Navigation électronique, recueil d'écueils (dont Olmeto)

Bonjour à toutes et à tous.

Vous pourrez m'avoir vu decà-delà défendre bec et ongles l'outil électronique pour la navigation mais ça n'est pas pour autant que je ne considère pas qu'il y ait de risques à l'utiliser. Je suis de ceux qui tentent de "parfaire le processus", à titre personnel, peut-être pourrions-nous le faire collectivement?

Je vous passe le chapitre de la première guerre en Irak ou de la prochaine guerre mondiale, mais dans dans ma (courte) expérience de voileux, je suis tombé au moins deux fois dans des pièges "GPS".

Je vous propose de coucher ici les incidents ou mauvaises surprises que vous avez eu et de nous dire quelle(s) conséquence(s) vous en avez tiré.

Pour me "positionner" succintement vis à vis du GPS, je suis un "pur produit Glénans", formé au compas de relèvement, de route et à pointe sèche, cartes papier et instructions nautiques, règle Cras et "ficelle d'alignements", livres des courants et calculs de marées ...

Voilà, me concernant, les deux "incidents" que j'ai vécu, sans gravité, mais l'un d'eux aurait pu l'être ...

1 - Savoir où l'on est, prévoir ce que l'on verra.

Lors d'une navigation tranquille en Manche, pendant un long bord sur une mer calme, j'avais abandonné les outils d'autrefois pour le GPS. Régulièrement (au moins une fois toutes les heures, norme Glénanaise), je faisais mon point et vérifiais ma route. Il s'avère qu'au début de mon bord, j'avais parcouru visuellement la carte papier pour m'assurer que ma quille ne ferait pas de bisoux ... La route était parfaitement libre, j'en étais certain ...

Tout d'un coup, l'un de mes équipier s'écrit: "Le sondeur, le sondeur ne marque que 7m! 6,5m! plus que 5.8m!"

Sur le coup de l'émotion - et de l'inexpérience, il faut le reconnaître, demi-tour "au frein à main", pour ressortir par où je suis rentré ... Et le sondeur redescent ...

Regardant la carte juste après, le palpitant qui palpite, ca passait évidemment. Ma route était claire et ma quille n'aurait pas fait de bisou. Simplement, je n'avais pas "enrégistré" dans ma mémoire les sondes que j'allais rencontrer ... D'où la très désagréable surprise ...

Expérience acquise: quand on navigue "à l'ancienne", on passe beaucoup de temps devant sa carte, à faire des jolies constructions, à gommer, à trouver des points remarquables, etc., si bien qu'on "imprime" beaucoup plus de choses du payage marin qui va défiler. Au GPS et si on ne prend pas assez de temps, on "pose un point" et on remonte, et on ne "connait pas sa carte", d'où les sales surprises, et ce même si on est effectivement en sécurité ... Et en nav, les surprises, surtout d'ailleurs celles du sondeur ... Bref ...

2 - Le GEO, où Dgeo a bien failli déconner sec!

Vacances en Corse, mouillage au Sud-Ouest (Comporomo?), pétole ... Nous décidons de retourner dans le Sud au moteur. C'est long, c'est ch*ant, c'est le moteur, même à 6 noeuds. Je n'ai pas de cartes de détail et ne dispose que de 50000ème (qui auraient par ailleurs largement suffit!). Alors j'utilise un petit GPS carto (Garmin 76 CSx) dans lequel j'ai toutes les cartes de détail de ma zone. D'habitude, je ne "m'enferme" pas dans les dangers, je suis plutôt du genre à passer au large, surtout à la voile d'ailleurs. Mais là, je ne sais pas ce qu'il me prend, je décide de passer entre la côte et une balise (Les Moines?). Et je ne regarde pas ma carte papier, confiant que je suis dans mon GPS.

Tout d'un coup, à une centaine de mètres du bateau apparaît une tâche claire, droit devant, affleurante, couleur lagon. Je regarde vite fait le GPS: rien! Alors je ralenti et contourne la tâche ... les tâches en fait ... Il y a bien là, devant moi, des cailloux qui auraient déchiré la coque si je n'avais pas fait de veille attentive ... Sur la carte papier, Le Grand Ecueil d'Olmeto ... Je me souviendrai toute ma vie de son nom ... Sur le GPS, regardant plus précisémment, une sonde, à peine discernable dans le fond bleu uni, à 0.2m!

En fait, le problème d'affichage venait du "zoom" du GPS, qui, une fois relativement "dézoomé", supprimait le dessin explicite du caillou pour ne mettre qu'une sonde. Quelle connerie d'informaticien!

