Détroit de Gibraltar, irresponsabilité et lâcheté de pécheurs marocains par 35°55.21N et 5°.50.70W

Quittant Gibraltar à la marée descendante pour couper le rail après Tarifa et tirer direct sur Lanzarote aux Canaries, nous avons été de nuit stoppé trois fois par des filets dérivants en nombre important à peine balisés par de tous petits feux, invisibles de nuit avec le clapot. Le premier a été pulvérisé par mon étrave, les flotteurs venant s'exploser sur ma coque. Nous marchions à 7,5nds. Je réalise que le plan d'eau situé de fait entre les deux lignes montantes et descendantes est infesté de ces maudits filets d'une longueur estimée à 300m environ.Ils n'ont évidemment aucune raison d'être tirés là. Le deuxième filet , vu au dernier moment malgré le projecteur de pont et un équipier à la veille à l'avant subira heureusement le même sort. Nous sommes alors dans l'impossibilité de nous diriger sereinement pour éviter les autres filets et éviter les cargos qui font route d'Est en Ouest et d'Ouest en Est. Le troisième nous sera en partie "fatal" puisque coincé entre les deux ailerons stabilisateurs sous la coque de mon trawler et le safran heureusement suspendu, nous sommes immobilisés et devons mettre à l'arrêt.Les pêcheurs marocains nous rejoignent rapidement et se tiennent à environ 20 mètres du bateau. Ils m'engueulent au motif que je n'aurais pas vu les deux ridicules petites lumières rouge et verte qui , ça ne s'invente pas, balisent le début et la fin du filet. Je leur demande de nous aider à le retirer. Les insultes anti-français pleuvent. Je m'emploie à rester calme et leur demande de nous aider à retirer le filet puisqu'ils ont ramené l'autre extrémité. Nous devons faire l'équilibriste le long de la coque et sur la plate-forme de bain pour tenter de couper ce qui peut-être coupé dans un mètre de clapot. Au bout de cinq minutes, les pécheurs marocains, laissent tomber le bout de filet qu' ils contrôlaient depuis leur grosse chaloupe et nous insultant une dernière fois, s'en vont à vivre allure nous laissant à l'arrêt, en dérive.
Une grosse demi heure après, nous réussissons à nous libérer, le bateau pèse 60 tonnes je peux envoyer de la puissance et les propulseurs hydrauliques avant et arrière mais nous craignons que le filet soit engagé autour de l'hélice. Le petit coup d'inverseur en avant est vraiment stressant et heureusement le bateau est libre. Le safran posé sur la quille longue , c'est une semelle, a fait glisser le filet derrière l'hélice.
Un peu plus de 600 miles après, avec 30 noeuds de vent et deux à trois mètres de houle à l'atterrissage nous arrivons à Lanzarote. Nous aurons croisé d'autres chalutiers marocains toujours sans AIS mais bien éclairés et faciles à éviter. Ces chaloupes qui pêchent dans le détroit nous restent en revanche en travers de la gorge et l'attitude de ces pêcheurs est inacceptable. Qu'adviendrait il d'un voilier d'une dizaine de mètres ou plus avec un safran suspendu, une ligne d'arbre et une quille profonde, et une petite famille à bord coincée entre les deux rails du détroit??
Je vais informer le MRCC et les autorités marocaines de cet état de fait inacceptable. Qu'adviendrait-il de même d'un gros dinghy transportant des migrants tentant de passer vers Tarifa et se trouvant bloqué ou chaviré par ces filets?? Il y en avait d'ailleurs un à la dérive sans personne à bord cette nuit là ( appel du MRCC Tarifa).
Mais peut-être ces pêcheurs marocains là, racaille des mers, sont-ils les cousins de ceux qui "affrètent" depuis Tanger ou ailleurs ces embarcations de malheur...??