Et si on supprimait l'étai ?

Il me passe une idée folle (pas un projet !) par la tête, et je me connais, si je ne la partage pas afin que quelqu'un me dise «ça n'est pas une bonne idée parce que ...XYZ» elle va me trotter en tête longtemps.

L'idée qui trottait en tête au départ était de remplacer l'étai en inox par du textile (à supposer bien sûr de trouver le textile idéal). Sur ce dernier, on pourrait y trouver un classique étai creux.

Je n'ai pas deux foc à mettre dans cet étai creux. Ma deuxième voile de près pour la brise se place au niveau du bas étai, elle a sa ralingue incorporée (il n'y a donc pas de bas-étai à part), et elle est sur enrouleur profurl.

En supposant un foc avec ralingue incorporée et sur enrouleur profurl, et chaque drisse et chaque ralingue aussi résistante à la charge et très faible allongement que l'étai inox actuel, pourrait-on alors ... supprimer l'étai inox ? (pas d'étai creux du tout, pas d'étai tout court).

Au port on descend la drisse du foc jusqu'à l'étrave et on winch jusqu'à une marque qu'on se sera fait : c'est la drisse qui fait office d'étai.
En navigation c'est soit la ralingue du foc qui fait office d'étai, soit la ralingue du solent (qui est un petit peu plus en arrière). Bien sûr il ne faut pas se louper et s'assurer qu'une des deux voiles avant est hissée bien à fond avant d'affaler l'autre (évidemment).
Si on est craintif en navigation que le mousqueton de l'enrouleur casse ou que la manille textile du point de drisse casse (donc fort risque de démâtage), on peut sécuriser en se servant de la drisse non-utilisée.

Mieux que les mousquetons, pas d'étai creux, pas d'étai du tout puisque les ralingues des voiles avant ont ce rôle (j'insiste : il faut que ces ralingues soient aussi résistante que l'étai inox, et un aussi faible allongement..... comme par exemple du Dyneema SK99 extrem-stretch de chez Alpha Ropes ou l'Ocean 5000 STS de chez FSE Robline).

C'est certain que l'un d'entre vous a eu cette idée saugrenue avant moi. J'aimerai qu'on m'explique en quoi c'est une mauvaise idée. Merci beaucoup.

L'équipage
04 juin 2018
04 juin 2018

c'est bien ton truc ,mais comment tu réduis dans la brise ???
c'est un truc à prendre le mat sur la tête .
ou alors comme moi pas de gréement dormant du tout .
alain

04 juin 2018

C'est ce qu'il y a sur les dériveurs légers, la draille de foc est enfilée dans la ralingue et fait office d'étai, et la tension du gréement est donnée par la drisse de foc. Il faut un étai ou une drisse pour tenir le mât au repos.
Ne ne vois pas vraiment l'intérêt sur un plus gros bateau, la drisse de foc va être beaucoup plus chargée, et ça va augmenter la compression dans le mât.

04 juin 2018

Ca ne changerait rien à la compression dans le mât, puisque ça revient au même (pour le mât) que la tension soit dans l'étai inox, ou via la ralingue qui fait office d'étai (et la drisse).

Ca suppose par contre que si on a un étai inox Dyform 8mm réglé à 22% (22% de 6150Kg, soit 1353Kg), eh bien la ralingue (et la drisse!) doivent supporter une charge d'au moins 6765Kg (il se dit que sur le textile pour le dormant on évite d'aller au-delà de 20%) .... ça signifie donc qu'il faut du FSE Robline Ocean 5000 STS 7mm pour la ralingue et pour la drisse (qui elle serait gainée évidemment).

L'intérêt ?
Moins de poids dans les hauts, globalement moins de pièces et donc moins d'entretien ou cause de casse possible.

  • C'est mieux qu'un étai inox avec foc sur mousquetons
  • c'est mieux qu'un étai inox avec foc sur enrouleur et étai creux alu
  • c'est mieux qu'un étai inox avec foc sur étai creux type tuffluff ou unit-1 de chez Harken
  • c'est mieux qu'un étai textile avec foc sur manilles textiles
  • c'est mieux qu'un étai textile avec foc sur étai creux type tuffluff ou unit-1 de chez Harken

Ca nécessite par contre de demander au voilier de confectionner la voile avec cette super-ralingue... et un enrouleur type Nex Profurl.

04 juin 2018

Ne pourrait-on pas dire :
1 tonne de traction sur l'étai = 1 tonne de compression sur le mat ET 1 tonne à l'autre extrémité de l'étai (au niveau de l'étrave donc.... et donc le mât le ressent)

?

Je pressens qu'il y a une fois de plus une histoire de cosinus là derrière ....

05 juin 2018

Presque : si l'on considère que le mât est "articulé" à sa base et qu'il ne peut subir aucun couple, les 1T de tension à l'étai seront compensés à l'identique par les pataras (en négligeant les haubans et considérant l'absence de bastaques...). Il en résultera 2 tonnes en compression (en vérité autour de 1.7T en tenant compte d'un angle d'environ 30°).

Dans le deuxième cas tu ajoutes effectivement une charge d'une tonne le long du mât, sans pour autant décharger le pataras, donc 2.7 tonnes en compression.

04 juin 2018

"Ca ne changerait rien à la compression dans le mât, puisque ça revient au même (pour le mât) que la tension soit dans l'étai inox, ou via la ralingue qui fait office d'étai (et la drisse)."

Mauvais calcul.

1 tonne de traction sur l'étai = 1 tonne de compression sur le mat.

1 tonne de traction sur drisse = 1 tonne de traction sur l'autre brin de la drisse = 2 tonnes de compression sur le mat.

Ou alors il faut mettre un hook...

04 juin 2018

Une traction sur l'étai donne une composante de compression sur le mât égale à la traction sur l'étai multipliée par le cosinus de l'angle entre l'étai et le mât.
Le mât ne bougeant pas, la somme des forces qu'il subit est nulle. La composante horizontale de la force exercée par l'étai est compensée par la ou les composantes horizontales des efforts exercés par le pataras, les bastaques ou les haubans s'ils sont angulés vers l'arrière. Efforts dont la composante verticale contribue aussi à la compression du mât.

05 juin 2018

:pouce:
Merci Lud'eau! J'ai enfin compris l'utilité du hook... qui permet de supprimer la compression induite par la reprise de la drisse sur le taquet.

04 juin 2018

Non. Si on prend ton exemple, le mât est soumis à la tension sur la ralingue (identique à celle qu'il y aurait sur un étai) ET à la tension de la drisse qui redescend (qui vient en plus). Le réa de tête de mât encaisse environ 2 fois la tension de drisse, et la transmet au mât.

Autres points :
- il faut pouvoir ajuster la tension du tissu sur le guindant, donc ça ne peut pas être une ralingue solidaire de la voile mais plutôt une draille sur laquelle la voile peut coulisser, et il faudra monter un cunningham ou une deuxième drisse.
- l'allongement sous la charge va se faire sur une longueur double de celle d'un étai (draille plus drisse), donc deux fois plus d'allongement à section égale.
- on ajoute un enrouleur, un émerillon, la drisse de foc et son bloqueur dans les éléments critiques pour la tenue du gréement
- si quelqu'un ouvre le bloqueur de drisse par erreur le mât tombe

04 juin 2018

En effet, à la lecture de tout ça, ça confirme mon intuition sur le fait que ça ne soit pas une judicieuse idée ;-) ;-)
Merci pour ces explications claires.

04 juin 2018

L'étai étant immobile, la traction sur l'étrave est la même que celle en haut...
Ensuite, il y a en effet le cosinus qui intervient entre la traction en tète de mat et la compression engendrée verticalement.

