Architecte et voyageur: jean françois andre


Jean François ANDRE est un architecte bien connu, qui dessine des bateaux de voyage, et voyage dessus. Ses bateaux sont très typés, comme ses voyages !
Il nous fait le plaisir de nous présenter sa production et nous résumes ses escale.
De quoi se mettre l'eau à la bouche !
Vous pourrez retrouver tous ses récits et ses bateaux en détail sur son site:

http://www.jfandre.com




PRESENTATION DES VOILIERS

CACHOEIRA – PATAGO 34 – PATAGO 39
PATAGO 40 – PATAGO 50 – CORDOVA


Ayant pratiquement toujours navigué sur des voiliers en aluminium et après 100 000 miles parcourus autour du monde, je reste un inconditionnel de ce matériau qui, même s’il est maintenant un peu dépassé au niveau poids, est à mes yeux une garantie de sécurité pour les grandes navigations. Nous avons pu constater lors de notre dernier périple en Alaska que le nombre de troncs d’arbres et épaves de toutes sortes ne va pas en diminuant.

Je ne suis pas très influencé par la mode actuelle où il est commercialement intéressant de faire léger et moderne. A cette option je préfère les valeurs sures, sans retomber dans ce qui se faisait dans le style coffre-fort des années 75. Je préfère perdre un peu de vitesse et gagner en confort. Un équipage bien reposé est plus performant en cas de problème. Mon option architecturale s’est orientée vers des bateaux solides en aluminium, constructions classiques sur couples et lisses.
J’ai réalisé une majorité de dériveurs intégraux de 8 à 15 m, dont les performances au près n’ont pas été oubliées. Les dérives sont très grandes pour obtenir de meilleure performances au près et elles sont équipées d’un système anti-turbulence que j’ai mis au point il y a quelques années et qui donne toute satisfaction : un volet referme le puits lorsque la dérive est en position basse. Ce système a été installé sur 6 bateaux à la satisfaction de leur propriétaire (voir dessins). Tous mes dériveurs intégraux (mono safran) sont équipés également de deux dérives arrières, système que j’avais testé sur le Damien IV de Gérard Janichon. A l’époque (1981) apparaissaient les premiers pilotes électriques et pour un tour du monde, il était important d’avoir une barre aussi douce que possible pour éviter les problèmes de batteries. Les deux dérives arrière dans la jupe (voir photo) sont très simples à réaliser et permettent d’ajuster parfaitement l’équilibre du bateau. Le prototype du Cachoeira (13 tonnes) a fait un tour du monde complet avec un Autohelm 4000 destiné à des bateaux de 7,5 tonnes, sans aucune panne. Relever la dérive centrale et descendre les dérives arrière au portant met le bateau sur des rails.



PATAGO 34
Une coque a trois bouchains pour le plus petit de la gamme.
Un bateau vivant, bien adapte aux zones de marées importantes par sa facilite d’échouage, il est aussi capable de grandes navigations dans de bonnes conditions avec un budget minimum. Le grand volume de coque et le roof long permettent un confort correct avec une bonne hauteur sous barrot.



architecte et voyageur jean francois andre
architecte et voyageur jean francois andre




































architecte et voyageur jean francois andre
PATAGO 40
Coque en semi forme, fonds a bouchains et borde haut en forme, ce bateau de 12 m est dote d’un roof haut permettant un aménagement a salon de pont qui intègre complètement la longue dérive (tirant d’eau…)

Quatre exemplaires de ce modèle sont en cours de finition ou naviguent.








