Ethique acheteur-vendeur - café philo à 2 francs

Réflexion sur notre pauvre nature humaine et le conflit permanent entre l'intérêt immédiat et souvent pécuniaire et un investissement plus durable dans une valeur beaucoup plus riche...

Cette introduction sybilline pour ce petit conte philosophique :

Depuis 2 ans et demi, je découvre (encore !) les zones d'ombres du bateau que j'ai acheté pour de grands projets...
Pour tout dire, il n'est pas un seul poste qui n'est été revu complètement du safran au davier, de la quille à la girouette (pour être honnête, le guindeau est parfait) .

Le vendeur avait omis un choc à l'avant de la quille, maquillé à la peinture, avait dû admettre l'osmose généralisée, remplacé les palans d'écoutes par des plus usagés, oublié les problèmes d'étanchéité...

Hier, démontage de la colonne de barre, et constat étrange : une des 2 drosses est réliée à la chaîne de la barre à roue par une manille...
On imagine bien l'histoire : il casse une drosse (probablement au niveau du sertissage près du secteur qui semble être le point faible), en fait refaire une de la même longueur, avec cosse et sertie, s'aperçoit qu'il fallait d'abord engager le cable dans le maillon de la chaîne, essaie de démonter le dernier, en vain, du coup place une manille...
Jusque là et à mon avis rien de bien honteux, et en tous cas rien qui diminue la solidité de l'ensemble...
Alors pourquoi le taire au moment de la vente ?

Ce conte ne s'adresse pas aux acheteurs qui vont se lever comme un seul homme pour lyncher ce naufrageur qui masque les faiblesses de son esquif

pour le vendre, au risque de mettre en péril les équipages futurs.
;-)
Non, c'est plutôt aux vendeurs qu'il s'adresse pour leur demander quel choix ils auraient fait eux-même, entre révéler une réparation (aussi solide que le montage initial) qui pouvait entacher subjectivement l'image globale du bateau (et compromettre la vente) et la transparence totale...

Là encore, la parole, la main sur le coeur, est plus facile que l'acte, et l'expérience quotidienne montre que si la tendance est aux bonnes intentions, celles-ci ont un plafond en devises européennes qui n'est pas si haut que çà...

:non:

Tout çà pour ne pas fustiger tel où tel comportement individuel, mais pour noter la dilution du moral dans une certaine nonchalance, du genre de celle qui fait inconsciemment accélérer l'automobiliste pour ne pas voir l'accidenté dans le fossé...

A mon avis (mais çà n'engage que moi) , le sourire que l'on peut avoir après une vente réussie est révélateur de la vraie valeur de la transaction :
celui qui a gagné de l'argent a un sourire de l'ordre de l'ironie; celui qui s'est fait un ami ou qui a simplement été honnête a un sourire plus puéril, plus joyeux...

Et je vous assure que l'on fait beaucoup mieux l'amour après...(c'est donc parfaitement
égoïste !)

:oups: