Argentine sud, caleta horno


Atterrissage perilleux

ARGENTINE sud – caleta HORNO
Mouillage : LAT.45°02'302 S. LONG.065°40'966 W.
atterrissage plutôt périlleux
Une chicane à gauche puis à droite, nous nous trouvons dans une sorte de fjord dont les parois rocheuses sont rongées, trouées, percées, dessinées par le vent et les eaux ; un bateau, deux bateaux, à ne pas croire.
l’endroit doit être visité par quinze bateaux par an et, demain matin nous serons quatre bateaux dans ce petit espace très protégé de la houle mais pas du vent.
Nous mettons notre ancre en passant derrière les voiliers déjà là. Je laisse filer plusieurs dizaines de mètres de chaîne.

Le vent souffle fort de ses 30 noeuds, s’infiltrant comme dans un couloir.
Nous dérivons rapidement vers les roches, l’ancre dérapant sur le fond de kelp, impossible de reprendre la chaîne, la dérive nous entraîne.
Marie-Ange à la barre joue du moteur pour éviter les autres bateaux devant lesquels nous passons sous les yeux angoissés de leurs propriétaires.
Dans le coffre à l’avant une seconde ancre à jas très lourde de trente cinq kilos était préparée au bout d’un lourd cordage mais non dépliée.
C’est une ancre que nous venons d' acheter à BUENOS-AIRES, qui est pliable. Tandis que nous dérivons dangereusement vers la sortie je m’active à la déployer et la précipite à l’eau retenant son cordage que je tourne sur un taquet à l’avant.
Nous nous sommes arrêtés notre arrière griffant la roche, légèrement en pente, côté sortie bâbord de la calanque, si proche même que quelques minutes après le safran frotte contre la pierre.

SAMEDI 14 DECEMBRE 2002

La matinée est chaude, ensoleillée, ciel bleu, tout est bien, nous décidons juste après le déjeuner de reprendre notre ancre pour mieux nous placer. J’ai récupéré notre chaîne et la première ancre qui avait croché dans un paquet énorme de laminaires.
En fin d’après midi nous étions dans le cockpit, profitant de la douceur de la température, rêvant devant le spectacle de l’eau, des roches, du ciel, bercés par le bruit du vent qui sifflait dans les hauteurs.
En face de nous sur une crête apparaît un gaucho à cheval. Son arrivée nous est annoncée par une sorte de cris modulés et lancés par intermittence. Se rapprochant de notre côté, je le salue fort de la voix, il répondit en faisant tournoyer son lasso au-dessus de sa tête.
Quelle belle image nous avons eue ce moment là, c’était l’ARGENTINE dans toute sa tradition.
Annexe à l’eau pour descendre à terre et nous dégourdir les jambes. Derrière nous, une petite crique avec une sorte de plage qui chemine vers l’arrière entre des parois rocheuses, en pente légère, se rétrécissant.
la pierre est à vif le plus souvent, qui retombent jusqu’à la mer côté large. Des guanacos, de loin nous observent, immobiles, attentifs à nos déplacements. Certains isolés du groupe lancent des cris bizarres, aigus comme des ricanements de mouettes, hauts sur pattes, le cou long, bien cambrés.
Côté mer, une côte rocheuse pleine d’excavations, de grottes immenses qui servent d’abris pour les bêtes si l’on en juge par le tapis de crottes qui jonchent le sol des plus spacieuses.
Parmi les rochers en allant vers le bas de l’eau gît le corps desséché, vidé, d’un lion de mer. La peau comme tannée a conservé sa forme et même une partie de sa crinière, son odeur particulière et forte se dégage encore de son pelage.
La colonne vertébrale, les os de la cage thoracique, tout est en place. Du crâne, il ne reste que l’os montre les mâchoires pourvues de quatre dents énormes que nous récupérons, pour le souvenir.
Rien au loin sur la mer, pas une voile, juste les vagues, l’écume et le vent.
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