La voie du nord (de la manche à la baltique)


Tout le monde n'a pas les compétences d'un marin hauturier, heureusement, le cabotage a aussi son charme. Modestement, de saut de puce en saut de puce, il est possible d'emmener tranquillement son bateau en Baltique en découvrant tous les charmes d'une Europe du Nord méconnue. Tout est question de temps, … mais aussi de temps, ….
Récit d'une longue balade humide vers les terres vikings.

La voie du Nord

"L'entreprise vous offre désormais la possibilité de cumuler vos congés sur plusieurs années !". Que voilà une proposition alléchante, …Tout comme nous, Ratafia, notre vieux First 30, semble en avoir assez des côtes bretonnes qu'il sillonne chaque été. C'est décidé, durant trois longues années, nos vacances seront amputées de trois semaines, histoire de stocker du temps pour aller voir ailleurs si l'eau y est plus bleue.
la voie du nord

Oui mais où ?

L'Espagne, le Portugal, le Maroc, la Méditerranée, Isabelle en rêve. Vision très carte postale du voyage ensoleillé, elle imagine déjà nos enfants patauger dans l'eau d'une crique portugaise. En tant que capitaine, pragmatique et rabat-joie comme il se doit, j’imagine quant à moi, tempête dans le golfe de Gascogne, houle indigeste le long des côtes ibériques et tracasseries administratives au Maroc. Sans parler du surpeuplement des ports méditerranéens. Insidieusement, je parviens à imposer mon rêve d'enfant diamétralement opposé aux aspirations d'Isabelle. "Ah le charme rude des ports de la Mer du Nord ! La poésie d'Amsterdam, les merveilleuses réserves d'oiseaux des îles Frisonnes, les trésors de la Baltique : Ses îles, ses fjords, ses saumons, .. Qui a dit ses Danoises ?".
la voie du nordA force d'arguments "massue" qui frôlent parfois le mensonge (le parfum du gouda frais, la chaleur des étés scandinaves, …), le projet est vendu à l'équipage. Adieu itinéraire classique au travers du Golfe de Gascogne. Ratafia sait se distinguer, c'est vers la Baltique qu'il pointera son étrave.

La première partie du programme est expédiée en août 1999. Ratafia quitte les eaux de la Vilaine pour rejoindre ses starting blocks normands de Carentan. Croisière d'échauffement, menée tambour battant en 5 jours de navigation, qui permettra de confirmer l'attrait de Charlotte (11 ans) pour la mer et le bateau. Son frère Léo (5 ans), sensible au mal de mer, sera dispensé de cette navigation toujours un peu rude autour de la Bretagne. Barfleur, Blanchard, Le Four et Le Sein, sont alors dans le sillage de Ratafia qui, à 200 km de Paris profitera des soins attentionnés de la famille, durant le dernier hiver du millénaire.

30 milles en 6 jours,….

Le 29 avril 2000, l'écluse de Carentan laisse sortir Ratafia de son port d'hivernage. Loin d'être un départ pour les antipodes, ce départ dans la brume me remplit cependant d'allégresse. Toute aussi modeste que soit cette petite aventure, je me sens ému de quitter ainsi, incognito, le port normand. Après un salut à l'éclusier qui s'attend à nous voir revenir le soir même d’une première sortie de saison, les voiles sont vite déployées à la sortie du chenal. Cap direct sur Calais en priant que les conditions météo printanières nous permettent d'éviter un cabotage fastidieux le long de la Manche. Adieu veaux, vaches, cochons,.. A son habitude, la mer casse les projets minutieusement préparés par quelque terrien prétentieux. Un anticyclone sur l'Angleterre se forme plus tôt que prévu et nous envoie un fort flux de Nord-Est dans le nez. L'équipage composé d'amis, pour les étapes de Mer du Nord, a du mal, dans ces conditions, à se remettre du pot de départ de la veille. Un repli stratégique vers Ouistreham est donc décidé. Cargo aux fesses dans le chenal, moteur en panne (crépine bouchée), la grand voile, affalée en catastrophe, se déchire au niveau d'un gousset. Le temps de réparer voile et moteur, les conditions météo s'aggravent et ce n'est que cinq jours plus tard, après avoir traversé la baie de Seine, qu'une longitude Est daignera s'afficher au GPS. "Dis Manu, c'est loin la Baltique ?"

Le charme des canaux

la voie du nordPluies, averses, orages seront ensuite notre pain quotidien dans une Mer du Nord couverte de détritus. Seule l'étape de Boulogne à Nieuwpoort nous épargnera, pour cause de brouillard intense, ce spectacle d'une mer polluée à outrance. Maigre consolation pour une traversée du Pas de Calais rythmée par le vrombissement des aéroglisseurs surgissant de la brume. Le 10 mai, Ratafia atteint enfin la Hollande et c'est sous un orage de grêle qu'est franchie la première écluse du canal de Vlissingen.

