Luis correia (brésil)


“A toute chose, malheur est bon.”

Nous avons pu vérifier ce proverbe en arrivant à LUIS CORREIA, après notre avarie lors de la traversée Sénégal - Guyane.
Endroit méconnu des navigateurs en partance pour les Antilles, ce port de pêche vaut pourtant qu’on s’y arrête.
Dans ce coin oublié du Brésil, il reste encore des pêcheurs à la voile, qui partent au moins 15 jours, sans moteur ni instrument.
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Arrivés en vrac au ponton (le dernier bateau dans le même cas, c’était il y a 20 ans, tout le monde s’en souvient là-bas), nous avons trouvé des gens chaleureux, rendant service gratuitement, ce qui était loin d’être le cas au Sénégal, « donne-moi 100 francs, donne-moi ton vélo » restent encore gravés dans nos mémoires. Même les autorités, alors que ce n’était pas un port d’entrée, ont été à la hauteur.
Rapidement, nous avons trouvé un charpentier et le bois qui convenait pour refaire un safran neuf à un prix dérisoire (le bois est très peu cher et de très bonne qualité, nous sommes près de l’Amazonie), un tourneur qui a effectué les soudures nécessaires et la réparation du moteur, là aussi à des prix défiant toute concurrence.
Le problème de la langue a été vite résolu, l’espagnol nous y aidant, les dialogues faisaient en « portugnol ». Le portugais est venu après en côtoyant de plus en plus de personnes. Le brésilien n’est pas entièrement identique au portugais du Portugal.



Le ponton de la fabrique de glace »ALBATROZ »a accueilli la jonque et par la suite un voilier brésilien qui s’est mis à couple. C’est insuffisant pour plusieurs bateaux, bien qu’à partir de deux, ça fasse plusieurs. Aussi, le propriétaire de l’usine avec qui nous avons sympathisé, sous notre influence a-t-il décidé d’investir afin de pouvoir développer l’implantation d’autres pontons pouvant accueillir des bateaux de plaisance. Claude et Cathy, enfin leur ovni, ont testé le premier ponton en Mai et y ont laissé leur bateau 4 mois, bénéficiant de l’eau et de l’électricité, d’une machine à laver (3 euros la machine, lessive comprise). Pour un bateau de 12 mètres, il faut compter 15 reals, soit 4,50 euros par jour (tarif juin 2005}.
D’autres commodités sont aussi possibles, comme le plein de carburant, l’achat de gaz. Pour le ravitaillement, là non plus, aucun problème : les commerçants de Parnaiba livrent au bateau. Des minibus passent toutes les 10 minutes, pour Parnaiba, distante de 15 kilomètres.
Concernant les prix, voilà quelques exemples : le kilo de gambas est à15 reals, soit 30 FF ou 4,50 euros ; un peu moins pour le filet de bœuf qui lui est à12 reals. Le kilo d’aubergines, de courgettes, de tomates est à peu près de 1,50 reals, soit 45 centimes d’euros, et la liste n’est pas exhaustive.
Idem pour les restaurants où nous mangeons à trois pour moins de 13 euros. Les repas sont copieux et les portions sont en général pour 2, voire 3 personnes.

Un conseil pour ceux qui sont tentés de s’arrêter à LUIS CORREIA, et qui souhaitent ensuite faire une halte en Guyane, prévoir un gros avitaillement, y compris en « carne do sol », viande boucanée et séchée, car les prix en Guyane sont de 30 à 40 % plus chers qu’en métropole, ce qui met un coup au porte-monnaie en arrivant. Des copains de Kourou nous avaient donné cette précieuse info avant notre départ.
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Dans quelques mois, il est possible qu’une marina voie le jour à LUIS CORREIA, cela reste encore un projet mais nous vous tiendrons au courant de l’évolution. Dans l’immédiat, entre Fortaleza et Cayenne, il n’y a pas de port de plaisance.
L’état du Piauí est actuellement l’un des plus pauvres du Brésil,mais les richesses des paysages, les plages où l’on se baigne dans une eau à 30 degrés toute l’année, l’ouverture d’esprit et la grande richesse de cœur des habitants ne peuvent que contribuer au développement déjà en effervescence.
Un autre aspect et non des moindres est celui de l’insécurité. C’est simple, ici, elle n’existe pas. Bien qu’omniprésente dans les grandes villes comme Rio, Sao Paulo ou même Recife ou Fortaleza, ici elle n’existe pas. Nous l’avons testé à maintes reprises en sortant le soir ou à l’époque du carnaval où même Chris déambulait seul.

Détails techniques : pour atteindre le fleuve Igaraçu où se trouvent les pontons de l’ALBATROZ, il convient de rentrer avec la marée montante et de suivre la digue bâbord à une dizaine de mètres d’elle pour parer les hauts-fonds et autres bancs de sable.
Si vous arrivez de nuit, vous pouvez vous abriter en ancrant entre les deux enrochements, celui à l’extérieur (bâbord) étant signalé par un feu vert….eh oui ! Nous sommes aux Amériques.
Les pontons se trouvent 2 milles en amont du fleuve. Suivre un bateau de pêche n’est pas une mauvaise idée.


Nous avons passé 6 mois à LUIS CORREIA et, outre les renseignements que nous venons de donner, ce que nous avons vécu est une véritable histoire d’amour avec cet endroit, mais cela reste notre histoire.
La seule chose que nous pouvons dire, c’est que nous y sommes arrivés en Décembre, abattus par une très mauvaise traversée, avec l’envie de tout arrêter, et que nous en repartons grandis, plus motivés que jamais, en ayant pleinement conscience du fait que nous serions passés à côté de choses merveilleuses si nous n’étions pas passés par là.



Bien navicalement,

France, Jean luc & Christopher
AU DELA DU DELIRE