Navigation mode dégradé


Il y a peu, un très bon ami m'a demandé de convoyer un voyage 10.50 de Pise à Palavas.

Il a des compétences en voiles, mais n'avait jamais fait de traversée en hauturier.

J'avais posé des questions aux copropriétaires sur le bateau, son accastillage et cela ne semblait pas insurmontable.

Nous sommes donc partis en voiture de Palavas jusqu'à pise en aout 2016. Nous devions être un équipage de 4 personnes, mon ami, son fils et un ami de mon ami. Nous avons fait un voyage agréable jusqu'à Pise.

Nous avons attendu l'arrivée du bateau au port de Pise, puis nous sommes allés manger une croute dans un petit resto sympa musique et tout....

Pas d'hôtel libre, donc dodo dans le cockpit à la belle étoile dans un duvet un peu humide au réveil...

Les copro nous ont expliqué un minimum de choses sur le PA, le moteur les voiles....

Il y avait de l'eau dans la cale dû selon les copro à un changement récent de presse-étoupe.....

Le moteur ne démarrait plus que grâce à un tournevis faisant contact sur 2 vis du démarreur directement sur le moteur.....

Il y avait un problème de faux contact au niveau de la clef....

J’avais amené avec moi ma tablette Samsung pro pour la cartographie car il n'y avait pas d'écran mais une carte papier.

J'avais pris mon matériel dont une balise qui n'existait pas sur le boat.

Il n'y avait pas de pinoche non plus.

Bref, le lendemain matin, après un plein du bateau dont la contenance du réservoir était inconnue, et avec 2 réservoirs supplémentaires, nous partîmes de Pise vers Montpellier, avec passage par le cap Corse.

Peu de vent au départ, comme prévu par la météo, moteur et de temps en temps voile....

Le fils de mon ami et son ami ont souhaité prendre un bain vers 15 heures, on arrête donc le moteur, puis un bout de 30 m est largué à l'arrière au cas où.

Je reste sur le bateau et tout le monde profite d'un bon bain apprécié.

Nous repartons et après formation à minima et discussion sur les quarts, chacun prend le quart qui lui va bien et je prends celui qui reste, avec la précision que je dors à côté de celui qui fait le quart qui doit me réveiller si le moindre doute ou problème existe.

J'ai expliqué le cap suivi, notre positon par rapport à la Corse, le PA est enclenché. J’ai expliqué comment faire un relèvement sur un bateau de nuit toutes les minutes si assez près

J’ai mis à recharger ma tablette et le chargeur faisait des couinements de temps en temps.

Une glacière (nourriture) avait également été mise en place sur la batterie ainsi que les feux de navigation.

Après un départ de Pise vers 10 heures locales, nous sommes arrivés au cap Corse vers minuit, puis après le cap corse, le vent s'est levé nous permettant d'éteindre le moteur et d'avancer au près à 5 kt. 

Le PA a commencé à faire des siennes à 2 ou 3 reprises, j'ai donc décidé de le déconnecter et de barrer à la main la barre franche.

Nous avions un compas qui nous permettait de suivre un  cap.

Vers 1 heure du matin, j'étais fatigué et je me suis endormi en demandant qu'on me réveille en cas de problème. 

Réveil vers 4 heures du matin par mon ami qui n'ayant plus de vent avait décidé de descendre les voiles, rouler le génois et remettre le moteur.

Manque de chance, cette fois-ci, le moteur décida de ne pas démarrer.

J'avais la veille enlevé 10 litres d'eau de la cale avec un fond de bouteille plastique....

Après discussion avec mon ami, essayé en vain de redémarrer le moteur, nous dûmes nous rendre à l'évidence.

Les batteries étaient déchargées.

La VHF fonctionnait encore.

Nous étions à 30 nautiques de Calvi et pour moi, il était hors de question de continuer sur Palavas sans batterie, sans feux de navigation et nous décidâmes de retourner vers Calvi à la voile.

