Le matériel de mouillage


De la bonne taille du puits à chaine au type d'ancre à avoir a bord, le mouillage est une discussion riche d'opinions diverses et inébranlables..

le tas de ferraille à l'avant!

le materiel de mouillagele sujet passionné!
Qui n'a pas déjà ripé dans un mouillage forain, évité du mauvais coté au changement de vent, coincé le guindeau, pété son fusible introuvable!
 
En lisant les discussions homériques des forums sur les avantages comparés de la BRUCE sur la SPADE, de la CQR sur la FOB, du mouillage marquisien sur l'empennelage! on en conclus:
 

  • que les mouillages qui ne tiennent pas sont un soucis constants en croisière!
  • que les guindeaux ont toujours des problèmes!
  • qu'on invente sans cesse des ancres "révolutionnaires" à la tenue sans comparaison avec la vôtre (au dire de leurs inventeurs)
  • que les test comparatifs des revues nautiques sont si abondants qu'on s'y perd..
  • que chacun doit se faire sa philosopie du problème, selon son bateau et ses habitudes, l'important étant de dormir tranquille au mouillage!

 
A l'étape "préparation" je ne traiterais que de ce qu'il faut à bord pour se débrouiller à peu prés partout., du bon montage d'un guindeau et d'un puits à chaine, en supposant que la place prévue dans les étape précedente ("construction et plans") est correcte. Les astuces et manoeuvres de mouillage seront plutot vues dans le chapitre "navigation". Ces articles essayent de refléter l'opinion courante des navigateurs sur le sujet (et la mienne sinon je le dirais..). N'hésitez donc pas à donner la votre sur le forum!
 
Les règlements et la vie
Oubliez les réglements: ils ne sont destinés qu'a justifier  l'inventaire minimum des loueurs, et le matériel équipant les bateaux de chantier standard.
 
Exemple: le réglement espagnol impose une chaine de longueur égale à celle du bateau, alors que les aff mar française demandent le double et que la bonne pratique est d'avoir au moins le triple!
 
Quand au poids de l'ancre, il est a revoir entièrement avec les concepts d'ancre lègères, qui tiennent trés bien..
 
Pour ètre logique, il faut d'abord bien concevoir la baille à mouillage avec le guindau et le davier, définir les ancres, chaines et filins à emporter, puis perfectionner ses manoeuvres au cours de la navigation, et bien souvent ajouter un taquet, un anneau ou une estrope au bout du monde, quand ce n'est pas le guindeau démonté dans le cockpit...
 
la baille à mouillage
Sur nos bateaux, l'avant est en général consacré à tout ce tas de ferraille:

  • les daviers et bittes diverses pour que l'ancre et la chaine passent bien et soient assurées
  • le guindeau, car on est devenu paresseux, remplacé parfois par un cabestan (ou guindeau à axe vertical)
  • Le bon mouillage principal avec son ancre, sa chaine et son bout, qui doit nous tenir en principe  par tout fond, jusqu'à force 5-6
  • le mouillage secondaire léger, pour la baignade ou pour aider le premier jusqu'à 7-8
  • les accessoires variés , orins, bouées, lest de chaine, estropes etc

Conclusion rapide: la baille à mouillage n'est jamais assez grande! et nous revenons au chapitre "construction" ! Refaire l'aménagement de la baille à mouillage, ou de son équipement, est plus facile au chantier avant le départ qu'au fond de l'océan indien..
 
Deuxième remarque: elle doit ètre parfaitement organisée et rangée, pour que les manoeuvres se fassent sans doigts écrasés, cris et engueulades
 
Troisième conclusion rapide: on ne peut pas tout y mettre, et il faut encore un coffre dans les fonds pour les mouillages et manoeuvres de "miséricorde":

  • la remorque de 100m pour les gros problèmes
  • le troisième (ou quatrième !) mouillage qui doit sauver les situations critiques
  • les réserves de chaines, aussières, etc

 
Si on est trés bien organisé, on prévoit également une réserve de chaine séparée, car la chaine à une tendance innée à s'emmèler avec tous les autres espars, au mauvais moment en général. Les petites chaines sont à stocker dans des seaux ou sacs solides  mais la grande chaine de 100m qui pèse un âne mort, doit étre dans les fonds , avec un écubier de  passage au pont, prés du mat par exemple.

la plage avant

guindeaux, écubiers, taquets, daviers et bittes...

