Ma première 'grande' nav (cap d' agde - gran canaria)


A la demande des copains de hisse et oh, voilà le récit de ma première 'grande' nav.
Pour certains d'entre vous ce parcours fera sourire, et ne mériterait même pas une ligne, mais pour moi, c'est une belle aventure que je vous livre en toute humilité, telle que je l'ai vécue.

Cap d' Agde -> Las Palmas Gran Canaria

Tout à commencé, un dimanche pluvieux vers Noël 2009.

Tiens, si l’on prenait quelques jours de vacances au chaud en louant un voilier aux Antilles.
En consultant les prix pratiqués, j’ai constaté que cette location allait me coûter le prix que je paye à l’année pour l’ Océanis 351 au Cap d’ Agde.
De là à penser qu’il ne serait pas idiot, de mettre ce voilier dans un endroit chaud l’hiver, de façon à avoir un petit pied à ‘terre’, l’idée a été rapidement validée par Falcorette, restait à trouver le lieu.

Aussitôt, j’envoie un petit MP à Tilikum pour avoir des conseils pour une place à l’année au Marin, il me répond rapidement et me met en relation avec un des ses copains sur place .
Se pose quand même la question de l’octroi de mer.
Une copine originaire du Cap Vert, nous vante les mérites de ses îles et on hésite un peu.
Je recontacte Tilikum qui me met en relation avec Serge de Las Palmas, au sujet des périodes de traversées, des possibilités de convoyage, et pour avoir un avis sur Antilles – Cap Vert – Canaries.
Pour l’instant, notre choix s’ arrête sur les Canaries, on laissera le bateau basé là quelques temps pour en profiter, puis il sera toujours temps si l’envie nous prend de repartir vers le Cap Vert, le Sénégal, les Antilles ou ailleurs.

On se met d’accord avec Serge par mail, puis téléphone pour le convoyage.
Il ne me reste plus beaucoup de congés, et j’aimerais bien en profiter sur place, mais l’envie de participer à ce voyage me titille sérieusement, et prend le dessus.
C’est décidé, je partirais avec Serge, s'il l' accepte,

Mon expérience de marin est plutôt légère :
découvert le bateau sur le tard, quelques stages en groupe ( Corse, iles Anglo normandes, Antilles), 2 locations ( Golfe d'Ajaccio, Lavandou-> Porquerolles) des navigations côtières, quelques aller-retour vers la côte Espagnole , un voyage aux Baléares avec retour solo, mais jamais plus d’une nuit d’ affilée en mer, et j’ imagine que j’apprendrais ainsi beaucoup pendant cette traversée, et y gagnerais en expérience.

Le départ est imminent, la date de renouvellement du contrat d'abonnement au port du Cap d' Agde est en Janvier,
Entre temps, carénage du bateau, anode et vidange et filtres, que je fais réaliser sur place faute de temps pour le faire moi même, ( bonjour la facture)

ma premiere grande nav

Nous échangeons régulièrement des mails avec Serge, le sujet est bien sûr : la météo,

Extrait : 21/01/2010
Bonjour Joël,
 
As tu le temps encore pour décaler tes congés d'une semaine?
Les prévisions sont plus que mauvaises et toutes sont d'accord entre elles.
Il ne faut pas prendre de risques inutiles, avec des vents de 40 noeuds prévus, cela fait 50 dans les rafales... et la mer qui vas avec.
Hier il y avais (sur les prévision) encore moyen en rasant les côtes, mais là, plus d'alternatives.
Téléphone moi quand tu as le temps pour voir si il y a une alternative (congé)
Voir les pièces jointes
 
Serge


ma premiere grande nav

Le 24 ou 25 janvier, on entrevoit une possibilité de passer le cap Creus dans quelques jours, Serge saute dans un avion, puis prend le train jusqu'à Béziers où, je le récupère mardi 26 au soir,

