Bulle, une construction en cp à bouchains


Le bateau de notre ami Patrick navigue enfin, et il m’a autorisé à écrire ce petit résumé de son aventure amateur (je ne suis que le scribe !)
Patrick a écrit plusieurs articles sur le site, sur la technique bois-epoxy, sur le dessalinisateur… mais a toujours eu la flemme de s’inscrire !

Le plan
C’est un VENACO de l’architecte J P Villeneve, en CP à bouchains, dériveur lesté.
Longueur : 11m
Largeur : 3m55
Tirant d’eau : 1m30
Déplacement théorique du plan : 6T à vide, 7T en charge
(en fait après pesée sous la grue , il fait plutôt une tonne de plus)

Le plan d’aménagement a été entièrement revu, avec un carré arrière, une cabine double et une cabine en coursive pour deux passagers, dans un programme de voyage familial.

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La suppression de cloisons structurelles a demandé un recalcul et modification des couples. Patrick est du métier et a recalculé toutes les résistances en partant d’une pression de coque de 1 bar (pour mémoire, les bateaux de série partent en général d’une pression de 0,5 bar)

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Les renforts sont faits par plusieurs poutres en lamellé-collé, dans la zone centrale, et le raidissage par l’ensemble des aménagements collés. Le tout donne une impression de robustesse impressionnante.

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La construction

La décision de « construire un bateau » a été prise à Noël 89. Un an a été nécessaire avant le premier collage.
Après choix de la technique bois collé (par goût ?), Patrick a trouvé une dégauchisseuse mortaiseuse par annonces, l’amateur qui la vendait abandonnant une construction, il a racheté toute la liasse de plans, en accord avec l’architecte. Le temps de construire un hangar baché chauffable, de trouver le bois, des outillages variés, (deux tours et un poste a souder l’inox), la construction débute en 91.

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Chaque outillage lourd a toujours son histoire : le « gros » tour (1T !) a été construit aux USA, transféré en Allemagne en 46 pour le plan Marshall, puis aboutit en France a la casse.. Le « petit » tour (300kg) vient de la cessation d’activité de l’entreprise d’un copain, et il l’a trouvé un jour livré à sa porte ! un petit atelier a été construit également dans le jardin.. et une grange loge le stock d’inox et le poste à souder, partagé en binôme avec Pierre, un autre constructeur amateur (voir l’article : « mise à l’eau de Tori»).

Les techniques s’apprennent sur le tas (de bois) pendant la durée du chantier, de préférence avec des avis de spécialistes, et d’autres copains, au fur et a mesure des besoins:
Documents sur les bois, technique de soudage, technique de collage époxy mince et épais, etc…
Les premières pièces inox étaient ratées , et s’entassent dans le fond de la grange, puis Pierre et Patrick ont commencé a sortir des cordons de soudure très présentables.

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Pour le lamellé, la technique est parfaite : les poutres sont superbes, et l’hiloire de cockpit se prolongeant autour de la bulle est un chef-d’œuvre ! (il faut le dire !)

Les bordés sont en cp «marine », le pont et les aménagements en ctbx industriel. Après coup, Patrick regrette d’avoir acheté du « marine » : en connaissant mieux les normes et fournisseurs, le cp industriel type ctbx , peut être strictement équivalent au « marine » qui n’est qu’un nom commercial, issu de la même sélection.
Pour résumer, il faut spécifier :
-la nature du bois
-le nombre de plis
-la colle
-le taux de défauts aux raccords de plis
Un ctbx devient alors utilisable en « marine »

Les pièces massives et les lamellés sont en « bossé », sorte d’ acajou d’Afrique.

La coque est recouverte d’une stratification mince (un couche de tissus).

Le moteur est un Solé, acheté neuf lors d’une promotion de lancement.

Les mouillages : Une plate de 16Kg, une plate de 20Kg, une charrue, une alu.


astuces

Quelques détails qui m’ont impressionné pendant une courte visite :

La grand voile : les oeillets de ris et d’amures sont remplacés par des poulies à bille : on prends les ris au cockpit sans winch (presque…)

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Un chauffage Taylor à gasoil, le réservoir est sur le pont, la cheminée brûlante traverse le coin navigation, protégée par des barres inox (pour éviter qu’un équipier ne s’en serve comme main courante)

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Une boite à eau faite maison, (en inox bien sûr !) regroupe les prises de coque, comme on en voit rarement.

Le carré arrière est très lumineux grâce a des hublots de coque : on ne se sent pas du tout enfermé dans Bulle.

Le panneau de descente est un Goiot de 60x60 à 45° : étanche à tous les coups de tabac.

Une grille inox ferme la descente contre les « visiteurs » en laissant une aération totale.

Deux barres franches (en lamellé..) pouvant étre debrayées indépendement selon le bord

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L’achèvement

Après dix ans, une certaine impatience se fait jour, et impose des choix pour finir : certaines bonnes idées retarderaient trop, on doit faire des compromis ! Ainsi le projet de dessalinisateur amateur, pourtant bien avancé, est mis sous le coude…

Comme tous nos amis amateurs toulousains, le bateau est mis à l’eau sur le canal, en Février 2005, après un court trajet routier en convoi exceptionnel. La sortie du jardin a obligé à abattre deux vieux arbres…(on ne fait pas d’omelette, etc..)

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Les quelques jours sur le canal du midi permettent de roder la mécanique, et le gréement arrive séparément au Grau du Roi, chez Véga Voiles. Christian Charrée de Véga est lui même de l’UAMP, et fait des conditions très intéressantes aux amateurs.

En Fevrier, le canal est recouvert d’une petite couche de glace, ou Bulle trace son sillage ! c’est une bonne préparation, car Patrick envisage de naviguer en Islande..

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Pourquoi « Bulle » ? j’ai mon idée : il est équipé d’une super bulle en plexiglas, bardée de barreaux inox, qui rend sa silhouette unique ! mais la vraie raison ?
Après Quatorze ans sous le hangar dans la poussière, il faut la coincer un jour !

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le futur

Après les essais en Juin, le long des cotes languedociennes, ce sera le tour d’Espagne et du Portugal en trois semaine (vacances obligent), pour s’amarrer à La Roche-Bernard sur la Vilaine, la place est réservée. Ce ne sera pas une croisière de tout repos, mais Patrick a déjà navigué en Ecosse, et le Portugal ne l’inquiète pas trop.

Ensuite rien n’est totalement fixé, mais se sera le départ de la « petite boucle » en 2006, par la route classique (Canaries, Cap-Vert), La Guyane , deux mois aux Antilles pour l’hiver, puis les cotes des USA au printemps, puis le Canada en Mai, vers l’Islande sans doute…

Comme dit Georges dans Thalassa :
« à bientôt et… bon vent ! »