conseils travaux sur quille Chatam en ferraille

Bonjour chers forumeux et experts en vieilles coques acier,
j'ai acquis un vieux chatam à quille semi-longue de 1980.

J'ai quelques notions et compétences générales qui me permettent d'envisager sa restauration calmement.
Néanmoins j'aimerais confronter des avis différents si vous avez l'amabilité de me donner des conseils expérimentés et sages.
Je ne compte pas surinvestir dans cette restauration mais entreprendre des réparations bien mesurées, le but étant de naviguer, avec un peu d'eau à courir si possible.

Donc ma question porte sur la semelle de quille:

Elle est plate, une grosse tole de 12 ou 15 mm à l'origine sans doute, qui suit le profil hydro de la quille.
Actuellement elle est bien attaquée par le dessous, sans perforation toutefois, mais les premiers millimètres sont tout bouffés et la surface bien irrégulière. Il reste de la matière, je l'estime à 10mm au minimum, mais c'est très irrégulier et donc difficile à préparer pour une peinture à ce stade, surtout, je me demande si c'est opportun de faire une peinture sur une surface irrégulière par rapport à l'exposition aux chocs et frottements des aspérités, qui ne manqueront pas d'être prématurément décapés, mais peut-être est-ce une peur excessive.
Le cordon de soudure qui relie la face superieure aux joues de la quille est toujours propre, et le reste de la quille est correct.
De l'intérieur, il est impossible d'inspecter la quille, il y a deux réservoirs avec une toute petite trappe chacun (12cm de diam env) que je compte vider et condamner, mais aucune trappe de visite ou d'accès au lest.
A votre avis, comment est faite la quille? Je n'ai aucun document à ce propos. Si je découpe la semelle par exemple, sur quoi je vais tomber? Du plomb fondu en place? A priori elle est en partie vide vu le volume.

J'ai vaguement l'idée de remplacer la semelle par une semelle en inox mais ça vaut peut-être pas la peine. Et sinon la doubler, mais ça me donne le souci d'imaginer ce qu'il risque de se passer entre les deux toles et du joint très irrégulier que ça va occasionner.
Autrement, comment traiter cette semelle et la protéger durablement en tenant compte des difficultés pratiques d'accès pour son entretien communes à tous les quillards? Puisque toute la peinture de coque est à refaire je pense m'orienter vers une peinture metagrip pour l'ensemble des oeuvres vives, ce serait aussi le cas pour le dessous de la semelle bien que ça pose un défi pratique à réaliser.
Actuellement en chantier j'ai à peine 15 cm de passage sous la quille qui fait 30cm au plus large et qui est posée sur deux tains... bien sûr on peut lever plus, caler mieux, creuser le sol du chantier etc. mais avant de procéder j'aimerais m'éclaircir les idées avec votre aide bienveillante, afin de trouver un bon compromis et déterminer un plan d'attaque.
Merci d'avance.

L'équipage
27 mars 2024
27 mars 2024

Bonjour,

La première question est la suivante: êtes-vous en mesure de faire les travaux de soudure vous-même ou non?

La seconde est: quelle est la durée max du chantier?

De ces deux réponses découlerons le budget et les options qui s'offrent à vous.

Concernant la semelle à proprement parler, après une remise à gris du métal le mieux serait certainement de recharger les trous à la soudure, ce qui la rendrait comme neuve si c'est bien fait.
Sinon si vous estimez/mesurez qu'il reste encore assez de matière dans le fond des cratères, vous pouvez les nettoyer très précautionneusement, les traiter à l'acide phosphorique, puis 3-4 couches de primaire époxy bicomposant, et rebouchage au mastic époxy. Ça réparera pas la structure mais protègera l'existant et redonnera un rendu lisse.

Ce qui va compter le plus est de savoir quel est l'état de la tôle à l'intérieur de la quille. Et pour ça y'a pas 36 solutions: vous pouvez tapoter avec un marteau ou un manche de tournevis pour vous faire une idée grossière de l'épaisseur de tôle et de la structure interne de la quille, mais pour savoir le seul moyen est de regarder: soit vous pouvez vider les réservoirs et voir comment c'est dedans, soit il vous faudra ouvrir une fenêtre dans le voile de quille, ou agrandir les trapes existantes.

Si vous envisagez un traitement metagrip, c'est certainement une excellente solution mais c'est très cher, je vous recommande donc de vous assurer de l'intégrité de la coque avant de mettre une fortune dans un revêtement que vous risquez de devoir découper au prochain carénage si vous découvrez une tôle à changer...