Mercredi et jeudi, on passe beaucoup de temps sur le parking du Mac Do local pour bénéficier du Wifi, assis dans la voiture, le PC sur les genoux à guetter au milieu des barbules une lueur d'espoir de passer,
Entre temps Falcorette, nous chouchoute sur le bateau pour que l'on ne perde pas de poids trop vite,


Bon, vendredi, ça devrait passer, réveil programmé pour 6h, départ vers 8h,
Jeudi 17h00, je sens une odeur de gasoil,
en regardant le compartiment moteur, on décèle une fuite importante sur le préfiltre à gasoil ( le joint vrillé) , intervention en urgence du ship du coin que je vais chercher et qui répare sa boulette en remplaçant le joint.

Vendredi 29/01, 43°15'

8h , c'est parti,
Falcorette nous fait signe au revoir sur le quai, et a écrit un petit mot à mon insu sur le livre de bord , que je découvrirais plus tard,
Pincement de cœur,

ma premiere grande nav

Quelques accords tacites sont passés à bord avec Serge pour que les choses soient claires entre nous,
Le tout avec tact et subtilité,
Je suis le propriétaire , mais mon rôle est celui d' équipier,
Serge est le skipper , et est responsable du navire,
Si je souhaite qu'il puisse dormir sereinement, je m'engage à le réveiller au moindre doute
( il ne sera pas déçu)


La tramontane est puissante, nous faisons une pointe à 7,9 noeuds, super ,
C'est bien parti, Passage dans la nuit du cap Creus, cap Bagur puis cap San Sebastian

Samedi 30, 41°45', on continue notre route,
Dans la nuit, on rencontre 40 noeuds au près avec de belles vagues,
Bon, c'est pas la peine de luter, avec ce bateau, ça passe pas,
Serge nous met à la cape, génois roulé, on conserve uniquement le petit bout de grand voile et barre amarrée pour lofer,
on attend dans le cockpit que ça se calme, mais il fait froid,
j'ai 7 couches sur moi,
en haut : 2sweet shirt respirants , 3 polaires, une parka, la veste de quart
en bas : caleçon respirant, pantalon en polaire, salopette
bottes , bonnets ,gants,
Je vais me reposer un moment à l'intérieur, puis j'entend le bruit du winch,
Le vent à molli ( un peu) et Serge est occupé à relancer le bateau,
Je suis un peu KO, et à ce moment, je me demande d'où il tire cette énergie !

ma premiere grande nav

Il faut que j'en profite pour vous présenter Serge, sans qui, cette aventure aurait été bien difficile pour moi.

Voilà quelques mots écrits sur mon journal de bord au sujet de Serge
Serge, costaud, cheveux blondis par le soleil et les embruns, yeux bleus, un accent Belge vite masqué quand il parle Espagnol, Anglais ou un dialecte Africain.
Doué d'un sens marin aigu, il lit les grib plus vite que son ombre.
Il observe les nuages, le vent et l'état de la mer et anticipe.


Compagnon de voyage très agréable.

En apparté, je vous glisse un petit secret, mais ça reste entre nous, ok ?

Une nuit, il faut régler les voiles, je me mélange les crayons entre les bouts de génois et de grand voile ( blanc et rouge tous les deux),
BORDEL, d'un coup blang, blang, blang, j'ai ouvert le taquet de la bosse d'enrouleur de génois, mais je ne comprend pas ce qui se passe à ce moment,
Serge m'intime de faire ce qu'il faut pour éviter que le mat descende ( avec la lampe torche entre les dents),
bon j'ai des circonstances atténuantes : pas bien réveillé,et cumul de l'accent belge et lampe dans la bouche !
Bref, il règle le problème rapidos.
Ben,.... même pas un reproche.
quelqu'un d'autre aurait dit à ce moment sous l'effet du stress et de la fatigue : ' Mais quel con, t'as failli nous faire démater, Putain , tu pourrais faire attention, bordel de merde !'
Merci, Serge



