DOSSIER PRATIQUE

BIEN APPLIQUER SON ANTIFOULING



Le « fouling » est un phénomène naturel. Il commence par un biofilm invisible, suivi par la colonisation du substrat par une série d'organismes. Il se forme plus vite dans les couches d'eau éclairées et riches en nutriments. 


Plus de 25 000 espèces capables de coloniser les coques ont été recensées : bactéries, algues unicellulaires, algues vertes, bernacles, éponges, vers marins. Il y a du monde là-dessous et si l'on y prend garde, on finit par avoir une belle barbe sous le bateau : il devient moins manœuvrant, moins rapide, et consomme plus de carburant lorsqu'il navigue au moteur.

Dieu merci, il y a l'antifouling. L'antifouling (ou peinture antifouling) est une peinture contenant des biocides destinée à empêcher les organismes aquatiques de se fixer sur la coque des navires ou tout autre objet immergé. Dans le temps, on mettait du goudron, de la chaux, des enduits à base de cire et de suif sous Christophe Collomb, puis de l'arsenic. Puis on a découvert le cuivre, d'abord en plaque, et enfin le TBT (tributylétain) dans les années 60. C'était efficace et a été utilisé à grande échelle. Mais le TBT est neurotoxique et perturbateur endocrinien, même à faible dose... ça a été interdit quand certaines zones de pêche, notamment de coquillages, se sont effondrées. Depuis lors, le principe actif est l'oxyde de cuivre Cu2O. 

Comment bien choisir son antifouling ?.

Etant donné que le fouling dépend du milieu (lumière, chaleur, salinité, environnement, pH, turbidité), l'antifouling aussi ! Ce pourquoi le choix de l'antifouling est dépendant du type de bateau, du lieu où il navigue, du lieu où il repose (au sec, à flot, à l'échouage), de sa vitesse en navigation.Les bateaux mouillés dans les estuaires, qui passent régulièrement d'une eau douce à une eau salée, ont une coque qui reste naturellement plus propre, car les organismes pouvant supporter à la fois ces deux milieux sont rares.

On distingue essentiellement trois types d'antifoulings.

L'antifouling à matrice dure : il possède une résistance mécanique qui le destine plutôt aux bateaux rapides (bateaux à moteur), aux bateaux qui échouent, ou à ceux qui mouillent dans des zones à fort courant.

L'antifouling à matrice érodable : il se dissout petit à petit en cours d'année, ce qui renouvelle son principe d'action. Il permet de garder une carène propre et est destiné aux bateaux naviguant à moins de 25 nœuds.

L'antifouling pour coque aluminium : les antifoulings contiennent du cuivre, qui provoque de l'electrolyse si on les applique directement sur des coques en aluminium. D'où les antifoulings spécifiques à ces coques.

Le bon plan antifouling 

Si vous êtes membre du club HisseEtOh, vous le connaissez déjà :-) : il s'agit de l'achat groupé d'antifoulings Inter. Réservé aux membres du club (sachez que vous vous remboursez la cotisation dès le premier pot d'antifouling), cet achat groupé a lieu normalement début février.

Les outils nécessaires pour passer l'antifouling


  • Grattoir : afin de retirer l'ancien antifouling qui ne tient plus. On peut aussi utiliser du décapant.
  • Papier abrasif à l’eau
  • Primaire : utile pour une meilleure accroche sur coque nue ou entre deux antifoulings de marques différentes
  • Antifouling : Vous pouvez calculer la quantité qui vous est nécessaire en utilisant notre calculette en ligne. Attention aux mélanges entre ancien et nouvel antifouling. Matrice dure sur matrice érodable, par exemple, ça ne marche pas. L'inverse est possible si les produits sont compatibles.
  • Une brosse large
  • Des rouleaux : laqueur à poil court ou rouleau mousse
  • Bac à peinture 
  • Du diluant  : pour nettoyer les pinceaux. White spirit non désaromatisé (pourquoi ici) par exemple.
  • Un mélangeur : il n'a l'air de rien... mais il est TRES important de longuement mélanger votre antifouling, surtout si vous l'avez stocké longtemps dans votre garage. Un antifouling ne se périme pas, mais tous les principes actifs tombent au fond du pot.
  • Ruban de masquage
  • Nettoyeur haute pression
  • Mastic époxy : pour réparer tous les petits pets de la coque
  • Acétone pour dégraisser la coque avant de la peindre

Les conseils des héonautes pour un antifouling réussi

Les étapes pour passer l'antifouling

1- L'antifouling est un toxique. Commencer par se protéger : lunettes, gants, combinaison, et surtout masque si vous poncez. Important : votre bateau doit être sur une aire de carénage (c'est interdit ailleurs).

2- Nettoyer votre carène au jet haute pression, si possible lorsque le bateau est encore sur sangles (pour éviter de garder du fouling à l'emplacement des patins de ber).

3- Gratter l'ancien antifouling lorsqu'il est encore mouillé, partout où il se décolle, en utilisant le grattoir bien à plat. Un ponçage à l'eau n'est conseillé que dans les cas où la surface de la coque est vraiment inégale.

4- A l'aide d'une spatule, bouchez les éventuels petits pets avec du mastic époxy, après dégraissage à l'acétone.

5- Rincer la coque et la laisser sécher une journée au minimum.

6- Masquez la zone la ligne de flottaison au dessus de l'ancien antifouling.


7- Appliquez le primaire à l'aide d'un rouleau laqueur. Laissez sécher selon les prescriptions du fabriquant.

8- Très important : longuement mélanger votre antifouling avant application. Appliquez en suivant les prescriptions du produit. Ne pas peindre la sonde du sondeur ni les anodes.

9- Retirer le scotch de masquage avant que la peinture ne sèche, sinon c'est galère. Important aussi : mettre le bateau à l'eau dans les 24 h qui suivent la peinture. L'antifouling perd ses qualités rapidement au contact de l'air et des UV.


Et voilà. Bon courage à tous. N'hésitez pas à commenter/améliorer ce sujet sur le forum.