Ya un p'tit bruit

Elle est très bonne, celle là !
Un peu plus, et elle perçait la coque 🤣

En général, les fantômes écossais arrivent après consommation des breuvages issus de leur hautes plaines...

Si un jour vous entendez "psshhhiîit", vérifiez la bombonne de lubrifiant! Vous penserez à moi!

Une nuit sans vent à revenir très lentement des Glénan vers Lorient.
Impossible de localiser le chalutier dont j'entendais le moteur.
La presse du lendemain rapporte une "rave" vers Lorient, dont les basses portaient bien loin...

Moi, un jour en rentrant au bato apres avoir ete faire des courses, j'entend une douce voix feminine dans le carre... Surprise, car je navigue seul ! Je rentre dans le carre, personne ! Je vous jure que me suis dit un instant "mon bateau parle !"...
En fait, c'etait une petite radio transistor dans un de mes sacs, dont l'interrupteur, un peu trop saillant, s'etait enclenche tout seul :-)

Ah, les bruits à bord !

Autant mon Ne Quid Nimis, construit et isolé de façon très soigneuse était une chambre sourde, autant le Westerly Konsort que j'ai maintenant est une caisse de résonnance qui amplifie des bruits qu'on aimerait plus discrets.

Les diverses musiques du gréement au mouillage en premier lieu, qui obligent chaque soir à faire le tour du pont pour exécuter une checklist de calages , sanglages et calfeutrages experts. Y'a pire punition que de faire le tour du propriétaire avant une nuit bien méritée, je vous l'accorde !

Mais voilà. Une fois la nuit tombée et l'équipage au lit, désireux de trouver le sommeil au plus vite, tout un monde de petits démons, terré dans le silence le jour comme écrasé sous l'expression continue de la vie diurne, se réveille et se met à causer brillamment.

Le pire emmerdeur sur ce pont est l'avale-tout bâbord d'écoute de génois. Il émet des claquements secs et continus d'intensité sonore constante et surtout démesurée, en rapport à la taille de l'objet. Si t'oublies de tomber complètement l'écoute sur le pont, tu as toute la nuit les yeux grands ouverts pour élaborer des modèles mathématiques sur la relation entre sa fréquence de vibration, la vitesse du vent dans l'écoute et la tension que tu as cru raisonnable de laisser sur cette dernière.

Il faut donc poser l'écoute sur le pont. Tout oubli, même caché au fond d'une marina, se paie comptant par une sortie dans le cockpit au milieu de la nuit pour la libérer du winch.

Un autre démon à bord est le capot de descente. C'est une plaque de plexiglas sur des glissières alu et en bois de teck. Lui, il couine. Ça fait 42 ans qu'il couine sur ce bateau, profitant de la souplesse du pont pour s'exprimer à chaque balancement, même insignifiant, de la coque au mouillage.

Vous vous dites : "il est nul ce mec, trop facile à régler" !
"Ben venez passer la nuit à bord, bande de grands couillons", qu'il vous répond !

Rien n'y fait. Le calage du capot en butée, la lubrification des glissières, la sainte petite cuillère prise dans un sens comme dans l'autre... Pas même le tonitruant "Mais putain de bordel de merde" au milieu de la nuit, après s'être relevé une cinquième fois pour tenter une ultime solution à la feuille de sopalin pliée en huit.

Parfois, c'est le safran lui même qui prend la relève, des fois que je ne serais pas assez bien réveillé. C'est lui qui dirige l'orchestre, je vous l'assure. Le long aiguillot en inox claque sèchement dans le femelot du bas, à chaque mouvement de l'eau sur la pelle. Il a un sacré coup de reins, le salop. J'aimerais en dire autant à mon âge !
A chaque talonnade, il secoue le tiers arrière du bateau.

Alors oui, j'ai mis en oeuvre des trésors d'ingénierie à la Mac Giver pour caler de foutu aiguillot, en l'absence de bagues en ertalon.

Coca cola est ton ami. En l'occurrence à bord, c'est plutôt une cannette de bière qui fait l'affaire. D'abord la boire. Puis faire un savant calcul de périmètre de l'aiguillot, découper soigneusement un rectangle aux bord arrondis dans l'alu de la cannette, le graisser, le replier sur lui même en forme de tube, puis l'enfiler très délicatement dans très fin interstice entre l'aiguillot et le femelot.

L'astuce fait des miracles. Silence absolu de la bête en rut, mais qui ne dure qu'un temps. Dans toute son hardeur, elle déchire le dispositif, comme un amant trop vigoureux dechirerait une capote anglaise😅

En arrivant à Maurice après 42 jours de mer depuis Darwin, en Australie, on se mets à couple d'un Sud Africain.
Le lendemain matin, le gars me dit qu'il s'est permis de venir accrocher mes drisses qui tapaient pendant la nuit.
OK, excusez moi, on dormait...
- Mais notre chien n'a rien dit?
- Ah, vous avez un chien?
Tom le chien, qui veillait la nuit au large, a du se dire que son boulot était fini et comme tout le monde à bord, avait pris un repos bien mérité.