Le chantier


vous allez y passer 2 à 3 ans: mieux vaut bien choisir le lieu et y être à l'aise.. Ce qu'il ne faut pas oublier.


l'emplacement

le chantierPréparation psychologique
Le chantier à terre, c’est la phase la plus longue et pénible de la construction amateur : elle vous occupera tous vos loisirs pendant au moins 1 à 3 ans (selon que vous ètes retraité, fonctionnaire ou salarié). Qund la coque est mise à l’eau, c’est un moment inoubliable : on passe au chantier « à l’eau » sur ce qui est déjà un bateau, mais demande encore 1 an au moins de travail.

Pour réussir la première phase, il faut le maximum d’atouts, et surtout un chantier confortable.

Le bon choix
L’idéal, évidemment c’est d’avoir le chantier dans le jardin, sous un garage ou un hangar assez grand, ètre dégagé des soucis familiaux gràce à des beaux parents compréhensifs, et une compagne également motivée pour souder scier ou peindre..

Si vous travaillez le weekend loin de chez vous, réfléchissez au temps perdu : 1h de trajet est un maximum, car vous serez (très) fatigués en revenant!

Une autre situation de rève est un hangar agricole à la campagne, prés du canal, dans le midi , et le gîte et le couvert chez les grands parents. Si en plus la cave est garnie, les copains viendrons aider souvent, mais le chantier n'avancera pas forcément très vite!...
Ces chantiers de rève sont hélas rares. Le chantier est souvent établi dans un coin moins acceuillant, entre des batiments rouillés et sinistres, sur une zone industrielle loin de la mer !  là, les copains viendrons moins, et femme et enfants risquent de se lasser également, Dans tous les cas, investissez dans un hangar bien fait, car sous des baches ou des toles  la vie est impossible en hiver.

Pensez sérieusement à l’accés des grues, transports exceptionnels eventuels. Des copains adeptes du « on verra bien!..» ont du casser quelques murs à la fin.

Le hangar
Un hangar simple peut se faire en une semaine, Si vous vous engagez à la démonter dans 6 mois, vous avez peu de risques d’ennuis administratifs genre permis ,etc (personne ne sait que ça va durer 3 ans !)
Un hangar type agricole se fait en poutres de récupération et en toles alu, sans connaissances particulières. Idéalement laissez 1 ou 2 metres autour, la longueur du mat si possible, une place pour la table de traçage et l’établi, frigo, etc..

Si le chantier prévoit un retournement  , il faut deux fermes centrales assez robustes, et l’espace d’un cercle de « retournement »
Pour une coque nue de 4t (bateau de 8t fini), les deux fermes en bastaing de 23x8 de la photo en 7m de large, clouées abondemment (ou boulonnées) ont été parfaites pour soulever la coque. Les poteaux de ces fermes sont en double bastaing de 23x8 . Le reste du hangar est en bois plus léger.

Vous avez hâte de commencer la coque, mais pourtant prenez le temps de finir, pour mettre à l’abris du vent, éclairer, monter des prises électriques correctes.

Le marbre
Sauf pour une coque moulée dans un moule existant, ou pour de très grosses unités, la coque se monte en général à l’envers, sur un « marbre », qui donne les axes de construction.

Dans un batiment en dur, la chape lissée au cm est parfaite. Sinon une chape grossière, ou des plots suffisent, avec des cales . La plupart des plans sont en 10 sections de 1m environ, les plots seront placés au droit du bordé et alignés au mieux. Reste à tracer un axe médian, et vous voyez déjà le bateau ! (dans votre tête)  

La table de traçage
Un grand panneau de CTBX assez large pour y tracer le plans des sections a echelle1(environ 4mx2m) est extrèmement utile. Il servira aussi plus tard de table pour préparer les tissus ou les bordés.

photo:photo historique en sépia du hangar du "Vardes" montrant la technique pour les fermes porteuses, et le marbre simplifié. (on notera le pantalon en patte d'éléphant et le col roulé de l'auteur à 30 ans, trés soixante-huitard...)

retournement de la coque

pourquoi?
Sauf pour de trés grosses unités (plus de 13m) ou le retournement est difficile, les coques réalisées sans moule se construisent à l'envers, les avantages sont multiples:

  • L' alignement et l'appui se font directement sur le plan de référence (voir: marbre) sans étais , ce qui simplifie énormément.
  • le travail "à l'envers" trés difficile aussi bien en stratification qu'en soudure, est évité
  • on ne courre aucun risque de renversement en cas de tempête pendant les trois quarts du chantier

 
Quand la coque est presque achevée, il reste aprés retournement à monter le pont, la coque appuyée au sol sur des cales courtes, puis à la remonter enfin pour monter le lest (pour une coque classique) et l'appuyer sur des étais

comment?
Le retournement d'une coque en plein air, si on a de la place, s'effectue par roulement progressif, en calant au fur et à mesure, avec deux gros palans ou tire-fort. Il faut de la place.