Concernant l'état de la coque, tout ce qui est accessible sera généralement sain, mais avant de m'occuper de la semelle de quille qui ne craint finalement pas grand chose, je démonterais les réservoirs, les wc et tous les aménagements en contact avec la coque, pour y traiter la rouille et changer les plaques nécessaires en préventif, avant de traiter au métagrip.

Pour le lest comme c'est probablement une construction amateur c'est un peu la boite de pandore: il peut y avoir de tout là-dedan!

On a retapé notre bateau de construction amateure de fond en comble, ça nous a pris un an et demi a plein temps, à la fin on en avait vraiment marre et on voulait flotter à nouveau, donc on a fait l'impasse sur la quille. Il y a le réservoir à go sur le quart arrière-haut, du lest sur le bas, et sur le devant un espace vide. Aucune trape d'accès, le dessus est soudé. Il y aurait certainement du boulot et on a découvert une ancienne ouverture qui avait été faite sur le côté, mais on n'a pas été plus loin et ça ne nous empêche pas de dormir. On a fait une transat retour l'an dernier, on compte en refaire une vers le brésil l'an prochain, et l'inspection de la quille n'est pas prévue car pas de risque de voie d'eau, et aucune chance qu'elle se décroche comme ça sans raison. Je me contenterais d'un bon contrôle extérieux à chaque carénage, voire d'un sondage si un jour on rencontre un voisin qui a l'appareil ;)

Après si vous êtes dans une zone à fort marnage et échouage régulier la question peut se poser...

Bon courage :)


rhinoceros:recharger les trous à la soudure:en soudant au plafond? j'ai jamais essayé mais je doute de la possibilité, avez-vous une experience de cette technique? ·le 27 mars 19:37
27 mars 2024

Le mérite précipal d'une coque en tôle d'acier est qu'on peut assez facilement intervenir dessus à un coût raisonable avec des outils faciles à utiliser: couper, changer, souder une tôle (attention à ne pas mettre le feu au bateau (vécu)). le gros soucis est la nécessité de protection des tôles pr peintures. Donc face au problème décrit il y a 4 possibilités:
Boucher les trous à l'époxy après avoir fait sauter toute rouille
Découper et remettre une tole la où c'est nécessaire.
Souder une nouvelle tôle en recouvrement de ce qui est altéré.
Virer toutes les tôles douteuses pour accéder à la structure portante et souder une nouvelle forme recouvrante à neuf.
Bien que l'inox sous la flottaison ne soit pas conseillé, pour échouer une doublante inox
en protection peut être envisagée.
La tôle formant le voile de quille peut réserver des surprises si une protection anti corrosion qui doit être bien faite à l'origine, n'a pas été correcte et si de l'eau de mer a pu mettre en relation galvanique la tôle et le plomb (si on en a utilisé) d'un lest mal isolé. Mais ce problème est beaucoup plus important avec des coques alu.


27 mars 2024

bjr
a mon avis inutile de se focaliser sur la quille de 10 ou 15mm .
il faut plutot voir ailleurs , derriere les meubles, la baille de mouillage ..etc

et pour la protection de la rouille rien ne vaudra le minium de plomb


27 mars 2024

Bonjour Ourob, bonjour Outremer,
je lis vos réponses avec intéret. Le voile de quille est à l'exterieur en état satisfaisant et le peu de visibilité que j'ai au niveau du départ de la quille (elle est fermée environ 30cm en dessous des derniers bordés) me laisse imaginer qu'il n'y a pas de désordres majeurs, je ne vois pas de piqures importantes, il était temps de traiter la coque, mais encore temps, donc vraiment je n'imagine pas de corrosion à l'intérieur. Et en effet, pas de risque apparent de perdre la quille ni de voie d'eau de ce côté, donc un traitement adapté de la semelle, comme vous le suggérez en comblant au mastic epoxy, et bien que le décapage puisse être long et inconfortable, ce n'est qu'une question d'heures.
Que pensez-vous de carrément coller au sika une semelle en inox après nettoyage parfait de la rouille, traitement acide phosphorique et peinture epoxy? En effet la quille permettrai l'échouage bien qu'il n'y ait pas de système de béquillage prévu à l'heure actuelle. Au moins contre un quai, ce qui me fait dire que s'assurer de l'immunité de la semelle serait peut-être éliminer le premier point faible de la coque face aux outrages du temps, des attaques mécaniques et de la chimie galvanique.
En réfléchissant avec vous je me sens déjà rassuré sur un certain nombre de solutions, difficiles mais simples.

Je ne suis pas soudeur de métier, je soude comme un paysan averti mais généralement fier de ses cordons de soudures (j'ai un peu de théorie, de longues heures de pratiques à réparer un peu de tout, des machines, des chassis, des capots, des charpentes, mais tout ça à terre, enfin, je n'ai pas peur, simplement il faut rester prudent et économiser le linéaire car on y passe vite beaucoup beaucoup de temps).

