, miraculeux fil d'Ariane selon ses zélateurs.
Pour finir le scenario, la Puissance publique s'aperçoit que le tout GPS est accidentogène, que l'on ne peut revenir en arrière, trop cher; il ne reste donc qu'a limiter drastiquement la navigation de nuit par une nouvelle réglementation.

Hors la loi, les associaux, amoureux des ciels constellés !
Alan

26 juil. 2003

un peu pessimiste Alan!

je crois que dans cette reflexion sur la nav du 21eme siecle, il y a encore pas mal d'inertie, de changements possibles.
La nav aero est un exemple: les gonio a 400Khz sont toujours là (les ADF) ainsi que les compas! même si tout le monde y compris les ULM a un GPS, et que c'est le VOR DME qui est le moyen primaire de nav agrée.
Il y aura toujours deux (ou plus) systémes entretenus de nav, donc les phares et feux cotiers resterons . La question se pose sur les grands phares d'aterrissages , couteux a entretenir (armen, sevenstones..)qui peuvent disparaitre progressivement.
(c'est ce que j'ai compris des reflexions des agences quand le systeme Galileo cherchait du financement)
A la vitesse ou évolue le monde maritime, on a encore du temps devant nous pour nous habituer au changement: nos radiophares de gonio sont encore là! qui a une gonio a bord aujourdhui (et s'en sert!)?

26 juil. 2003

Alan, oui, Michel bof

Coucou,

Oui Michel, rien sans doute avant 2025, et encore seulement sans doute les grands feux d'atterrissage, qui ne correspondent plus à un besoin.

Mais moi je suis toujours un peu ému, si j'ose le mot, quand je lis une intervention de la qualtité de celle d'Alan, juste avant la tienne. Un texte écrit en Français parfait, réfléchi, profond, tellement bien pensé que l'on ne pourrait y répondre pour le contredire que sur des points de détail, anecdotiques, au risque de se ridiculiser et d'être bien 'plat'.

Atypique, hélas, sur les forums, des textes comme celui-ci. Inscrit-toi, Alan, ne serais-ce que pour être tenté d'intervenir plus souvent.

Respectueusement.

27 juil. 2003

Le Gps actuel et le futur Galiléo n'ont pas été faits pour nous

Ne soyons pas nombrilistes, l'utilisation nautique du positionnement par Gps, tout comme l'éventuel développement du système Galiléo, n'ont jamais été conçus, élaborés et finançés pour une utilisation nautique professionnele ou de plaisance, pas plus que pour l'aviation civile et il a fallu Janvier 1991 et le déclenchement du golfe pour obtenir une précision satisfaisante, car jusque là, ce matériel à usage militaire envoyait un signal fortement altéré pour les abrutis dont nous faisons partie. J'ai vécu quasiment au jour le jour la métamorphose de Janvier 91. Avant on avait mis le pied le système différentiel pour améliorer le système. Moi je marchais au satnav dans le pacifique sud à cette époque... deux points par jour, parce ques satellites passaient pas assez souvent en dessus de nous.
Mais demain , si ça leur prend aux amerloques, ( qui semblent avoir une petite dent contre les bouffeurs de fromage) : Plus de GPS !!! Quant à Galiléo, je crois qu'il va falloir attendre une certain nombre d'années avant d'envoyer tout ça dans la machintosphère.Alors si on éteint les phares et on entretient de moins en moins le petit balisage, je ne pense pas que ce soit à cause du Gps, c'est plutôt que tout le monde se fout et se contrefout des petites routes nautiques, des petits coins, et à part Ouessant et son rail en France, tout le reste peut disparaitre, ça fera pas bouger 200 manifestants.La mer va devenir, somme toute, deplus en plus fréquentée en certains endroits et de plus en plus déserte partout ailleurs.

L'autre jour, avant de l'embarquer, j'ai regardé mon sextant Tamaya, et j'ai été pris d'une pensée perverse : -"Ca serait peut-être bien qu'il arrête tout le bordel" et qu'on s'y remette
tous les deux, ne serait ce que pour les hauteurs de phare ...et même s'ils sont éteints.

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