Ballade pascuane


BALADE PASCUANE

 

Bonjour à tous , vous m’excuserez j’espère de proposer cet article alors qu'il n’y a pas si longtemps je vous ai déjà saoulé avec «  peinture au pistolet ». Ce n’est pas pour faire la star, mais je me fais très c…. à attendre de pouvoir repartir chevaucher les grosses houles vertes et blanches. Comme je ne sais si dieu me permettra de visiter, une fois encore les terres lointaines, je ressorts cet article ( à peine remanié) qui avait été publié dans la regrettée revue « loisirs Nautiques » . Les photos sont des scans de la revue ( tant pis pour les droits). Son intérêt à mon sens est surtout la présentation des possibilités de mouillage de l’ile : scan de la page entière. A l’époque je n’avais aucune carte donc les schémas ne sont pas des documents nautiques

Votre très dévoué Motutunga

 

Au départ  des Galapagos , trois routes : tout droit c’est l’autoroute des tropiques, a droite Hawai, a gauche l’ile de Paques.

Le départ des galap se fait dans la pétole  molle , puis l’alizée arrive de plus en plus fort de travers. Ensuite c’est la transition climatique vers les Latitudes tempérées, qui nous acceuillent vers 26°30 sud avec le premier coup de vent depuis l’arrivée mouvementée sur Panama. C’est donc par 40nds de Nord que nous arrivons sur l’ile de Pâques à la tombée de la nuit.

Ce sont des choses qui ne se font plus guère à l’heure des traceurs et autres gadgets hi tech, mais à l’époque nous avions peu de cartes (quelques centaines tout de même) budget oblige. Donc rien d’autre qu’un guide américain sur la Polynésie et les Routeing charts britanniques.. heureusement que nous sommes en vue de l’île avant la nuit sinon nous étions bon pour la cape a bonne distance pour la nuit. Evidemment, un grain très opaque nous tombe dessus lorsque nous longeons la côte sud à la recherche d’un mouillage. Après la pluierevient la lune qui, après une exploration au sondeur pendant plus de trois heures, nous permet de tenter un mouillage correct à Rano Kao (voir shéma), si possible pas sur les récifs qui débordent la falaise et que l’on devine au bruit et à l’écume. Il ne fait pas chaud la nuit car ici aout, c’est  bien sur l’hiver.

Mais les dépressions çà passe : Après le nord il y a du sud , c’est bien sûr à cause de Coriolis qui a la tête en bas. Ce détail est perturbant et, dans vos débuts en hémisphère sud vous devrez aussi faire un petit dessin, ou regarder tourner l’eau des chiottes..la nuit suivante SW le mouillage devient intenable, nous irons en visite à terre une autre fois. Départ de nuit pour être à l’heure du petit déjeuner à Ovahé sur la côte nord. Il fait presque froid, il y a 25 nds, mais c’est  un vrai mouillage. Au pied d’une falaise de tuf rouge, deux petites plages de sable rose. L’enfant marin veut jouer au cerf volant et courir sur un support immobile. C’est la pleine forme… Aujourd’hui l’enfant marin a 23 ans, il est sérieux, rie peu et trouve son père un peu trop hors norme.

48 heures plus tard, après avoir fait un peu de marche sous la pluie, du coté NO de l’ile, nous demenageons, à cause de la rotation au secteur est. Anakena ,la crique voisine n’est qu’à deux milles et nous avons repéré le coin à pied la veille. Sur le petit bout de quai en ruine, Carlos un vrai Pascuan sculpteur, me tend les poissons qu’il a pêché.. Je lui explique en espagnol , si possible , que nous n’avons pas d’argent chilien, ni aucun autre non plus d’ailleurs. Mais non c’est cadeau pour les français. Mais Carlos lui parle non seulement son dialecte polynésien , espagnol, mais aussi français , anglais, un peu d’italien et d’allemand ( quel brillant ministre en est capable). Ha gratos , çà change tout, car sous les tropiques tout était payant en dollar US de préférence. Carlos et son cousin Maea m’emmènent en chasse sous marine le lendemain, il y a peu de poissons mais cela suffira pour un repas au campement de Carlos. Le campement de Carlos c’est plutot sommaire : trois semblants de mur en pierre, une bâche par-dessus . Terminé. Pour la chasse et la baignade je ressorts la combin de 7 mm qui n’a pas servi depuis Marseille, 18-20°C , quand on arrive des tropiques, ce n’est pas raisonnable. Les touristes Chiliens eux , se baignent volontiers, il faut dire qu’à Vina del Mar , la station balnéaire près de Valparaiso, l’eau est à 13°C.

Anakéna est un site remarquable avec ses sept Mohai restaurés au bord de la plage, des cocotiers en retrait aucun habitant aucune construction à part des toilettes et les poubelles, une piste, quelques touristes .