Le guindeau ou treuil de mouillage est une mécanique ,en général électrique aujourd'hui, qui permet théoriquement de remonter le mouillage sans se fatiguer, au prix d'une consommation de batterie sérieuse..Il comporte un barbotin qui doit être adapté à la chaine (de 8 de 10 ou plus). Un tambour lisse permet aussi d'enrouler le cablot. voir: guindeau coinçé et electricité à bord
Le cabestan peut être vu comme un "guindeau à axe vertical" il ne montre que son barbotin à plat pont, le reste (mateur, boitier) est caché

Le davier est une pièce en ferraille (pour simplifier, j'appellerai ferraille tous métaux comme l'alu l'inox, sauf quand on parlera electrolyse! ..) qui permet à la chaine puis au cablot de filer à l'eau, et ensuite de tout remonter sans coincer. voir daviers à bascule.
L'écubier permet aussi de faire passer la chaine, mais par un trou de l'étrave, donc sans aucun espoir d'y passer aussi l'ancre.. Le chaumard permet de filer un cordage, jamais une chaîne. Le taquet ne sert normalement qu'à attacher un bout, une aussière ou une ligne de pêche, jamais une chaine, dont la noblesse mérite une bitte.
On noue un cordage au taquet, mais on tourne une chaine sur la bitte! (a la rigueur on peut tourner une chaine sur un taquet, mais bon..)

Comme vous avez ancres, chaines et filins à manier à l'avant, il faut donc choisir et positionner tout ça sur un petit mètre carré en triangle, en commençant par les choix importants: volume et nombre de mouillages à postes, pièce d'étrave, guindeau à bien monter. (au fait, n'oubliez pas les étais largables, tambours d'enrouleurs, qui perturbent pas mal ce bel ordonnancement ..)

quelle chaine?
Certains adeptes du "trop fort n'a jamais manqué" montent 100m de chaine de 12 sur un 10m. C'est plus un problème de déplacement et de fardage que de longueur de bateau: le but de la chaine est d'alourdir et d'amortir le mouillage, pour que l'ancre soit toujours tirée à plat. Sur des voiliers, en adoptant la chaine de 8 jusquà 6T de 10 jusqu'à 10T et de 12 jusqu'à 20T, elle ne cassera jamais. C'est la longueur de chaine qui sera à règler selon le fardage, le vent et la profondeur.
50m de chaine à bord est un minimum, 100m c'est mieux., mais ça prends un volume et un poids énorme.

La chaine calibrée est deux fois plus chère  mais permet seule d' avoir un guindeau "heureux"  . A vous de voir! personnellement j'ai de la chaine normale, et j'aide régulièrement le guindeau à se décoincer..
Quant à la chaine inox, c'est pour le port de Cannes...

guindeau ou cabestan?
Avec un cabestan, le chemin effectue par la chaine depuis le davier jusqu'au fond du puits n'est pas ''logique'' , et tout ce qui peut coincer....coince. Donc, bien que ca soit plus discret' sur le pont, un bon guindeau horizontal, bien positionné par rapport au davier, et descente directe bien verticale et assez profond, de la poupee du guindeau dans le puits, reste la solution sage et classique.

Autre problème du cabestan, le moteur et la mécanique se trouvent en général au plafond de la cabine avant, ce qui rend les intervention assez scabreuses, surtout avec l'huile!

Si on veut vraiment relever le mouillage en "presse bouton", il faut à la fois:

  • un davier à bascule
  • un chemin de chaîne parfait
  • de la chaine calibrée ou un décroche-chaine de guindeau trés bien conçu (rare!)
  • un puits assez profond pour qu'il reste 20cm entre le barbotin et le tas de chaine entierement remonté (quasi impossible sur un voilier)
  • et surtout un bon montage electrique, alternateur et  batterie

 
L'idéal c'est le guindeau dans la baille pour l'esthétique et la facilité de passage à l'étrave (et sa durée de vie), trés avancé pour voir le tas de chaine et le décoincer rapidement sans passer les bras au ras du barbotin (on ne sait jamais, si quelqu'un appuie sur la télecommande, adieu une main..) une baille trés profonde avec descente directe de la chaine sans écubier coinceur (pour pouvoir tout faire avec les bras en cas de besoin).
 
Moralité, je vais refaire à zéro le montage d'origine du sunfizz! (photo en page précédente: vieux guindeau goiot costaud mais baille pas assez profonde)

les ancres

le materiel de mouillage facile!
Le néophyte au grand voyage sera vite déconcerté en lisant les articles comparatifs divers, et les opinions contradictoires des forums nautiques.Quelques exemples (non truqués):

"J'ai une ancre Brake et j'en suis enchanté "
"la meilleure ancre, aprés pas mal d'Atlantique, c'est la CQR sans aucun doute, mais elle est chère"
"je ne fais confiance qu'aux ancres plates quand ça piaule vraiment.."
"quand la Brake à laché, seule ma Brittany m'a sauvé"
"la CQR c'est Celle Qui Ripe, je préfère avoir 3 plates pour le même prix"
"la Spade est classée première dans tous les essais, mais ils ont 6 mois de délai"

Dans ce domaine chaque opinion est surtout guidée par une expérience, souvent un coup de chien ou on a eu trés peur pour son bateau, et ou on a juré "plus jamais.." Le problème c'est que ces bouts de ferraille valent cher, et que notre beau bateau, objet de nos amours illégitimes, en dépend à 100% si on est coincé par force 9 dans une baie mal abritée..