Dimanche 31/01, 40°50'
c'est toujours du près, on se rapproche de la côte pour voir si la mer est plus confortable,
Entre temps , c'est un peu stage informatique à bord,
Serge se balade toujours avec son équipement de façon a être autonome quel que soit le bateau convoyé,mutiprise allume cigare, pinces crocodiles au cas où le bateau ne serait pas équipé de façon à se prendre directement sur les batteries, PC , logiciels de nav, cartes, petit convertisseur 12v-220v, chargeur de piles, walkman...
On explore les fonctions de OPEN CPN et les différents formats de cartes,


Lundi 01/02, 39°25'
Nous avons passé les Islas Columbretes au Large de Valencia dans la nuit avec des nuages et éclairs partout autour,
C'est craignos ces cartes vectorielles, en dézoomant tel qu'on le fait pour une nav que celle ci loin des côtes, ces hauts fonds disparaissent, alors qu'avec les cartes classiques elles sont toujours représentées, ( en petit , mais présentes) danger !
La nuit tombe et les premiers cargos en route vers l' Atlantique apparaissent, nous doublons le cap San Antonio, le radar devient un allié,

ma premiere grande nav

Mardi 02/02, 38°
Passé Alicante dans la nuit précédente,
Nous passons Carthagene à la tombée de la nuit,
Les dauphins sont là dans la nuit,
On dirait des torpilles entre le blanc et le vert pâle, ils foncent vers le bateau et m' émerveillent, en jouant devant l'étrave d
Vers 22h, on distingue sur bâbord un petite lumière blanche,
Un coup d'œil au radar, près proche un gros écho ! Peut être une barque de pêche ?
Puis 2 lumières blanches, toujours l' écho au radar , très proche,
On papote toujours dans le cockpit, en ayant un œil sur ces lumières, soudainement elles s'éteignent,
Coup d'œil au radar, plus rien, Certainement un sous marin ( des manœuvres de l' OTAN étaient annoncées dans le coin sur le Navtex),

ma premiere grande nav

Mercredi 03/02, 37°40

Traversons la baie d' Almeria,
on va s' arrêter au port de Almerimar pour reprendre un peu de gasoil et voir la météo,
On se rapproche de la côte, à perte de vue des serres, les légumes qui inondent nos marchés proviennent certainement en partie de là,
Plein de gasoil, et coup d'œil sur les fichiers Gribs à la capitainerie,

ma premiere grande nav

Gros coup de ouest-sud ouest annoncé, énorme dépression sur l' atlantique, le maitre de port nous conseille vivement de s 'abriter içi en attendant que ça passe,
Serge qui lit les gribs plus vite que son ombre, a entrevu que ça pouvais passer si on longe la côte jusqu'à Gibraltar, sinon on est coincé là pour un moment,
Bon, il faut repartir au plus vite, ½ heure après , on s' éloigne tranquillement au moteur en espérant que ce coup d'ouest arrive le plus tard possible, le crépuscule s' annonce déjà,
Quelques heures plus tard, la nuit est tombée, et le vent monte, monte!
Bizare, ce n'est pas de l'Ouest mais de l' Est, enfin on va pouvoir en profiter,
Le vent nous pousse vers Malaga en direction de Gibraltar, 20,25,30,37 noeuds,
Un petit bout de génois, et roule ma poule, malgré les embardées , le pilote fait bien son boulot,
Nous passons la nuit dehors sous la pluie à contempler l'état de mer et veiller que ça ne monte pas plus,
Au lever du jour, le vent est encore vers les 30-35 noeuds et la mer bien formée,
Soudain, en quelques minutes, le vent descend à 20 noeuds , 15,10 , rien, le bateau ralenti,
On regarde l'anémomètre,
ah, super ça repart!
5, 10, 15, 20noeuds,
oh, m....., c'est dans l'autre sens, plein Ouest !
On est passé comme ça, sans transition du portant au près,
Les vagues continuent sur leur lancée vers l'Ouest, mais le vent opposé souffle les crêtes, tout devient blanc, et ça mouille bien,
Une vague plus grosse que les autres s'invite à l'intérieur et le PC de Serge prend sa retraite anticipée,
Les cartes papiers sont appréciées à bord, aujourd'hui encore plus,