Nous y rencontrons Hernan, entrepreneur chilien, qui nous invite à lui rendre visite à notre arrivée à Valparaiso d’ici un mois ou deux. Hernan est un ancien de la marine chilienne et il nous prêtera l’intégralité des cartes des canaux chilien. Pour ma deuxième visite là bas, dans j’espère trois ou quatre ans j’espère trouver une solution autre que le piratage car les cartes britaniques et les C map que vous connaissez, sont très insuffisantes, les Navionic sont acceptables et pas trop chères mais ne marchent pas sur openCPN.

Il faut maintenant faire un peu d’entretien. La tache du moment est de transformer la descente perméable en une trappe étanche. Il faudra qu’un jour les chantiers se décident a faire des descentes étanches. A l’époque il n’y avait pas d’internet et l’on ne nous disait pas tout, mais aujourd’hui vous aurez compris l’intérêt de ce dispositif dans le style un peu sous marin (pour voir la chose en place =>  Correlation à PSL). Ce petit travail est réalisé avec du CP des Galapagos et un panneau Lewmar d’occas de la Martinique. La mer c’est bien aussi quand elle reste dehors.

Nous attendons que le vent s’établissent de nouveau au secteur est pour aller au village (Hanga Roa côte ouest), et y faire de l’eau et du gaz si possible. Là bas avant même d’avoir mouillé, les  autorités chiliennes très éprises de VHF, nous accueillent de façon très protocolaire mais sympathique. Au Chili on est trés féru de bavardage radio et même à l’époque, quand on en a les moyens on ne rate pas une occasion de sortir son téléphone portable dans la rue…cette remarque faite en 96 me fait bien rigoler aujourd’hui, ou les ados on leur I-phone à la main en permanence.  On ira aussi jouer aux formulaires officiels ,  et on aura la visite de la police , ces douanes , des services sanitaires et des autorités maritimes, le tout pour seulement 15 US.  Nous aurons toutes les peines du monde à extraire quelques pesos du distributeur local.

Il nous faut de l’eau, je me renseigne auprès de cet indigène qui me regarde avec curiosité et amusement. Il se moque de mon excellent espagnol. Cet animal c’est Gilles, le tenancier du resto bar » la taverne du pêcheur ». C’est français, et vous y trouverez pour 5200 pesos ( pas cher) une vraie entrecôte au poivre avec de la moutarde Maille.  C’est autre chose que les nourritures habituellement servies sur ce continent ; peut être suis un peu chauvin ! On vous dira en voyage il faut manger local. Eh bien non : 10 nds confit de canard pommes de terre sautées, 25 nds cassoulet de Castelneaudary,  40nds rillettes d’oie et pain de campagne maison. On se servira chez Gilles ; contre rétribution de 600 l d’eau et 20kg de gaz, aprés savoir réussi un assemblage de tuyaux et raccords de fortune, pas du tout aux normes.

Nous profitons des quelques jours d’est pour visiter le sud de l’ile. Tahai , ancien site restauré avec l’Ahu( autel) et quelques Mohai , un port millenaire, quelques abris troglodytes , pavements monumentaux .  Orongo , sur une lame rocheuse entre la caldera du Rana Kao (1500m de diamètre) et le bord de la falaise qui surplombe la mer de 200m. Là se trouve un ancien village dédié à la cérémonie de l’homme oiseau ; celui-ci devait descendre la falaise, franchir à la nage le bras de mer très agitée jusqu’à l’ilot voisin, pour en ramener l’œuf de l’oiseau ( dont je sais plus le nom), re-escalader la falaise, pour que son clan soit déclaré pour l’année chef des tribus de l’ile.

Au retour d’Orongo nous visitons la boutique de Raoul ( qui est originaire des iles et pas d’Aubervilliers), pour acheté le Mohai  modèle réduit, sculpté en bois d’eucalyptus qui trône encore dans le carré de Correlation( un bon argument de vente pour mon bateau pas vrai !). Chez Raoul vous trouverez des Mohai en bois et en pierre de toutes les tailles, œuvres d’art authentiques.

Pour la dépression suivante nous allons à Hotuiti, mouillage médiocre mais le site le plus grandiose de l’ile. Esplanade d’un hectare, anciennement pavée, 15 Mohai de grande taille. Le tout est dominé par le volcan Rano Rarako. Une falaise coté est, et des pentes herbeuses sur les autres faces ; c’est de ses flancs et aussi de l’intérieur de la caldéra,  qu’ont été taillés les Mohai de l’ile, en position couchée. Les guerres tribales et les invasions de nos belles nations occidentales ont eu raison de la civilisation Pascuane, et l’on peut voir sur ce site des dizaine de Mohai en cours de taille ou de transport. Dans les prairies parmi les statuts une colonie de chevaux sauvages ( ou presque).

Il va falloir partir, mais le vent reste au SE, nous retournons au village en attendant la prochaine dépression. Nous en profitons pour aller plonger au Motu nui ( he non pas motutunga). L’eau est très claire mais il y a très peu de poissons , pas de tortues pas de requins non plus, juste de très nombreux bouquets de corail.. au retour de plongée, 15nds de nord ; déjeuné, ranger l’annexe, combins , détendeurs, préparer des pizzas pour les deux premiers jours, Zappa a fond on se casse. Cap au 105, 1650milles jusqu’à Juan Fernandez.

