Retour d'expérience de la balade d'Ar-men

Bonjour,
Comme promis, je vais essayer de faire une synthèse de notre voyage. Je précise que ce qui va suivre est notre ressenti personnel. Cela n'engage que nous.

Tout d'abord quelques chiffres:
23 mois de voyage, jour pour jour!
9 800 miles nautiques de sillage
831 heures de moteur
2 amis/équipiers (un pour chaque transat)

Les + :
-Le bateau: Nous n'avons rencontré aucun problème de fiabilité. Seuls certains accessoires ont connu des pannes (dessal, sonde sur le groupe électrogène, alimentation 12 volts centrale de navigation).
Contrairement aux propos négatifs de certains utilisateurs de ce forum, je considère l'Océanis 473 très fiable et capable d'emmener loin son équipage. D'ailleurs, nous avons rencontré une bonne quinzaine de ses congénères, preuve s'il en est de ses bonnes aptitudes nautiques.
Le nôtre ayant 16 ans au départ, j'ai passé pas mal de temps a en faire le tour et fiabiliser tout ce qui me semblait nécessaire. Les pièces de rechange emmenées en double n'ont pas servi, hormis les filtres pour les vidanges.
Avant notre retour en métropole, le parc batterie complet a été remplacé. La chaleur excessive des Caraïbes est leur ennemi.

Les traversées:
-Elle se sont effectuées dans la bonne humeur avec nos équipiers (Locmiquélic/Madère et les transats).
Un mot sur les équipiers: il est pour nous essentiel de partir avec des personnes connues et reconnues pour les aptitudes à la navigation et la bonne ambiance. Les nôtres cochaient toutes les cases. Merci encore à eux.
Mon épouse, par sa dextérité à nous concocter des bons petits plats, a participé grandement à cette bonne ambiance. Avec la houle, les préparations pouvaient être parfois acrobatiques. Mais quel plaisir de bien manger en mer. Encore un grand merci à elle.
La mer était constamment houleuse, parfois croisée, du coup moins confortable. 3/4 mètres sont la norme.
Beaucoup de sargasses pendant la transat aller, moins au retour. nous en avons quand même vu jusqu'aux Açores.

Les Iles:
Nous avons beaucoup apprécié des iles européennes par leur diversité, l'accueil de leurs habitants.
Dans les Caraïbes, les BVI, la Dominique ont eu notre préférence.

Les rencontres:
Au fil des mouillages, je n'hésitai pas à aller voir les bateaux arborant notre drapeau tricolore. Le fait de ne pas parler anglais a forcement restreint notre approche. Nous avons donc sympathisé avec des équipages. Ces rencontres ont conduit à des échanges très agréables, qui perdureront en métropole.

LES - :
-Les Antilles en général et la Martinique en particulier. La population n'est pas accueillante. Le racisme est omniprésent (même entre eux, ce qui est un comble...). Ils n'ont pas tourné la page de l'esclavagisme. Des revues aux caisses de supermarchés en témoignent. L'alcool, les drogues diverses font des ravages avec des comportements inappropriés.
-Certains agissements routiers font froid dans le dos. J'ai failli me faire percuter par un scooter à St Martin: il s'en ai fallu d'une fraction de seconde.
-La "musique" boum-boum dans pas mal d'iles. Cela ne les gène pas de sonoriser une baie entière toute la soirée voire toute la nuit. Impossible de dormir avec la coque du bateau qui vibre sous les basses. Insupportable !
Les autorités ferment les yeux...
Leur manque de culture est flagrant. Durant notre séjour, nous n'avons pas vu un cinéma !
Aucune station radio de musique classique, même en Martinique qui est la plus grande ile française.
-A moyen terme, les mouillages sur ancre seront interdits. Un grand programme de bouées se met en place. Le "petit" problème est que ces bouées ne sont pas entretenues ni assurées. Pendant notre séjour à l'anse à l'âne, un phénomène de grosse houle est arrivé (3,5 m relevé au houlographe de Fort de France). Plusieurs bateaux sur bouées sont partis à la côte, détruits. S'ils n'étaient pas assurés tous risques, les propriétaires ont tout perdu.
Un ami est parti avec sa bouée à Grenade. Heureusement de jour, par temps calme et ils étaient à bord. Indépendant de la sécurité, ces bouées imposées amèneront un surcoût au voyage non négligeable.
-Une mention particulièrement négative pour la capitainerie de Las Palmas sur Gran Canaria aux Canaries. Nous nous sommes fait littéralement jetés du port à cause de l'arrivée de l'ARC. Cette organisation est un vrai fléau pour des plaisanciers lambdas comme nous et impacte le plaisir de visiter ces iles à cette époque.
-La chaleur des 4 mois d'été nous a beaucoup géné. Les températures et l'hydrométrie très élevées étaient difficiles à supporter. Nous avons beaucoup souffert. Et l'eau à plus de 30° ne nous rafraichissait pas...
-L'épée de Damoclès concernant les cyclones sont compliqués à vivre. Heureusement que nous n'avions pas ét" impacté. Celui qui vient de détruire les iles du sud donne une idée de la puissance possible

Voilà en gros notre ressenti sur ce voyage. Je pourrai développer davantage mais ce serait trop long.
Ce serait à refaire? Je me contenterai des iles européennes, bien plus riches en culture et agréables à vivre. Et au train de la prolifération des sargasses, je ne suis pas sûr qu'il sera possible de traverser l'Atlantique dans quelques années avec nos bateaux.

Bonne journée à tous,
Patrice

#Voyages