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On va se rapprocher le plus possible de Gibraltar, si le vent molli on continue, sinon, on s'arrête dans un port le plus à l' Ouest possible,
Je reporte sur la carte de traversée tous les ports indiqués par le bloc marine, et on les rentre comme waypoints dans le GPS ( pas de cartes de détails disponibles),

Jeudi 4/02 , 14h, au vendredi 5/02 14 h

Port de Fuengirola
Douche chaude, Ouah le mal de terre !!!
Une bière ( 2 pour moi) et dodo,

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Vendredi 5 février, 14h00
On repart, avec quelques emplettes
2 pains frais, 2 tubes de lait concentrés, 2 tubes de ducé de leché
On se rapproche tranquillement, les cargos sont de partout,
toujours du prés 20 noeuds apparent,

ma premiere grande nav

Je vais me reposer , à mon réveil le jour va se lever
Serge nous a amené au pied du rocher de Gibraltar,
le jour se lève, on y va

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On traverse directement vers les côtes Marocaines,

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Nous longeons maintenant le Maroc.
Vent d'Ouest en face 15 noeuds, courant en face, vitesse : 5 noeuds en surface, 1 noeud sur le fond
le moteur est en route, et heureusement,
Un patrouilleur Marocain fait demi tour en nous voyant, et nous coupe la route,
Un petit contrôle à la VHF, et nous laisse continuer sans soucis,

Quelques heures plus tard, je sens une drôle d'odeur de chaud humide,
En cherchant, je trouve une durit gonflée prête à lacher vers le chauffe eau électrique,
Je ne sais pas s'il s'agit du circuit d'eau douce ou du circuit moteur, arrêt moteur immédiat,
Serge continue à tirer des bords entre la côte, les cargos au mouillage et le rail des cargos, pendant ce temps, je sors les outils et avec des morceaux de tuyaux , je pose un renfort avec des colliers , de façon à contenir cette hernie, C'est un bricolage, mais l'idée est qu'il tienne jusqu'à la sortie du détroit,

ma premiere grande nav

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A la tombée de la nuit, on met le moteur en route,
Traversée de la baie de Tanger, perpendiculaire aux Ferry qui rentrent et sortent,
On s'éloigne plein Ouest, en souhaitant gagner le large afin d'éviter les pêcheurs près de la côte,
Comme nous sommes au Maroc, on se prépare un bon COUSCOUS,
Plus tard, j'aperçois des lumières sur notre route,
dammed , plein de bateau de pêches, et on dirait des filets dérivants entre eux,
je ne les vois pas au radar, je réveille Serge qui me confirme le danger et retourne se reposer,
je les longerais jusqu'à 5h30,

Dimanche 7 février, 35 °30'

Le jour se lève, calme, peu de vent, Serge dort,
Le soleil éclaire cette magnifique houle longue et puissante de l' Atlantique que je découvre,
Je suis assis sur la table du cockpit, face au soleil qui me réchauffe progressivement, et je contemple ce spectacle,
J'en suis à me dire qu'un peu plus, et ça me tirerait des larmes des yeux,
Soudain, un dauphin bondit hors de l'eau, entre le soleil et le bateau, comme pour me souhaiter la bienvenue.
Une petite larme est sortie toute seule !