Si on veut éviter de sortie la coque du hangar (pour l'y remettre ensuite) ce qui demande des moyens de roulement sérieux, le plus simple est de la retourner sur place, soit par un berceau rotatif (le grand luxe! si vous êtes un chaudronnier professionnel) soit par suspension aux fermes du hangar (voir plus loin). Ce n'est pas vraiment difficile, si le hangar à été bien conçu: volume de rotation et fermes bien dimensionnées.

retournement en suspension
Il faut emprunter (ou louer) 4 palans à chaine (genre palan de garage) ou 4 tire-forts à cable, prévus pour la charge (1/4 du poids de coque nue, typiquement 1T par point). De la chaine, plutot en morceaux coupés cas par cas, qu'en un seul tenant (vous pouvez utiliser votre future chaine de mouillage)  Personnellement j'avais un mélange, 2 palans et 2 tire-forts, de la chaine agricole de 8mm et des manilles variées. La chaine agricole de 8mm neuve tient 2T, est suffisamment peu chère pour la couper sans remord.

principe: la coque suspendue en 4 points vers les tiers avant et arriere, à l'aplomb du franc bord, est soulevée, puis tournée en lachant d'un coté et tirant de l'autre. La chaine l'entoure en deux cerclages, et est allongée et raccourcie au fur et a mesure que chaque treuil arrive en butée. Pour rerègler la chaine, on l'assure à la poutre, on relache le treuil et on le refixe 1 m plus loin sur la chaine grace à une manille. Pour empècher la coque de glisser et de s'abimer, on intercale des pneus ou des piéces de bois tendre sous la chaine . La chaine est assurée également au franc bord, par des boulons pendant chaque étape.
Le détail pas à pas ne peut être donné dans l'absolu, vous devez le définir en fonction des chaines, des attaches, des treuils, etc..
Par exemple, ma coque avait une quille intégrée dès cette étape, la quille à donc servi de maintien pour empècher tout glissement des chaines, en l'entourant par un tour mort de chaine.

Précaution 1 : PRENDRE SON TEMPS, et  REFLECHIR à chaque mouvement. Si la manoeuvre arrive en butée ou pose un problème, on redescend le bébé et on le cale pour réfléchir. Mieux vaut attendre le lendemain pour finir que d'improviser.

Précaution 2: DES MARGES dans toutes les résistances (au moins de 2) sur les treuils, les chaines, les poutres..

Précaution 3: on ne plaisante pas avec un objet de 4T suspendu: personne ne doit s'aventurer dessous sans avoir mis des cales solides, et pendant chaque mouvement toute la famille est derrière les poteaux. Ceux qui actionnent les palans et cables sont AU-DESSUS de la coque, sur des échelles tenues aux poutres, jamais en bas, surtout si le hangar est étroit.

Rassurez-vous ça se passe très bien , je n'ai plus hélas de photos de l'opération, tous les copains étant mobilisés aux treuils et aux cales...

sortir la coque

le chantierréflexions
Le principe de la méthode pour sortir votre coque doit ètre prévue avant de commencer! ça parait bète mais beaucoup n'y pensent que quand le semi-remorque arrive! (moi, c'était la veille!)
Le cas général est que votre coque va partir en convoi exceptionnel vers la mer. Ceux qui ont pu construire économiquement sur un terrain ou l'élévateur du port a accès n'ont évidemment pas ce problème.

Une des solutions les plus économiques est de reculer  le semi SOUS la coque, aprés avoir soulevé votre bateau, cette fois presque complet,  par vos treuils et les poutres.Comptez un bon mètre de plus en hauteur pour cette opération.

Autre solution, le semi est dans la rue, votre bateau dans le jardin, et la grue vous le prends délicatement pour l'y placer. Le succès dans le quartier est garanti, chacun attendant bien sûr une catastrophe avec les caméras prètes. N'ayez pas d'inquiétude: un grutier pro prends d'énormes marges, et fait preuve d'une compétence sans risque.Pensez quand même au stationnement simultané dans votre rue des deux monstres pendant toute une matinée (évitez les jours de marché) et aussi au virage sur le petit chemin, ou au pont limité à 2,5T par essieu en bas.. Dans le doute demandez aux transporteurs de passer voir avant, car si l'un des deux est absent , vous payez quand même! et votre bateau est toujours là..