04 juin 2018

Bonjour,
Il me semble que c'est ce qui est installé sur les IMOCA avec leurs stockeurs, c'est le profil qui prend la charge.
Jean-Charles

04 juin 2018

Sur les imoca, il y a un crochet en haut (hook pour ceux qui comprennent mal le français ;-) ), une drisse très légère juste pour monter la voile jusque’au crochet, et un palan en bas pour obtenir la bonne tension.

04 juin 2018

Il y a un vrai étai structurel sur les imocas, en général celui de J2; il est monté sur un stockeur et les autres voiles sont montées sur de simples emmagasineurs et hookées sur le mat et étarquées par en bas.

04 juin 201804 juin 2018

Bonsoir
Sur les Imoca un étai fixe est obligatoire, il est généralement consacré au J2 (foc solent à tout faire) étant fixe il est fixé au mât puis juste sous la fixation un émerillon puis un câble textile antitorsion dans le guindant puis le tambour de l'emmagasineur structurel l'ensemble est appelé "stockeur" puis un transfilage pour la fixation au pont (transfilage pour les plus modernes ou chape). Il n'y a pas de drisse..
Édit doublé dans le virage mais j'ai écris plus...!

05 juin 2018

hook (anglais) mais tu as raison de préciser. :pouce:

04 juin 2018

Je ne m y amuserais pas , un exemple en 2007 sur une transat (sens Antilles Fr ) on a pété notre étai et enrouleur gén , arrét aux açores pour réparer , on a acheter un étai a 70 euros mis en place , départ on envoie de la toile et la : surprise ! le mat ocillait , il faisait des va et vien d au moins 1m , donc avant de prendre le mat sur la tronche on affale tout et retour aux açores , l étai en question était fais de galva serti sur du bout , en fait ça faisais élastique , pourtant le vendeur nous avais assuré de la soliditée , enfin bref on a racheter un vrai étai et celui la a 700 euros et la plus de soucis ..

04 juin 2018

Le sujet concerne des textiles utilisés dans le domaine de la course au large et aussi solide (si ce n'est plus) que les haubans inox traditionnel.

04 juin 2018

A condition d'avoir les mêmes programmes d'inspection et d'entretien.

05 juin 2018

Un problème me semble être du côté des causes du rupture du textile qui va au minimum coulisser dans un réa. Une drisse de GV assez récente qui lache après s'être fait déchiqueter en peu de temps par un problème de réa, j'ai connu et je ne dois pas être le seul.
Après, on peut contrôler, éviemment, mais c'est une cause supplémentaire de problème avec des conséquences importantes.
L'étai est soumis à des causes de ruptures différentes et dont le contrôle est bien identifié (et moins fréquent).

05 juin 2018

Je l'ai fait une ou deux fois en régate dans pétole quasiment ; mon bateau est équipé d'un génois volant, pour gagner sur nos adversaires au virements (éviter s'enrouler le volant pour le faire passer devant l'était de solent) on a enlevé l'étai principal en navigation (le câble textile du génois bien étarqué, l'étai est si mou qu'il suffit d'enlever la goupille sans détendre)... Bref on était pas très à l'aise au début, ensuite on oublie un peu... et c'était sur le lac je ne le recommande pas mais des fois il faut prendre 2-3 risques..

PS: ce génois est à poste jusqu'à 7noeuds ensuite on a trop de toile

05 juin 2018

Bonjour,
Sur une coupe de l'America, les français larguaient l'étais pour faciliter le passage du tangon à l'empannage et gagner du temps.
Jean-Charles

05 juin 2018

Question, avec un etai enrouleur, peut on hisser une voile avec câble interne sur un hook et étarqué en bas avec un palan .ainsi pas besoin de grosse installation de conte etai

05 juin 2018

Nombreux sont sur se site les géotrouvetous....mais il en faut pour faire progresser la /les techniques chères à nos compétiteurs régatiers. Cogité, cogité nul doute que cela nous sera profitable...un jour!!!

Loop Head, Irlande

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