Parasailor, mon utilisation


PARASAILOR

de Hyères à Chypre dont 119 heures sous Parasailor, du 03 Mai au 13 Juin 2013

Allures : de 70° Tbd à Bbd

Vents : de 5 à 30 Nds

Durée la plus longue à poste : 28 Heures

J'ai choisi cette voile un peu par 'coup de foudre', comme le bateau lui-même, avec seulement quelques connaissances très rudimentaires en matière de voiles, voire de leur utilisation..J'ai aussi été attiré pour son utilisation -relativement- simple, sa plage de couverture de vents (on disait qu'il pouvait subir des pointes à 30nds sans broncher), et surtout son concept avec son aile de parapente. Mon Parasailor, conçu pour la taille de mon bateau, fait 89m2 plus son aile de 13m2. En comparaison, GV et GE font chacun 33m2 et la Trinquette 15m2.

Ma traversée de Hyères à Chypre m'a fait passer par la côte Est de la Corse, le long de la Sardaigne, Sicile (escale refuge à Marsala), Malte, puis Chypre. Tout cela en 42 jours dont 20 de navigation sans escale. Sur ces 20 jours, 5 se firent uniquement sous Parasailor, soit en partie, soit, à deux reprises, 27 et 28 heures d'affilées. La météo fut Méditerranéesque, sans et avec vents généralement portant, d'Ouest (Sud-Nord), avec une ou deux exceptions (Est et Libeccio).

Installation (Mise en place)

Il se présente dans sa chaussette, elle même renfermée dans un sac de voyage. A la base de la chaussette est l’entonnoir, très large, d'où dépassent les deux points d'écoutes identifiés par les couleurs vertes et rouges de babord-tribord. La chaussette elle-même a aussi ses coutures latérales colorées rouge et vert. Cela bien sûr pour faciliter son installation. Aux points d'écoutes s'attachent .. écoutes et hâle-bas textile, ou bras (je n'ai su trouver d'autre terme pour ces bouts). Les écoutes partent des bords arrière du bateau, par l'extérieur, à la voile. Les hâle-bas partent du cockpit directement vers l'étrave où ils passent dans des poulies avant d'être fixés à la voile. Lors de la fixation de ces bouts s'assurer de quel côté la voile sera déployée de manière à faire passer écoute et hâle-bas devant le génois, du côté où sera envoyée la voile. Jusque là c'est simple : on a d'abord envoyé la chaussette, en s'assurant que celle-ci soit bien placée à l'extérieur de l'écoute du génois du côté correspondant à l'envoi, puis, son entonnoir arrimé à un taquet de l'étrave, on attache les bouts aux points d'écoute. Il est préférable d'être à 100-120° du vent, éloignant ainsi la chaussette du mât.

Journal de Bord 03 Mai, 09h00 , vent W 2Bft, vitesse 4nds: Parasailor envoyé. Galère, bouts emmêlés, oublié d'installer les poulies de renvoi des hâles-bas..

Journal de Bord 03 Mai, 20h30 : Parasailor affalé pour la nuit.

L'envoi. Une fois la mise en place terminée, et vérifié encore et encore le bon placement des bouts.. on lève la chaussette à l'aide du va-et-vient qui y est fixé. Dès le départ vers le haut de l’entonnoir, la voile commence à se gonfler. A mi-chemin, l'aile se déploie et la partie supérieure suit. Et le Parasailor vole ! En assumant que les écoutes et hâles-bas aient bien été fixés dans leur ordre, il reste à définir la longueur allouée à ceux-ci pour l'envoi de la voile. Longueurs qui seront pus tard réajustées. Si écoutes et hâles-bas sont trop courts, la voile est trop basse et trop fermée (dans le cas d'un monocoque, les hâles-bas étant retenus à l'étrave du bateau), se dévente, mais ne tombe jamais car toujours retenue vers le haut par son aile. Si les bouts (écoutes et hâles-bas) sont trop longs, la voile s'envole et oscille d'un bord à l'autre jusqu'à réglage à partir du cockpit. Dans tous les cas, la voile supporte étonnamment le 'mauvais traitement'.

Livre de Bord, 01 Juin, 10h25, vents 3bft SSW, vitesse 6nds: Parasailor envoyé. Prend du temps à rêgler.