CACHOEIRA
Probablement la taille idéale pour envisager une longue vie à bord dans de bonnes conditions de confort et de sécurité.
D’abord construit a bouchain pour mon propre usage, la coque a évoluée et est proposée actuellement en semi forme avec timonerie et salon de pont.
Une puissante motorisation de 80 CV permet de faire route quand les conditions météo ne sont pas au rendez-vous. Mike Horn a choisi ce bateau lors de son périple par le 70°N (www.mikehorn.com) pour sa solidité et son confort qui lui ont permis des navigations dans des conditions très difficiles.

architecte et voyageur jean francois andre
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PATAGO 50
C’est un bateau que j’ai dessiné pour mon usage avec comme projet de rejoindre l’Alaska pour y passer un hiver. Je m’étais fixe comme cahier des charges :

- de bonnes performances pour de longues traverses,
- un bateau confortable pour y passer un hiver des de bonnes conditions

architecte et voyageur jean francois andre










































Le résultat a été une coque en forme à quille relevable pour la raideur à la toile, deux safrans pour un bon contrôle de la carène large. La coque est divisée en trois compartiments par deux cloisons étanches. Cette disposition permet de rendre le bateau pratiquement insubmersible.
Il existe une version dériveur lesté ou quillard de ce modèle.


architecte et voyageur jean francois andre
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CORDOVA
Ce bateau est le résultat de mon expérience d’hivernage et de navigation dans le froid avec le Patago50. Si le plan de pont n’est pas des plus esthétiques, il a le gros avantage de permettre de naviguer dans le froid et sous la pluie dans de très bonnes conditions de confort et de visibilité, et donc de sécurité. Probablement sera t’il mon prochain bateau. La grande timonerie permet d’intégrer un siège de veille confortable avec une banquette de quart.

architecte et voyageur jean francois andre





PATAGO 39
Le dernier né, (les plans sont en cours de finition) ce modèle reprend la carène du Patago 40 avec le borde haut à bouchain et un roof plus long.
Mon but en dessinant ce bateau est la commercialisation de l’ensemble de la coque en kit, prédécoupée au jet d’eau. Le début de la construction du prototype est prévue en septembre et permettra de valider ce concept avant de le proposer sur le marche (soit en kit, soit en coque nue) Cette formule devrait permettre de construire une coque solide et performante à moindre coût.

architecte et voyageur jean francois andre



























VOYAGE DU PATAGO50 EN ALASKA (2002-2005)

architecte et voyageur jean francois andre



Après quelques années de navigation passées sous les tropiques, Brésil, Antilles Polynésie, nous avons décidé de retrouver l’ambiance de régions plus froides que nous avions connues dans le Nord du Maine sur la côte est des USA. Nous avions envie de retrouver des couleurs différentes, retrouver un rythme de saisons et aussi un climat plus « dynamisant ». Nous avons alors choisi l’Alaska.
Pour ce voyage, j’ai dessiné et construit un nouveau bateau le Patago 50, qui devait remplir les conditions suivantes :
- taille suffisamment importante pour le confort la vitesse et la possibilité d’affronter le mauvais temps dans de bonnes conditions de sécurité,
- rapide car les traversées les distances entre escales sont importantes,
- solide,
- tirant d’eau variable pour sa polyvalence,
- très bonne isolation et chauffage à faible maintenance,
- motorisation fiable,
Une taille de 15 mètres m’a semble idéale pour le confort et la vitesse. L’alu s’est imposé naturellement pour la solidité et l’entretien minimum. J’ai aussi retenu l’option quille relevable plutôt que dériveur intégral pour de meilleures performances.
Le Patago 50 est doté de deux cloisons étanches qui divisent la coque en trois compartiments de volumes suffisamment importants pour assurer la flottabilité en cas d’envahissement de l’un d’entre eux.
L’isolation a été très soignée car nous avions prévu un hivernage en Alaska. Réalisée à l’aide de mousse polyuréthane de 10 cm pour la coque et 6 cm pour le pont. Les hublots fixes sont doublés à l’intérieur par un plexi de 2mm. Les panneaux ouvrants ont été condamnés pendant l’hiver par de la mousse styrodur.
Nous avons opté pour un chauffage au fuel de marque Dickinson fabriqué au Canada. La motorisation est assurée par un moteur Perkins 4236 (qui nous a donné toute satisfaction)

Nous avons quitté la France en juillet 2002 pour une première escale aux Açores, toujours aussi magiques.

architecte et voyageur jean francois andre

Puis une escale aux Canaries nous a permis de voir l’évolution des bateaux de voyage et des mentalités. Nous y étions passés en 1985 lors de notre premier voyage. Une courte escale au Cap Vert avant de traverser sur Saint Martin et Panama. La traversée du canal s’est bien passée, l’ambiance bateau y est toujours très sympathique et l’entraide constante.
