 

 

LES MOUILLAGES

J'en presente  quatre sur la photo et deux ports, mais celui de hanga Roa est pour les annexes seulement; je reproduis le texte du scan qui n’est pas très lisible.

ATTENTION : les positions que je donne ne correspondent pas toujours  à la carte dont je dispose aujourd’hui. A l’epoque j’avais un GPS acheté en super marché « Sony » peut être pas trop précis??

 

hanga Roa = devant le village

position 109°25’ 45’’ W / 27°08’ 36’’

Praticable de vent NE à S, fond de sable de bonne tenue dans 13 m d’eau. L’approche est possible de nuit mais il ne faut pas franchir la sonde des 10 m. Pour une approche de nuit venir au 90 vers le village et mouiller par 13 m d’eau..le mouillage est rouleur et eloigné de la côte qui est bordé de nombreuses roches.

Pour le débarquement, il y a un port pour embarcations, mais le tout est d’y arriver et surtout d’en repartir. L’approche est commando à cause de la barre qui se forme sur les haut fond ; les déferlantes font entre 1 m et 2.5  m par temps medium à plus de 100 m de l’entrée. Le problème est plus serieux pour repartir si on a un petit moteur ou pas de moteur du tout ; s’attendre éventuellement a prendre un bain (nous en avons pris un beau). On trouve un avitaillement raisonnable , mais le gaz ne se trouve qu’en bouteilles de 45kg. Il y a des hotels pour riches.

Hanga Piko

C'est un très petit port assez bien abrité mais avec beaucoup de ressac par mer agitée , a tel point que l'on s'amarre de part et d'autre en travers: une aussière pas trop longue d'un coté et une chaine pour que ça coule et dégager le passage, de l'autre. En theorie il etait en 97( c'est sans doute encore le cas) obligatoitre de demander l'autorisation a l'armée , et de payer un pilote pour entrer, mais les pilotes en question ce sont juste les pêcheurs du coin, qui ne sont pas plus pilote que moi. Donc comme j'aime pas qu'on me gave lorsque la manoeuvre est dangeureuse, j'ai d'abord été reconnaitre la passe en annexe, pris des repères , des alignements, et on est rentré discretos un matin ou la mer etait à peu près calme. Il faut dire qui l'entrée est très délicate, passage étroit entre les cailloux ou çà déferle mechament en permanence, car il y a la plupart du temps de la houle de secteur S a SO. Il faut arriver au moteur assez vite, garder éventuellement la GV, pour stabiliser le bateau et aussi en cas de panne, dans ce cas en 2 mn vous etes mort ( enfin le bateau est mort). Pour ressortir pareil, on fait les formalités, on se sauve au petit matin ou le soir et on ne revient plus. l'armée c'est plus celle de Pinochet mais on ne sait jamais.

Anakéna

Sur la côte NE de l’ile, c’est un vrai joli mouillage dans 5 m mais assez exigu : abrité de W à E

Position : 109°1’ 32’’ W / 27°04’ 10’’ S

Sable de très bonne tenue, approche de nuit pour les initiés. Ce mouillage est le plus abrité de l’il’ en hiver ou les vent dominants sont de secteur sud. En été les vents plus variable peuvent le rendre peu pratique.

Ovahé

Position : 109°18’ 3’’ W / 27°07’ 30’’ S

Abrité de SE à NW

Voisine de la précédente. Fond de sable de bonne tenue, dans 5 a 6 m, avec des têtes de roche qu’il faut bien repérer

Hotuiti

Position : 109°16’ 08’’ W / 27°07’ 38’’ S

Abrité de NE à WSW

Tenue bonne, par 8 -9m si on ne se prend pas dans la caillasse, attention a la tête de roche en plein milieu de la baie. C’est un mouillage stressant à cause de la houle de sud ( surtout l’hiver) qui peut même produire occasionnellement un déferlante genre mini raz de marée. Le débarquement se fait dans un mini port pour embarcations fait main par les locaux.

Rano kao

Pas de schéma pour celui là : au sud de l’ile facette est : notre premier mouillage : fond de roche ressac permanent, débarquement rambo

 

QUELQUES SITES TOURISTIQUES MAJEURS

*Tahai : trois Ahu et sept Mohai, maisons barque, rampe de mise a l’eau, huttes de pierre, grottes d’habitation

*Orongo : village cérémonial avec maisons de pierre , roches ornées de pétroglyphes, microclimat dans la caldéra.

*Hotuiti : très vaste avec quinze Mohai  géants

*Ranu Raraku :très nombreux Mohai en cours de taille, un Mohai à genoux

*Ahu a kiwi :sept Mohai représentant les premiers explorateurs qui découvrirent l’île

*Te Piko Kura :pierre shérique entourée de quatre plus petites : site de prière

*Ana kai Tangata : grotte ou avaient lieu des festins cannibales, peintures au plafond

*Grotte remarquable , nom ?? : grotte, formée par le retrait d’une coulée de lave ( la surface refroidit plus vite), ayant servie pour l’implantation d’un ancien petit village