Quant à l'affalement, si par pétole, il est simple car il suffit de descendre l'entonnoir et ainsi fermer la voile, puis la descendre sur le pont. Mais par vent fort et mer agitée, la chaussette ne 'tombe' pas directement sur le pont, étant toujours soufflée vers l'extérieur du bateau par le vent. Alors il faut l'attirer vers soi tout en la descendant. Hors de question alors d'essayer de la ranger ensuite dans son sac de voyage. Soit il faut la fixer le long des filières, soit, la faire passer par un panneau de pont directement dans la soute avant, tel qu'est conçu mon bateau. Elle sera ensuite rangée dans son sac, tranquillement, à l’abri des éléments.

Livre de Bord, 07 Juin, 00h15, vents Pétole, vitesse nulle : Parasailor n'accroche pas d'air, vascille misérablement. A l'affalement l'entonnoir de la chaussette se prend dans le radôme, après plusieurs tentatives je me prépare à grimper au mât. Une dernière tentative, la bonne..

J'écrivais plus haut qu'installation et envoi étaient 'relativement' simples, car pour un sans faute, il est préférable que les vents soient entre 5 et .. 15 nœuds et la mer plate. Ainsi on a le temps et le confort de 'travailler' à l'avant. Cela n'est pas toujours le cas.. Plus d'une fois, c'est par une mer agitée et des vents supérieurs que je l'ai monté, jouant de l'équilibre, une main pour moi, une pour le bateau et une.. pour la voile... Et à chaque envoi je me suis planté dans l'ordre des bouts ! Soit ils se croisaient, soit ils n'étaient pas entièrement passés autour de l'étai de GE, soit, pire, une écoute, non passée autour de son winch s'en est allée voler avec la voile, retenue sur ce bord uniquement par son hâle-bas. Dans tous ces cas, je n'affalai pas la voile (il eu fallu redescendre la chaussette, etc..) mais la rapprochai en ramenant les écoutes et hâles-bas, puis avec un bout de secours, faisais des nœuds de bosse (nœud de Machard, je recommande), me permettant de bloquer (en aval) le bout mal passé et le reprendre en amont. Dans le cas de l'écoute 'envolée', je rapprochai la voile en amenant son hâle-bas et récupérai l'écoute.

Lors de l'affalement, mon problème était de trouver la longueur de bout à laisser filer de manière à ce que la chaussette se referme bien sur le pont et puisse être amenée au panneau de pont. Soit mes longueurs étaient trop courtes et je ne pouvais tirer l'entonnoir vers le panneau, et alors il me fallait courir au cockpit pour donner du mou, soit elles étaient trop longues au risque de voir passer une écoute sous le bateau, voire, dans un cas dans l'hélice alors que j'utilisai le moteur pour rester au cap. Je coupai l'écoute, envoyai la chaussette dans la soute, et allai faire un tour sous le bateau pour une constatation.. Plus tard, à court d'une écoute pour le parasailor, j'utilisai une des écoute de génois.

Une fois envoyé, le Parasailor se règle comme un spinnaker normal, à savoir que ses deux points d'écoutes doivent être au même niveau. Ces réglages se font à partir du cockpit, et peuvent être très minutieux : il suffisait parfois de choquer ou étarquer d'un centimètre écoute et ou hâle-bas pour la mettre d'appoint. Par vent régulier, une fois ces réglages fait, il n'y a plus rien à faire.

Vents. L'idéal est un vent modéré et une mer plate. Par vent force 5-7... le Parasailor peut effectivement tenir des pointes à 30 nds, sur une mer très formée, à 100° du vent. Mais au prix d'une certaine tension à bord lorsque des coups de gîtes semblent dépasser les 30°.. Par contre, lors de vents faibles et instables, le Parasailor a tendance à osciller d'un bord à l'autre tout en vacillant assez pour que les hâles-bas, n'étant plus sous tension, passent sous le davier ou s’emmêlent dans les taquets de ce dernier. Et quand la voile attrape une brise et se gonfle, il faut aller à l'avant démêler le hâle-bas. Ceci ne doit pas arriver sur un catamaran, chaque hâle-bas ayant son 'étrave'.

Si j'ai décrit mes déboires avec le Parasailor, ce n'est pas une critique envers la voile. Tous sont dus à mon étourderie, aux conditions météo du moment. La voile en elle-même est parfaite pour les paresseux...Une fois installé et réglé, toutes les autres voiles affalées, le Parasailor tire et reste 'en l'air'. Il est très tolérant aux mauvais traitements (involontaires, de préférence). Mais il ne faut pas oublier que c'est une voile puissante et qu'une fois mise à poste, comme n'importe quel spi, elle ne peut être 'réduite', et qu'il est plus prudent -et facile- de l'affaler avant que le vent ne soit trop fort.

Reste à l'essayer tangoné..