Une escale de 15 jours au Costa Rica nous permet de retrouver des amis connus au Brésil il y a quelques années et c’est ensuite la grande traversée de 4500 miles vers Hawaï.



Nous quittons Puntarenas mi-avril .Nous savons que le vent ne sera pas au rendez-vous à cette époque de l’année, mais absent à ce point… Nous mettrons 45 jours pour rallier Honolulu dont quelques journées de 3 a 7 miles. Nous avançons tellement lentement que nous sommes rattrapés par la première tempête tropicale Andres qui nous oblige à faire une route plein sud. Nous prenons beaucoup de retard sur notre programme. L’escale à Hawaii en sera abrégée, et la quarantaine obligatoire pour le chat nous pousse à larguer les amarres encore plus rapidement pour trouver une civilisation moins contraignante.


Nous quittons Oahu le 07 juin pour l’île de Kodiak, Alaska.
19 jours de traversée avec alternance de calme, tempête et forts brouillards. Par contre nous ne rencontrons aucun bateau de pêche, contrairement à ce qui était indiqué dans notre guide. La température descend régulièrement pour atteindre 6°C, les vestes de quart et les bottes sont de nouveau en service. Après 125 jours de navigation depuis Noirmoutier, nous amarrons le bateau dans le port de Saint Paul à Kodiak. Les pêcheurs nous apportent quantité de crabes, on nous prête deux vélos pour visiter les environs et un couple de français installés à Kodiak depuis plusieurs années nous font goûter notre premier saumon et le meilleur : du King salmon.


Le capitaine de port nous a déjà prévu une place pour l’hiver mais notre choix n’est pas encore arrêté, il nous faut visiter les ports de Valdez et de Cordova.
Nous reprenons la route après une escale de dix jours, en direction de Valdez. Les orques nous accompagnent une partie de la journée, ils s’amusent à passer sous la coque ce qui m’inquiète un peu pour la quille et les safrans, mais leur stabilité de route est infaillible.


Valdez n’est pas une belle escale. Ville du pétrole, sa population se compose majoritairement d’employés de la compagnie pétrolière. Par contre nous avons le plaisir de retrouver Michel et Monique des amis de Tahiti sur leur voilier Izaura et aussi Sauvage et son équipage. Sauvage est un dériveur intégral de 18 m en acier que j’ai dessiné en 1992, et que je n’avais jamais vu qu’en photo. Nous naviguons de conserve pendant une dizaine de jours pendant lesquels ils nous font partager leur expérience alaskane. Afin d’explorer le Prince William Sound, Valdez est une bonne base de départ de par sa liaison aérienne quotidienne ou routière avec Anchorage. L’approvisionnement y est aisé mais les produits sont très chers.


Nous sommes impatients de nous rapprocher des glaciers. Nous commençons par » Columbia Glacier », le plus grand de la région avec un front de 6 miles de large plongeant dans la baie. Quelle impression à la barre du bateau que d’avancer parmi les growlers de plus en plus gros et serrés. Mais il faut être prudent et ne pas se laisser enfermer et il nous faudra vite faire demi-tour. Nous ne pourrons pas voir le glacier de plus près.
Ce n’est que partie remise car trois jours plus tard, nous irons au pied du glacier Barry. Un peu trop près d’ailleurs. Par la suite, nous avons appris que les pans de glacier de plusieurs tonnes qui tombent a la verticale, remontent en fait vers la surface comme des feuilles dans l’air et peuvent ressortir 30 ou 40 m plus loin donc … sous le bateau.