Méfiez-vous aussi des interventions de forum "orientées" par l'importateur ou le créateur de la nouvelle ancre révolutionnaire classée première dans "practical sailor" ou "sailing world", des comparatifs sans conclusion générale utilisable du genre "la CQR de 36lbs tient beaucoup mieux en moyenne que la Danforth de 18lbs sauf sur herbier, ou le spade de 8kgs s'est montrée très supérieure malgré un mauvais comportement au raccrochage .!." (là, j'ai inventé, mais beaucoup d'articles compartifs des revues "sérieuses" ressemblent à ça!)

voici une synthèse issue de STW, par André Chassin:

Difficile d'avoir une réponse unique. çà dépend du programme. D'une façon générale, en terme de poids, les normes administratives sont un repère de base.
Quelle ancre?:

  • Dans les anciennes, jas, CQR, Britany, FOB, des centaines de tdm ont été réalisés et quand le mouillage est bien pris il y a relativement peu de dérapages.
  • Pour les nouvelles Brake, Spade, le recul me parait insuffisant.
  • La Delta semble être une ancre excellente.

Aucune ancre n'a jamais dérapé si on dépasse ses limites. Ce qui me semble important, davantage que le dérapage toujours possible dans des conditions particulières pour une ancre donnée, c'est la capacité à recrocher rapidement sous forte tension ce qui est le cas quand çà piaule dur.
Le fardage est plus important que le poids proprement dit.

Si l'on pratique beaucoup le mouillage forain, il me semble important de disposer d'au moins 3 mouillages parés avec des longueurs de ligne mixte d'une centaine de mètres pour chaque. 4 mouillages est mieux. On est pas obligé de tous les mettre dans la baille à mouillage. Je n'en ai qu'un dedans, les autres sont dans la cale au pied du mat. Il y a une vingtaine d'années, on envisageait aussi l'empennelage direct du moins pour les Britany et les FOB de l'organeau de la seconde directement sur le diamant de la première. Ceci équivaut à une ancre de poids double à "4 oreilles". Je n'ai jamais essayé.
Les essais donnent une idée mais ne correspondent jamais aux conditions réelles.
Il est bon aussi de fixer un pare battage sur chaque ligne si l'on doit abandonner provisoirement le mouillage.

Revoir les articles d'Alain Fraisse dans les Loisirs Nautiques de décembre 97 à février 98. C'est très technique, mais il pose bien le problème et remet les pendules à l'heure.

André

une autre, par Xavier Kerroux:
On lit vraiment de tout sur ce sujet, essayons de recapituler afin d'eviter qu'un neophyte demandant conseil ne se retrouve drosse sur une roche (je ne crois pas q'on puisse serieusement laisser dire qu'on peut mouiller sans chaine) :

1 - Le precepte ''trop fort n'a jamais manque'' s'applique pleinement en matiere de mouillage. Quelque soit son type de navigation, on a toujours, un jour ou l'autre, a faire face au mouillage a un fort coup de vent alors que l'anse abritee ne l'est plus du tout - en general vers les 3h. du matin...alors qu'il n'y a pas, au moins avant le jour, d'echappatoire, et que la roche est tout pres derriere...dans d'autres cas, pensons a la difference entre dormir a poings fermes et veiller toute la nuit...

2 - Si on veut comparer la tenue d'ancre legere ou lourde, parlons d'essai concret avec ancre de meme type et meme taille. Il ne sert a rien de dire ''l'ancre legere ''bidule'' tient mieux que l'ancre lourde ''machin''. Sauf erreur de ma part, l'Ovni 385 ''Aouregan'' est parti avec 1 spade acier de 20Kgs, et une autre spade alu beaucoup plus legere, mais de meme taille. Il serait fichtrement interessant d'avoir son opinion au retour.

3 - Aucune ancre ne tiendra jamais plus que quelques souffles d'air sans etre assortie d'un bon poids de chaine afin de maintenir l'angle de traction le plus horizontal possible.

4 - Le gros interet des ancres alu, a taille egale ou meme superieure, est de pouvoir les trimballer beaucoup plus facilement dans l'annexe lors d'un mouillage arriere ou d'un affourchage. Elle sera plus facile a sortir pour empenneler aussi (la legere d'abord, la lourde derriere)

5 - Autre interet, il peut etre ''payant'', a poids total egal, de mettre un peu plus de poids dans la chaine, donc moins dans l'ancre, sans reduire la taille - voire meme tout en l'augmentant - de celle ci. Voila bien l'interet des ancres alu comme le disait Jacques. Attention quand meme, dans certaines situations leurs pattes peuvent se tordre (elles peuvent se redresser aussi)- cas de la Fortress.

