Ne faites jamais ça

Article paru dans "Les Nouvelles Calédonniennes" du 12 mai 2006. Un exemple à ne pas suivre : quitter son bateau avec le moteur allumé. Heureusement il n'y a aucune victime mais c'esu d'une imprudence folle.

40 ans d'une vie coulent à Casy
Le voilier « La Dame des neiges » a été victime lundi, au mouillage de l’îlot Casy, d’un violent incendie suivi d’un naufrage. Les causes du sinistre ne sont pas encore élucidées avec précision.

Le voilier La Dame des neiges se trouvait lundi matin au mouillage, sur un corps-mort de l’hôtel de l’îlot Casy, en baie de Prony. Son skipper, Patrick Delmas, son épouse, Catherine, et sa fille, Alicia, s’apprêtaient à appareiller pour rentrer à Nouméa. Patrick a mis le moteur diesel en marche vers 9 heures, pour le faire chauffer, puis le trio est allé en annexe saluer leurs amis, Georges et Michèle Laussucq, sur un voilier voisin, Bornefesse IV.
Mais, à 9h20, de la fumée commence à s’échapper du cockpit. Patrick se précipite vers son bateau, bondit à bord, s’empare d’un extincteur et ouvre le capot moteur. En un éclair, le bateau devient un enfer. Sans doute attisé par l’appel d’air, le feu se généralise instantanément dans le cockpit et à l’ensemble du bateau. D’énormes flammes, accompagnées d’une épaisse fumée noire et d’une chaleur intense, empêchent Patrick d’intervenir efficacement.
Marc Négrélo, skipper du Casy Express, et Georges Laussucq arrivent à la rescousse avec d’autres extincteurs, mais rien n’y fait : le feu est trop puissant. Alerté, le port de Goro Nickel dépêche sur les lieux son remorqueur Cap N’Dua. Celui-ci va arroser le voilier en flammes pendant trois heures au moyen de sa lance à eau, avant de parvenir à juguler le sinistre : l’eau n’est pas très efficace contre les feux de carburant.

Chaîne de solidarité

À midi, le beau voilier avait bien triste mine : démâté et pont éventré, ce n’était plus qu’une épave. Par mesure de sécurité, elle a été déplacée vers le corps-mort le plus éloigné de la plage et de l’hôtel, au cas où le feu reprendrait, mais elle a coulé quelques heures après.
On ne connaît pas avec précision l’origine du sinistre. Il s’agit bien sûr d’un feu de gasoil, le carburant du moteur. Il peut y avoir eu une fuite de ce carburant qui ne s’enflamme pourtant pas facilement, il faut pour cela le vaporiser ou le porter à une très haute température. L’élément déclencheur peut avoir été un court-circuit électrique ou une partie du moteur anormalement chaude.
Cette fortune de mer constitue un drame pour Patrick et sa famille, car ils vivaient à bord. Ils ont donc perdu tous leurs biens en quelques minutes.
Mais la fraternité du personnel de l’hôtel de l’îlot Casy et celle des gens de mer ont marché à plein. Ils ont immédiatement été pris en charge, hébergés, ramenés à Nouméa où un ami les a installés dans son voilier et une chaîne de solidarité a organisé une collecte en leur faveur. Le bateau était assuré, et Patrick et Catherine vont rebondir, c’est sûr. Mais les souvenirs et témoignages de quarante ans de voileux sont partis en fumée…