Après quelques calculs et comparaison entre prix des peintures et contraintes d'applications, faux frais, praticité,et à 500€ près, je crois que je serais gagnant à appliquer 5 couches de metagrip.
Mais vous vous en doutez, ce n'est pas un yacht de milliardaire et mon budget sera vite en péril.

Merci pour vos réponses et nouvelles idées ou recommandations.


rhinoceros:Des applications et des collages en pleine surface nesont pas recommandés car la couche de colle ne po-lymériserait jamais à coeur.·le 27 mars 19:33
rhinoceros:et metal nu pour le collage, donc fausse bonne idée!·le 27 mars 19:34
Calypso2:coller une bande d'inox au sika sur la quille au premier échouage un tout petit peu rude elle se decolle ...et la rouille se mettra entre les deux et sera invisible et impossible a traiter donc .. si je puis ..laisse le plat de quille tranquille ..peint le simplement ·le 27 mars 19:50
27 mars 2024

Oui, merci, les fonds sont vraiments propres, derrière les vaigrages, au niveau des passe-coques, tout va bien. Des petites cloques autour des anodes (toute oxydées) derrière lesquelles des toutes petites piqures, mais 5/10e de profondeur maxi. Ce qui me fait dire qu'il était temps mais que c'est pas pourri. La semelle de quille aura été négligée lors des carénages.


27 mars 2024

Par contre grosse lacune, j'avoue ne pas comprendre l'usage du minium ou d'un antirouille avant peinture, on passe l'epoxy dessus? Mais on ne perd pas le pouvoir d'accroche de l'epoxy?


28 mars 2024

Bonjour,

Quant aux plans une bonne solution est le Hors série Loisirs nautiques N°16 Alu, Acier, Inox.

Jette un œil ici :

www.hisse-et-oh.com[...]utiques

En pièces jointes quelques pages de ce hors série concernant la quille.
Dans mon lointain souvenir, ca ressemble bien à la fabrication de la quille du Chatam... 😊


rhinoceros:Merci beaucoup, très interessant!·le 28 mars 17:04
delices2:A tout hasard tu connais l'historique de ton Chatam ? Lieu de construction ? Nom(s) ? Etc ?·le 28 mars 18:46
28 mars 2024

tout ce que j'ai avant enquête car les cédants ne m'ont pas informé beaucoup et je ne les ai pas cuisinés, ce n'était pas les constructeurs, c'est: chantier naval ACGB Grande Bruyère dans le 14 et "amateur". Curieusement, les papiers du bateaux mentionnent année de construction 1978, mais la plaque d'homologation sur le bateau c'est 1983, la réception j'imagine.
Et autre particularité, il fait 9,50 de coque, avec un gros tableau arrière, ce qui donnerait 31 pieds et ne semble pas être une longueur des plans Caroff.
Ah oui, il est baptisé "Troubadour".
Je le trouve sympa, j'aimerais faire plein de bricolages dessus, plutot simplifier, épurer, rendre pratique, dans un esprit rustique.
Des équipements me font dire que le programme de voyage devait être idéalement extrême, mais que ça n'a pas eu lieu. Haubannage surdimensionné (je pense supprimer une paire de bas haubans, le mat fait 11m et il y a plus de haubans que sur les 12m de toute la marina, une bulle de timonerie en plexi comme sur Joshua, etc.)


delices2:Merci pour ces infos, il n'y a pas de correspondance avec celui que j'ai connu·le 28 mars 23:02
28 mars 2024

Les plans du très sympathique Gilbert Caroff était fournis très détaillés, bien échantillonnés, car ils s'adressaient surtout à de petits chantiers et à de nombreux constructeurs amateurs.
Caroff, accessible et de bon conseil, les faisait un peu évolué et les réalisateurs en faisaient aussi parfois une interprétation personnelle avec des modifications dans des détails et dans la longueur hors toute par exemple. Mon DI acier s'est ainsi retrouvé avec deux moteurs, ce que Caroff n'avait jamais imaginé! Les gros probèmes des aciers de construction amateur pouvaient être surtout des protections peintures hélas insuffisantes ou mal faites.
Lire le HS LN n°16 de Caroff est indispensable.
La clientèle des bateaux Caroff de cette époque étaient tous des rêveurs de TDM. Caroff dessinait donc des VRAIS bateaux de grand voyage avec des volumes importants (pouvant être surchargés à 50% sans trop de risques majeurs pour la stabilité) (il a même dessiné de vrais bateaux pôlaires) Des plans ont été diffusés entre autre au Canada.


Cap Horn, Chili

Phare du monde

  • 4.5 (143)

Cap Horn, Chili

2022