Dit autrement, je pouvais soit me servir de mon GPS en fonction "très zoomée", qui me montrait tout mais m'empêchait de prévoir (car la carte défile alors très vite), soit en mode "dézoomé" qui alors m'empêchait à nouveau de prévoir car les dangers n'apparaissent pas aussi bien.

La bétise (la c*nnerie même!), pour le coup, c'est d'avoir changé ma route sans regarder la carte papier, qui une fois encore, est la seule solution que je connaisse pour avoir une vue d'ensemble qui soit "mémorisable" par notre cerveau. Certes, on peut "balayer" la carte au GPS mais le défilement bloque ou limite l'apprentissage et le repérage (distances, proportion, cap, etc ...)

Voilà mes deux sales expériences. Evidemment, je ne rejette toujours pas l'outil électronique, qui dans certains cas de désorganisation (ca peut toujours arriver) sont les seuls capables de vous donner un point de façon instantanée ... Par contre, j'ai définitivement imprimé qu'il faut A TOUS PRIX avoir une vision "globale" du contexte, contexte qu'il faut absolument mémoriser, et que le mieux, n'ayant pas vue de carto. électronique sur "grands écrans", est encore et toujours la carte papier ...

Suis-je le seul à avoir vécu ce type d'expérience?

L'équipage
21 oct. 2008
21 oct. 2008

chapeau
pour cette belle analyse, et une * ;-)

21 oct. 2008

Une réponse possible:
Yeoman

21 oct. 2008

Hum ! ! !
:heu:
Joël

21 oct. 2008

idem incident n°2
en juin dernier en quittant la garonne par la passe sud
mon gps portable était neuf, je testais la nav' electronique, sans avoir compris que les détails visibles dépendaient du niveau de zoom du gps : soit on voit tout mais on ne peut rien anticiper, soit on dézoom pour voir où l'on va et on ne visualise plus aucun détail
ma quille a du passé à qq centimètres du banc de sable

21 oct. 2008

C'est un vrai débat
qui va sûrement dégénérer :blabla: , mais essayons de passer avant... :-) :-)
Dans ma modeste expérience personnelle, je fais mes routes d'abord sur papier, puis sur électronique. Comme tu le dis très justement, vision globale, vision détaillée. Mais c'est plus pour la beauté de la route sur carte papier, parce que dans le détail je fais confiance surtout à la carto : premiers tracés à échelle moyenne ou grande, puis vérification de chaque mètre de parcours au zoom maximum. Indispensable pour profiter justement de l'avantage énorme de la carto : avoir le détail maximal pour toutes les zones. En fait ça n'économise pas tellement de temps, mais quelle fiabilité !
J'ai observé 1 ou 2 fois des dangers signalés par le GPS et NON par la carte papier. Dans certaines zones, il n'existe pas de carte papier à très petite échelle. Je n'ai pas (encore) observé l'inverse.
Il y a des régions (exotiques en général) où les relevés GPS sont moins fiables, il faut aussi le savoir.

Le message : utiliser la carto électronique à faible, moyen et fort grossissement. D'un coup de souris, on voit tout...

21 oct. 2008

tout s'apprend
bonjour et grand merci pour ces expériences vécues. Pour ma part je pense que tout s'apprend la navigation sur carte papier et l'utilisation de la carto électronique. Je ne peux pas parler des carto sur GPS car je n'en ai pas mais j'utilise la carto sur ordinateur et là quelle satisfaction ! zoom de tous les endroits passage d'une zone à une haute en toute fluidité etc. Enfin tous ce qu'apporte l'électronique. Mais bien évidement il faut savoir se servir et lire cette carto (comme pour le papier) si tu avais un grand routier pour sortir de Campomoro, tu n'aurais pas plus vu les cailloux .... c'est pareil avec la carto électronique si tu restes sur la carte de la méditerranée tu n'auras pas les moines ....
Pour conclure en ce qui me concerne je navigue essentiellement avec la carto électronique sur ordi. le pc est continuellement allumé lorsque je ne connais pas l'endroit, la position du bateau est en permanence affiché sur la carto. et quel soulagement et tranquilité de "voir" à tout moment où l'on se trouve.
(bien sur j'ai aussi les cartes papiers au fond du bateau)

Phare de Pulau Langkuas, Au nord ouest de l'île de Belitung en Indonésie

Phare du monde

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Phare de Pulau Langkuas, Au nord ouest de l'île de Belitung en Indonésie

2022