INSTALLER SUR SON 26 PIEDS UN PANNEAU SOLAIRE

Propriétaire depuis Février 2020, juste avant le confinement, d'un ETAP 26i, "ISIS" que je venais de faire rapatrier de La Rochelle  pour Vannes et avant qu'il ne soit rebaptisé "EL NAVEGANTE", je me suis vite interrogé sur son autonomie en terme d'énergie.
Ammaré sur un coffre dans le fond du Golfe du Morbihan à proximité de "La Maison Rose" de Port Anna et non pas dans un port sur un catway et relié au 220 V, je voulais m'assurer d'une part que mes batteries soient en permanence pleines pour pouvoir démarrer sans problème lorsque j'irais dessus, ainsi que d'être certain en navigation de ne pas être obligé de mettre mon moteur pour recharger celles ci pour fournir l'énergie dont nos portables, tablettes de navigation et autre électronique de bord sont gourmands.

Etre autonome en toute circonstances !

Il m'est apparu tomber sous le sens, sur un petit voilier de croisière côtière, d'installer un panneau solaire plutôt qu'une éolienne, le rapport coût/production d'énergie, fardage l'emportant. Si mon voilier avait été plus important et dédié à la croisière hauturière j'aurais certainement panaché les deux système qui se complètent à merveille, mais là non. 

Le panneau photovoltaïque l'emportant définitivement !

CONCEVOIR UN DISPOSITIF SOLIDE ET EFFICACE

Je me suis documenté sur le sujet via Hisse et Oh, sur internet avec notemment l'expérience de la classe des "minis transateurs" en 6,50 ainsi que de mes expériences de locations d'un Jeanneau Sun 2500 bien équipé et qui avait un mat solaire emplanté au travers de sa coque.

Beaucoup de ces systèmes et notemment pour limiter sur de petits voiliers la hauteur du mat solaire, font que celui ci passe au travers de la coque (souvent sur l'arrière ou sur la jupe s'il y en a), une restratification se refaisant autour de l'emplanture du mat au passage de la coque ainsi qu'une solide restratification à l'intérieur de la coque sur le fond de celle ci, sont indispensables pour en assurer la tenue. Je n'ai pas opté pour ce système car j'avais des réserves sur le plan assurantiel en cas de voie d'eau et ce malgré que mon 26 i soit insubmersible... je n'ai pas opté pour ce choix, qui je le reconnais a ses avantages en terme de limitation de la prise au vent et de réduction de la hauteur d'une superstructure dans l'aérien. 

Je ne voulais pas non plus mettre en place sur le balcon arrière un portique inox comme on en trouve sur de plus grosses unités et qui aurait été trop imposant pour un si petit voilier, que contraignant en matière de fardage et couteux. 

Les solutions de supports techniques proposées dans le commerce chez les shipchandlers et qui se fixent directement sur le balcon arrière, avaient le gros désavantage de ne pas permettre une articulation  suffisante du panneau sur tous ses axes, ces fixations pouvaient aussi géner les manoeuvres car le panneau aurait été insuffisement excentré du balcon, sans parler du risque d'inconfort à la barre d'avec la proximité du panneau.

Toutes raisons m'ont conduit à privilégier la mise en place d'un mat solaire sur le balcon inox arrière (puisque je n'ai pas de pataras sur le voilier, un panneau à cet endroit ne gène pas) mais dont j'ai dû faire faire une extension pour qu'il supporte ce poids important (un peu trop comme vous allez comprendre ci après)

LE MATERIEL 

J'ai porté mon choix sur un panneau photovoltaïque JIAWE 60 W monocristallin de haut rendement via une technologie de "Back-Contact" ce qui semble le mieux à l'heure actuelle. La puissance est suffisante, en dessous ce pourrait être un peu juste. Le panneau m'a couté 130 € TTC, ce a quoi j'ai acheté un régulateur solaire "STECA 1010" à 77 € et un peu de connectique. Le cout total étand de 278 €.

J'ai voulu renforcer l'armature alu du panneau pour m'assurer de la solidité de sa fixation  et c'est là que j'ai "forcé un peu la dose" en réalisant un panneau digne d'affronter les 40è rugissants, ce qui se paye de pas mal de poids !

J'ai pensé utiliser en renfort sous l'armature du panneau, de la règle de maçon qui est en alu, creuse et que j'ai rempli (pour la rigidifier) de contreplaqué marine car j'avais fait des essais et la règle alu pouvait se tordre. J'ai bouché ensuite les extrémités avec une colle joint. J'ai boulonné et collé cette armature sous le panneau. L'axe central  allait me permettre d'y fixer une rotule articulée (un diabolo de planche à voile) permettant au panneau d'y être fixé mais surtout d'être orientable sous toutes les faces via des bouts fixés sur des vis à oeillets inox.

Le mat fut trouvé sur le Bon Coin (50 €), un mat neuf de planche à voile 50% en carbone et le tour était joué, sur lequel la rotule est parfaitement adaptée (achat Décathlon 45 €).

La fixation du mat se fit par une extension du balcon inox babord (en lisière de la commande moteur) réalisée par un chaudronnier local, permettant ainsi de solidifier le support sur lequel le mat carbone allait être tenu par des colliers en  U. 

Le passage pour accéder de la jupe sur le bateau se faisant systématiquement par tribord, l'implantation du mat à babord était évidente.

A l'intérieur du mat a été passée la connectique via un passe coque mais protégé et ne risquant pas d'être arraché. La hauteur du mat  fut calculée de sorte que debout sur l'arrière du cockpit, on ne puisse se cogner aux bords du panneau.

A cela un régulateur STECA fut installé dans le bateau pour assurer l'interface entre le panneau et les batteries et gérer au mieux leur chargement

LE BILAN

POINTS FORTS : 

La solidité du système, un peu "indestructible" et sécurisé par un cadenas puisque la vocation du panneau est de rester sur le voilier lorsqu'il est sur son coffre au mouillage. Evidement avec une cisaille tout peu se voler mais cela dissuade un peu.

A l'arrière debout dans le cockpit il est aisé de régler l'angulation du panneau par rapport au soleil et l'accès est facile, comme les premières croisières estivales m'ont permis de le vérifier. 

L'extension du balcon qui a été soudé et boulonné au travers de la coque avec une cale de renfort semble bien tenir et notemment ne bouge que très peu en navigation (balan). Cela pourrait hypothétiquement devenir un point faible à la longue, c'est en tout cas un point de surveillance qui pourrait nécessiter un renfort supplémentaire sur le balcon dans les années à venir..à suivre

A l'utilisation je peux donc recharger tout au long de la journée tant nos téléphones portables, que la tablette dédiée à la navigation, qu'avoir l'énergie nécessaire pour l'utilisation en navigation des instruments du bord. Cela m'évite donc de lancer le moteur pour que la batterie se recharge, c'est autant de désagrément et de polution en moins.

POINT FAIBLES :

On dit que "Le mieux est l'ennemi du bien"...et c'est un peu le sujet !

En voulant faire du très solide, j'ai fait du        " très lourd"...comment se comportera sur la durée ce lourd panneau et le balcon... à suivre....

Par contre si c'était à refaire je garderais ce principe du mat avec sa rotule, ainsi que de l'extension balcon mais j'opterai sans réserve pour une solution plus légère : un support de panneau de fibre composite (on en trouve à Leroy Merlin, solide et très léger en 10mm) avec un panneau solaire souple, ce qui garantirait un gain de poids conséquent.


En espérant que cet article contribuera à vous faire réaliser l'installation d'un panneau solaire dont vous aurez besoin.




Nautiquement vôtre.

Manuel CLERC