Avec ce calme de la mer et du vent, qui contraste avec les jours précédents, nous changeons notre mode de vie et d' alimentation,
Déjà, on enlève quelques couches, on fait sécher les chaussettes,
Petit déjeuner , pains perdus et confiture,
Toilette
A midi, une bonne salade avocat, tomates, thon, maïs

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On a trouvé un poisson sur le pont, mais il ne va pas nous contenter,

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Le vent s'établit ensuite vers 20 nœuds, toujours au près,

On a décidé maintenant que nous sommes en Atlantique de faire des quarts réguliers pour s' économiser,
Serge : 21h -24h
Joël : 0h – 3 h
Serge : 3h – 6h
Joël : 6h – 9h
J'ai eu le choix et j'ai préféré le lever de soleil ( merci Serge)

Vers 2h30, lors de mon quart , le pilote lâche,
Je barre jusqu'à 3h, met le bateau à la cape et réveille Serge pour son quart,
Il barre jusqu'à 5h,
vu le cap que l'on suit avec ses bords de prés, on se décide de se mettre à la cape jusqu'au lever du jour.

Comme notre carte est incomplète sur la partie nord du parcours, nous reconstituons ce qui nous manque sur papier blanc, et scotchons l'ensemble, le résultat est pas terrible, nous sommes rapprochés de notre but en 24h00 d'à peine 40 milles pour 80 milles parcourus,

Lundi 8 février, 35°
Démontage du pilote, une vis de maintien d'une roulette est cassée et s'est mise en travers, on la supprime et on essaie comme ça,
Au bout de 2h, ça retombe en panne
Courroie cassée
Serge prend la barre, moi je bricole,
Se trouve à bord une vielle courroie dont le plastique est cassé mais il reste le treillis métallique, avec du tissus de voile autocollant, je coupe des petites lanières qui vont reconstituer la matière manquante, j'en profite aussi pour réparer de la même façon la seconde,
Pour la roulette, j' extrais la vis cassée, puis en remet une autre qui casse également,
finalement je percerais plus loin avec une lame de tournevis chauffée au rouge sur la cuisinière et repose de la roulette,
On remonte le tout le soir, chouette ça marche !

ma premiere grande nav

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Voilà pour la roulette du pilote, passons maintenant à la réparation des courroies.

ma premiere grande nav

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Tant mieux, toute la nuit au près, 20, 25 noeuds, rafales à 37,
A minuit, je me lève pour mon quart, les couches , le bonnet, mais pas encore la capuche,
Vraoum, une vague me remplit, trempé je suis.

Mardi 9 février, 34°
de 8h à 14h, c'est un peu bizarre, vent fort et changeant,
ensuite plus régulier, 15 noeuds, c'est cool,
je bricole un peu pour m'occuper la nuit,
une garcette pour attacher la porte du frigo, qui ne sert plus depuis quelques jours,
des repères blancs à coller sur les touches +1, -1, que l'on confond la nuit avec les touches +10, -10,

ma premiere grande nav

Mercredi 10 février, 33°
Toujours du près,
Extrait du journal de bord :
Nuit galère, vent pas favorable, des cargos en veut tu en voilà, maintenant la bruine, c'est au tour de Serge, je suis content qu'il prenne le relais !
Pas très glorieux comme attitude, mais parfois mon moral descend (un peu), j' espérais tellement cette grande houle accompagnée de délicieux alizés.

6h , c'est mon tour, Serge a essuyé quelques grains, puis vent fort,
Je met en route le groupe d'eau pour me faire un café,
Le réservoir AV semble être vide, je soulève le coffre et passe sur réservoir AR.
Rien au robinet, je vérifie , DAMMED, de l'eau dans les fonds,
ça tombe le réservoir fuit, ou une durit est débranchée,
bon, on verra ça quand il fera jour,
Et dire qu'il y a quelques heures , on plaisantait avec Serge, en se disant qu'avec toute l'eau économisée, on prendrait une douche en mer, en arrivant à Las Palmas, lavé , rasés et parfumés,
Notre petit délire tombe à 'l' eau' :-(

Jeudi 11 février, 32°
Au lever du jour, dépose des planchers, et coffres,
Trouvé, c'est la fameuse durite rafistolée qui a lâchée
Donc , c'était une durit d'eau douce.
Ce n'était pas grave,nous avions économisé l'eau de toute façon, il nous reste 38litres en bouteilles, et 20 litres en jerrycan.
Je répare en la remplaçant avec une trouvée à bord (coup de bol), essais , OK

ma premiere grande nav

18h, c'est calme, on en profite pour transférer les bidons de gasoil dans le réservoir principal,
1h30 du matin, de nouveaux dauphins viennent jouer dans la nuit, j'entend leur souffle quand ils respirent, c'est poignant.