Au début nous allions à 2 kt, puis le jour se levant, le vent forcit et nous pûmes avancer au près à 5 kt. 

L'arrivée vers Calvi fut épique, car le vent était à 20 kt avec rafales à 25 et bien sûr, nous dûmes tirer des bords pour rentrer dans la baie. 

Avant d'arriver, j'essayais de contacter le port avec la VHF, mais le peu d'essais ruina définitivement les batteries et nous pûmes contacter le port par téléphone en demandant une assistance pour rentrer dans le port, car sans moteur et sans VHF.

Nous avons attendu un bon moment, rappelé, puis au bout d'une heure un marin est venu et nous a clairement dit qu'il n'y avait pas de place et que nous ne pouvions rentre dans le port. Il était entre 15 et 16 heures.

Nous avons essayé de discuter en vain en expliquant nos problèmes et la nécessité de réparer, rien n'y fit.

Nous décidâmes donc de rentrer dans le port à la voile 20 kt de face et nous sommes allés sur le quai des ferries.

A peine arrivés, nous avons été agressés par le marin qui a parlé de couper nos amarres...

Nous sommes sortis du bateau et avons commencé à téléphoner pour trouver un mécanicien.
Mon ami a téléphoné aux copropriétaires pour leur expliquer la situation.

Avec de la chance, un mécanicien a pu venir voir le bateau et donner un diagnostic.
Entre temps, le marin et un de ses supérieurs sont venus nous agresser encore un peu, demandant pourquoi c'était si long de réparer, nous accusant de venir en pays conquis....J'ai présenté des excuses au cas où notre attitude avait pu être considérée comme une agression, mais expliquais que nous devions réparer, ne comprenant pas leur attitude.

Le mécanicien nous dit que les 2 batteries étaient mortes (1 service et 1 moteur), que l'alternateur était mort et que le démarreur était dans un état qui demander un changement.

En ce qui concerne l'eau dans la cale, cela venait d'un collier qui avait été changé et qui était trop grand, permettant à l'eau de mer de fuir lors du fonctionnement du moteur.

Devant tous ces problèmes et des délais qui m'étaient imposés, j'ai prévenu mon ami que je ne me voyais pas repartir ainsi à Palavas.

Le bateau avait été ramené dans un port, c'était selon moi aux copropriétaires de s'en occuper.

Mon ami est une belle âme et s'était engagé. Il décida donc de ramener le bateau en France en ayant changé 2 batteries et pris en plus une 3° batterie au cas où.

En fonction de la météo, je lui  ai expliqué ce qu'il pouvait faire à la voile, en partant vers 15 ou 16 heures, car le vent était encore assez fort.

Il est donc resté avec son ami et je suis parti avec son fils à l'île rousse pour un ferry vers Toulon.

Quand nous sommes arrivés, le propriétaire d'un retau nous a aidés en téléphonant pour chercher taxi et mécanicien. Il s'appelle Mous, qu'il soit remercié.....

Mon ami s'est fait "vider" du port de Calvi le lendemain Vendredi à midi et a pu rallier Fréjus en y arrivant le lendemain soir.

 

Après discussion et réflexion, les membres copropriétaires du bateau semblent avoir compris que l'entretien d'un bateau doit être sérieux, et en particulier du moteur.

Sur le fond, c'est un collier changé par un copropriétaire qui a généré des fuites d'eau salée, qui ont dû aller sur l'alternateur avec les vagues et la gîte, les batteries n'étant plus chargées, et le commutateur étant sur both, les 2 batteries se sont déchargées profondément.

Ne me parlez plus de Calvi.

Je n'avais pas imaginé qu'en cas de problèmes, un port puisse refuser un bateau pour réparations.

Surtout quand il y a de la place sur les quais des Ferries qui ne sont plus utilisés.....

Sur mon bateau, si je vois 50 cl d'eau, je me pose la question de sa provenance et je règle le problème.

Il n'y a pas eu de conséquence dramatique, mais il me semble que partir en mode dégradé sur un bateau n'est pas une bonne idée.