6 - Je suis bien d'accord pour dire que cette histoire de bout plombe est une ineptie, un gadget de marchand d'accastillage qui ne sait plus quoi inventer pour vendre de la camelote.. Si l'on mouille par mer plate juste pour l'apero, et qu'on a vraiment la flemme, quelques metres de chaine de 8 feront de toutes facons beaucoup mieux l'affaire pour un prix de loin inferieur.
xav
conclusion
En observant la technique de mouillage des plaisanciers voisins et du resultat quand ça dérape (notre occupation favorite dans les mouillages forains quand ça commence à souffler..) on constate les defauts les plus courants:
Soit

  • Le mouillage est mal fait (a la fin de l'operation, l'ancre n'est pas crochee, simplement posee).
  • La longueur de ligne filee est trop faible
  • L'ancre est sous-dimensionnee
  • Le type d'ancre est inapproprie.

Les trois premiers cas sont tellement frequents que le 4ème ( le choix de l'ancre) en devient marginal.

Il y a quand même une hiérachie qui se dessine des ancres meilleures (ou moins mauvaises) que d'autres, et ce ne sont pas forcement les plus cheres, ni les moins maniables, alors...


  • les ancres "charrue sans articulation a pointe fortement lestee" genre Spade delta Brake, se revelent meilleures en moyenne que toutes les autres dans tous les types de fonds, y compris les herbiers
  • les ancres "plates à bascule" genre FOB, Brittany, Danforth sont les meilleures sur bon fond de vase ou sable
  • les "charrue articulées" genre CQR n'ont que l'avantage de se positionner correctement même aprés avoir dérapé, et de se décrocher plus facilement des roches

les accessoires

daviers à bascule
Au guindeau ou avec les bras, la chaine et le bout remontent bien, mais pour obliger l'ancre à se remettre en place, c'est plus dur! il faut tirer verticalement ou bien l'ancre fait une voltige brutale au dernier moment. Une astuce qui a fait ses preuves,  c'est le davier à bascule. Avec deux rouleaux successifs sur une partie basculante , ça marche et peut etre réalisé soi même. Il doit étre trés robuste, car en cas difficile, le mouillage tire de travers, et tout se tord.
Un maillon spécial peut être ajouté entre chaîne et ancre, pour améliorer, mais ce n'est pas indispensable.
 
amortisseur
C'est plus une technique de mouillage qu'un accessoire : pour éviter le bruit des maillons et du ragage dans la cabine avant, un bout de 1m reprend la tension. Sur les catas c'est indispensable si on ne veut pas abimer les étraves
 
mouillage arrière
Trés utile en cas d'évitement dans les estuaires, ou pour prendre une place à quai en Grèce si le bateau manoeuvre mal en arrière (bien sûr, vous étes un fin manoeuvrier! mais aucun bateau ne manoeuvre bien en arrière par force 6 de travers!!..)
 
Le mouillage arrière peut être organisé aussi bien qu'à l'avant: davier, logement permanent de l'ancre dans la jupe, etc. sinon, c'est la solution du seau avec la chaîne auxilliaire et une ancre lègère
 
et le reste!
L'orin avec sa bouée doit aussi trouver sa place facile, dans la baille ou le coffre à mouillage. Il peut s'improviser au besoin, avec un bidon de 5l et un filin, ne flottant pas de préférence, assez robuste pour remonter l'ancre si elle est crochée. Il existe des "orins automatiques", qui déroulent automatiquement le filin lové dans la bouée. C'est cher et compliqué ( et se fait voler pendant la nuit!)
 
Les poids auxilliaires, trés utile pour lester la chaine et améliorer la tenue, peuvent ètre faits aussi à la demande, avec le troisième mouillage (voir pseudo empennelage), un sac de chaine, ou une vraie gueuse. On le descend le long de la ligne du mouillage déjà établi, avec une grosse manille qui fait poulie.
 
Protections de pont: le chemin de chaîne peut être garni de plaques en bois, inox ou alu, protégeant le pont des agressions. Ces bandes sont faciles à changer (non soudées).
 
Protections d'aussières: des tubes de gros caoutchouc (durites de 40 ou plus) protègent les écubiers, chaumards autant que les aussières et lignes de mouillage en cas d'amarrage prolongé et remueur.
 
Pour toutes ces manoeuvres diverses de mouillage, il faut des grosses manilles, des maillons rapides, des bouts divers.et de bonnes pinces universelles!