erreurs et solutions
Notre "Vardes" s'est promené deux fois : La première fois, nous étions novices , et toutes les erreurs ont été cumulées:

  • Le hangar était trop bas pour lever le bateau et faire passer le semi dessous
  • nous voulions économiser la grue
  • le terrain n'avait pas d'accés direct à la route
  • le transporteur n'était pas équipé pour les bateaux, donc sans berceau

 
On s'en est sorti gràce à l'ingéniosité et aus relations locales de la famille:

  • Un berceau trés robuste à été réalisé, muni de roues, permettant de sortir le bateau du hangar par le fond (abattu).
  • Ce chariot à pu monter sur le semi (un porte engins avec des rampes) gràce à l'aide d'un "CASE" (engin hyper puissant à tout faire)
  • le semi a réussi à passer à travers l'herbage entre les pommiers sans s'embourber, grace au temps exceptionnelement sec, et à l'amabilité du cultivateur (il a fallu couper quelques branches)

 
La seconde fois, 6 ans aprés, nous avions muri: un vrai tranporteur, un vrai grutier, de la place dans la rue, et tout s'est passé en une heure depuis le jardin jusquà la nationale..

photo: le chariot bricolé sort du hangar, tiré par le "Case"

sortir la coque

le chantierLe ber
Les transporteurs non spécialisés en bateaux sont moins chers, mais n'ont qu'une remorque dite "surbaissée" pour les transports d'engins , dans ce cas , il faut faire ou trouver un berceau spécial. Trés robuste car il doit encaisser les secousses de la route.

Le berceau des photos est fait en poutres de 18X6, la coque s'appuie directement  en latéral et en oblique avec des cales et des pneus, et le ber repose à plat sur la remorque. Il devra probablement être démonté, donc l'assemblage est à faire en boulons à charpente plutot que cloué.
 
photo: le semi-remorque arrive enfin à la nationale aprés un parcours tout-terrain

transport et mise à l'eau

le chantierLes transporteurs
Votre bébé de 10T doit maintenant arriver à l'eau, en général par la route!. Il y a trois solutions:

  • les professionnels du bateau: voir les pages spéciales des revues. Ils sont 3 ou 4 en France, aux prix similaires. Si vous lui laissez le choix dans la date (contrepéterie!) le prix baisse, car il peut profiter d'un retour à vide, parfois un regroupement avec un autre bateau (pour un 10m)
  • les tranports d'engins: au moins 30% moins chers, mais ils n'ont pas de berceau, ni parfois de sangles pour tenir la coque. La remorque n'a que des rampes et un tas de cales et chaines diverses, quant à l'assurance?... C'est la solution décrite précedemment.
  • les bricolages: vous pouvez trouver des solutions moins chères par "un copain à la retraite qui a encore une remorque, qui pourrait... "Je n'ai pas d'adresse, c'est chacun pour soi!

Précautions:

  • avec les pros de bateau, peu de risques, ils connaissent exactement les itinéraires , les largeurs et hauteurs, et en tiennent compte. Vous payez le service, y compris la voiture d'accompagnement.
  • avec une remorque surbaissée, habitué aux engins de TP moins haut et larges, le chauffeur peut vous accrocher des branches au liston , voire vous exploser votre colonne de barre. Vous pouvez en général faire vous même la voiture pilote, et assurer la surveillance des manoeuvres: économie et sécurité.. Tout est à discuter avant (y compris le mode de paiement..)
  • tous les convois ont des contraintes d'horaires dans les traversées d'agglomérations  


le chantierla mise à l'eau
L'instant inoubliable par excellence, suivi en principe d'une célébration digne de l'évènement. Selon le cas, il s'agit de:

-Descendre par une cale votre remorque à roue bricolée, encore une manoeuvre ou le coeur bat fort!
-Utiliser une grue classique à flèche, dans ce cas il faut que le grutier aie des sangles correctes et un "X" (vérifiez avant, s'il n'a pas l'habitude des bateaux)
-Un élévateur de port , aucun problème.
 
Expérience perso:
Encore une fois, vérifiez tout à l'avance : je me suis retrouvé à Rouen, pour mettre à l'eau avec une grue classique, qui au dernier moment a refusé (pas de sangles), et le convoi a du continuer vers Le Havre , avec le coût associé.

Au Havre, l'élévateur ne monte pas le bateau assez haut pour dégager du berceau! il faut démonter (casser!) le ber en catastrophe pour extraire notre coque. Bien sûr, la place trouvée n'est pas idéale, c'est soit au fond du port à charbon désaffecté, sans courant ni eau, ou au port d'escale, à couple avec dix autres! Et pourtant, quel moment d'émotion! même avec du champagne tiède...