architecte et voyageur jean francois andre
















Nous passerons un été complet dans la baie à visiter une partie des centaines de mouillages : ballades à pied, pêche de saumons seront notre quotidien. Les loutres de mer, les aigles, les rennes, les daims et bien sûr les ours sont au rendez-vous, c’est un véritable enchantement d’observer ces animaux dans leur milieu naturel. Extraordinaire de voir une maman ours surveiller ses trois petits qui jouent dans la neige.

Mi-septembre est la bonne époque pour désarmer le bateau. Après le 15, les dépressions se succèdent et les vents de 40 à 60 nœuds sont fréquents. Nous avons choisi le port de Cordova à l’entrée de la baie, le climat y est plus favorable qu’à Valdez et les premiers contacts avec la population sont très chaleureux.

Le bateau est amarré au port de pêche entre les chalutiers. Sur le même ponton, Auli et Hannu de nationalité finlandaise sur leur voilier Kristiina, passeront l’hiver avec nous. Leur expérience du froid nous sera très utile et les longues soirées en leur compagnie nous donneront l’envie d’aller voir leur pays (prochain voyage ?...)

L’hiver se passe tranquillement, les jours sont courts. Au plus creux de l’hiver, le soleil ne se lève que vers 10h30 pour disparaître derrière les montagnes vers 15h. Les aurores et les crépuscules n’en finissent pas et rivalisent de couleurs. Les nuits sont éclairées par les aurores boréales vertes ou blanches créant un ballet fantastique au milieu des étoiles. Nous avons beaucoup de contacts avec la population de Cordova (1800 habitants l’hiver pour 8000 l’été au début de la pêche au saumon). Pêcheurs l’été, les habitants développent, l’hiver venu, des activités artistiques telles que peinture, musique, chants, couture (le « quilt » sorte de patchwork amélioré de surpiqûre). Tous les prétextes sont bons pour se réunir en famille ou entre amis. Ce sont des gens « vrais » qui ont choisi de vivre en Alaska pour la nature et une grande qualité de vie. L’isolement hivernal fait se développer une amitié et une façon de vivre en communauté particulièrement riche. Les écouter, les accompagner dans leurs ballades est un vrai plaisir. Que d’enseignement nous en tirons.

L’hiver se termine les jours s’allongent et nous allons pouvoir réarmer le bateau pour début mai.
Nous devons retourner à Valdez pour y attendre de la famille. Nous aurons la chance d’avoir un mois de mai magnifique et nous découvrirons alors les mouillages déjà visités en août dernier, recouverts de neige. Les premiers ours font leur sortie. Même s’ils sont herbivores durant les 15 premiers jours au sortir de leur jeûne hivernal, il est recommandé de faire beaucoup de bruit en se promenant pour éviter de se trouver nez à nez avec l’un d’entre eux.
Mi-juin, il est malheureusement temps de quitter la baie de Prince Williams pour commencer notre descente. Mais il parait que l’Alaska du Sud-est et la Colombie britannique, c’est bien aussi…

architecte et voyageur jean francois andre





































Ce qui serait à modifier au niveau du bateau :
- une conception de l’ensemble plus typé Fifty avec une grande timonerie, les navigations en Alaska et en Colombie Britannique se font essentiellement au moteur et souvent sous la pluie.
- l’isolation projetée pourrait limiter les ponts thermiques,
- une plus grande autonomie en gasoil
- du fait de la taille du bateau et du chauffage type goutte à goutte, nous avions du mal à chauffer la cabine avant et nous avons eu 2°C avec -20°C à l’extérieur. un radiateur branché sur le serpentin du chauffage aurait pu résoudre ce problème.
Vous pouvez suivre le récit complet de ce voyage sur www.jfandre.com à la rubrique Patago 50 en navigation.

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