Vendredi 12 février, 30°50'
8h Gris, fine pluie, pétole, clap clap font les voiles
12h Décidément pas de chance, grrrr ,
puis le SW se lève, super on va faire du prés, grrrr

15h on coupe le moteur pour garder une réserve pour l' arrivée,
17h30 on voit une forme blanche qui flotte à l' horizon, on dirait un bateau retourné.
on se déroute, c'est un baleineau mort qui flotte

ma premiere grande nav

ça sent très fort, on ne s' attarde pas,
les poissons dessous et les oiseaux dessus, eux prennent leur temps.
On prend les coordonnées GPS pour signaler sa présence aux autorités compétentes dès que l'on aura un contact VHF,

Samedi 13 février, 30°
8h, Terre, on devine Lanzarotte dans cette bruine
Super, le téléphone va passer et on va pouvoir avoir nos familles pour les rassurer, et prendre la météo par les copains de Serge,

Petit coup de fil à Falcorette, puis

Serge réussi aussi à joindre ses proches,
Message : ' Grouille toi, ça craint , du Sud Ouest très fort est annoncé'
Bonjour l'ambiance!

Dès lors, on a de cesse d'optimiser notre parcours, réglages de voile incessants, pour arriver au plus vite.
Normalement c'est la dernière nuit, sauf si ça ne passe pas et qu'il faille aller se réfugier sur Lanzarotte ou Fuerteventura, grrrr
On se prépare à passer une nuit blanche, on sort un paquet de pattes pour faire le plein de sucres lents.

Elles resteront sur l' évier, pas le temps, pas le courage, ou pas l'envie ?
On a grignoté.

Dimanche 14 février
A quelques heures de l'arrivée, alors que l'on voit Puerto de la Luz ( Port de la lumière) depuis des heures, qui brille dans la nuit, le vent monte, monte, monte,
Bon sang, le coup de vent annoncé est déjà là,
Oh non, on ne va pas être obligé de faire demi tour si prêt du but,
On s' accroche quelques heures, puis le vent faibli en s' approchant du port, c'était un effet de venturi.

ma premiere grande nav

On accoste au ponton d' accueil
Les amis de Serge sont là pour nous accueillir.

En allant faire les formalités à la Capitainerie, j' ai des problèmes d' équilibre comme si j'étais blindé : le mal de terre.
A ce moment, je réalise que ce voyage est terminé. Retour à la vie normale,

Serge et sa copine Pélagie, m'invitent le soir à diner à leur bord, après une petite balade en ville.

Lundi 15 février
On déplace Ti Falcor à sa place ' définitive', et là Serge me tend la main et me dit ' Bienvenueà Las Palmas'
Comme s'il me disait , Salut copain, contrat rempli, t'es là entier, ton bateau aussi, et ces 19 jours passés ensembles sont à nous.
En tout cas, c'est comme ça que je l'ai apprécié.

Papiers définitifs à la capitainerie pour laisser là, le bateau à l' année.
Passage à une banque pour ouverture d'un compte bancaire local ( = - 10 % sur le coût du port)
Déjeuner sur Suzanne, le voilier Américain de Serge
L' AM sur internet pour trouver une solution pour rentrer en France
Le soir , balade en ville pour participer au carnaval, ambiance festive, tapas.

Mardi 16 février
Avion
Falcorette est venue me chercher à Girona Espagne ( entre Barcelone et Perpignan)
Arrivée minuit à Aix en Provence

Mercredi 17 février
8h, au boulot.