Mon histoire......je suis une des 3 miraculés du naufrage. J'ai eu très très peur toute la nuit mais malheureusement j'étais la seule. Un couple bien ensemble ne se rendait pas compte du danger, une amie qui dormait paisiblement car elle avait pris pas mal de médicaments étant malade, le capitaine dormait tranquillement aussi, il restait le skipper qui dormait dans le carré chez qui j'ai cherché du réconfort toute la nuit mais qui me disait de ne pas m'inquiéter que tout était normal, juste une mer agitée et que l'ancre tenait bien....malgré tout je n'arrivais pas à aller dormir tellement je paniquais. Vers 4h30 du matin j'ai envoyé un sms à mes enfants en Belgique pour voir si ils dormaient afin de consulter la météo tellement j'avais peur mais malheureusement pas de réponse. Le capitaine s'est réveillé et a tenté de me rassurer faisant confiance au skipper et m'a dit que je pouvais aller dormir, qu'il veillerait à l'ancre tous les 1/4 d'h mais qu'elle tenait bien. J'ai donc pris un somnifère vers 5h30 du matin ne sachant plus quoi faire à part avoir l'air ridicule à avoir peur. La radio météo ne fonctionnait pas et personne n'était au courant des prévisions, juste une radio avec quelqu'un qui parlait toute la nuit en espagnol mais je ne comprenais rien, le skipper me disait de ne pas m'inquiéter que ce n'était rien. J'ai donc été rejoindre ma cabine sans pour autant dormir, je voyais la lumière dans le carré et était +/- rassurée ensuite la lumière s'est éteinte et la mer avait l'air d'être plus calme quand quelques minutes plus tard j'ai entendu le skipper crier "vite allumez le moteur, on fonce sur les rochers" je l'ai trouvé allongé devant ma cabine car il venait de se faire opérer d'une hanche artificielle 1 mois plus tôt et était donc handicapé, j'ai crié pour que les deux autres hommes agissent mais il était trop tard, à peine sorti du bateau pour allumer le moteur que nous percutions les rochers. Là je savais que c'était fini....tout a été à une vitesse impressionnante, tout s'est cassé très vite, on glissait, on était au milieu des morceaux de bois, et du reste, le moteur arrivait sur nous, j'ai trouvé un gilet dans ma cabine que j'ai donné à mon amie qui partageait ma cabine, je n'en avais toujours pas....j'ai déblayé du mieux que je pouvais le bateau et jeter les coussins par dessus bord afin de pouvoir s'en servir comme bouée, l'eau était au niveau de ma taille quand j'ai foncé dans la cabine du fond où se trouvait le capitaine à qui j'ai ordonné de me donner un gilet et ensuite j'ai ordonné de sortir du bateau car les hommes voulaient qu'on reste dedans, j'ai poussé mon amie en dehors car elle était trop petite et n'osait pas sortir, ensuite j'ai pris une immense vague en voyant le tunnel de la mort et la photo de mes deux enfants qui m'a aidée et sauvée, j'ai sauté sans réfléchir en sachant que de toute façon j'allais mourir. Aujourd'hui je vais mieux, j'ai suivi une thérapie lourde pour traumatisme profond, j'ai perdu des amis, des sentiments de colère et de culpabilité refont encore surface mais j'espère un jour reprendre la mer avec des personnes compétentes !!!! Un mouillage tel qu'on l'a fait est suicidaire mais comment savoir quand on ne s'y connait pas ????
Voilà, je vous ai raconté l'histoire du naufrage du voilier avec 6 belges à bord :'(
Nathalie
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