Au fil des ponts basculants, tournants, montants, les Néerlandais pédalent sur la berge sans se soucier de la pluie. Question d'habitude probablement. Cela m'inquiète et j'angoisse en imaginant la réaction de ma famille devant embarquer trois jours plus tard à Amsterdam. S'il existe un Dieu des canaux hollandais, il doit être joueur. La veille de leur arrivée, la pluie cesse enfin et une canicule s'abat alors sur toute l'Europe. C'est donc en short que débarqueront du Thalys, Léo, Charlotte et leur maman. "On a mis trois heures depuis Paris", déclarent, hilares, mes enfants. Ratafia aura mis 15 jours, délicieux décalage avec le monde des terriens, …
la voie du nordEmbarquement immédiat pour une découverte d'Amsterdam by night. Ce n'est en effet qu'à deux heures du matin que les ponts de la Venise du Nord s'écartent pour laisser passer les mâts des voiliers en transit.
Ces premiers jours de navigation familiale vont être paradisiaques. Soleil et chaleur nous accompagnent dans l'Ijlsselemeer. Nous finissons nos dernières bouteilles de Bordeaux, à l'apéro, en shorts et tee-shirts, abrités de la brise nocturne par les murailles des péniches hollandaises aux dérives relevées. La journée, Ratafia navigue, entre les moulins, poussé par 15 nœuds de vent constants. Nous ne sommes qu'en mai et nous nous prenons à rêver que cette météo dure tout l'été. Erreur ! Lemmer à l'embouchure du long canal menant à la frontière allemande marquera la fin de l'été hollandais version 2000.la voie du nordEn une journée, les canaux deviennent sinistres. Leur couleur est désormais brunâtre. La terre et les herbes, arrachées aux berges gorgées de pluie, flottent autour du bateau et nous font craindre en permanence de boucher le circuit de refroidissement. Les lacs intérieurs deviennent de mini-raz laborieux à franchir contre les rafales. Sous un déluge quotidien, les éclusiers ne sortent plus de leur guérite. Ils se contentent de nous tendre, par leur fenêtre, un sabot accroché à une canne à pêche pour récolter leur taxe de passage. Disparus les magnifiques canots en bois qui nous accompagnaient encore hier. Seules quelques péniches fantômes, puant le gasoil, nous permettent de nous distraire durant de longues journées de moteur. L'arrivée à Delfjzijl, face à l'Allemagne, frôle le sordide. Attendant l'ouverture de l’énième pont, nous patientons plusieurs heures face à une décharge dont le brasier de détritus, fouettés par la pluie, engendre une fumée fétide qui nous retourne l'estomac. Heureusement, Defjzil marque la fin des canaux et le début des eaux libres. Fini la comptabilité en kilomètres ! Les îles Frisonnes ne sont qu'à quelques milles au large. Je tente de remonter le moral de l'équipage, saturé par la morosité de la Hollande du nord, en décrivant le cabotage idyllique qui les attend demain. Malédiction ! En se penchant de plus près sur le guide Imray, nous découvrons que tous les "watts" entre le continent et les îles sont interdits au tirant d'eau de Ratafia (1m80). Il nous faudra donc nous éloigner au large, contourner d'interminables bancs de sable, les fameux "German Banks", pour pénétrer à nouveau entre les îles par des chenaux étroits décrits par le "Reeds" comme "very dangerous in winds > 4".

"German", fidèle à sa réputation

la voie du nordIl pleut toujours. Après une rapide escale à l'île de Borkum, où les parasites du champ d'éoliennes voisin nous empêchent toute réception météo, nous atterrissons, suite à une navigation houleuse dont Léo aura du mal à se remettre, à l'île voisine de Norderney.
"Atterrir" frôle l'euphémisme. "Prendre racine" semblerait, en effet, plus approprié. Force 7, 8, 9… puis 11, puis 12, nous conduisent à rester dans cette île, assurément charmante en d'autres circonstances, durant plus d'une semaine. Les ballades en vélo ou à pied s'avèrent quasi impossibles à cause du vent. Nous jetterons notre dévolu sur la moindre curiosité touristique de l'île pour échouer, en désespoir de cause, à la piscine, durant des journées entières. Il y fait chaud, l'eau y est bonne et nous pouvons y lire et manger sans vibrer en permanence au rythme fou des haubans fouettés par les rafales.

Le 30 mai, Miracle, la météo nous annonce une accalmie : Nord Ouest force 6 à 7. Il est temps de quitter ces îles infestées de longues oreilles qui détalent entre nos jambes. Malgré les vomissements de Léo durement secoué par la mer forte annoncée, nous avalons d'une traite les 75 milles nous séparant de l'embouchure de L'Elbe. Cohue dans l'estuaire, des dizaines de voiliers bloqués, comme nous, par la tempête, convergent au milieu des cargos qui profitent de la marée montante pour rejoindre les docks de Hamburg. Le moral remonte à bord, la Mer du Nord est derrière nous, la Baltique nous attend tranquillement derrière les 60 milles du canal de Kiel. Les vacances devraient enfin pouvoir commencer.

Bienvenue en Baltique

Merveilleux Nord-Ostsee Kanal serpentant dans la campagne allemande. Sur les berges, les vaches contemplent placidement les cargos du monde entier qui semblent flotter à travers les pâturages. Les bacs transportent gratuitement, vélos et piétons d'une berge à l'autre sous le regard habitué des cigognes. Tout y paraît si calme, si harmonieux. Ce canal évitant aux navires les dures eaux du Kattegat est une prouesse écologique que probablement seuls les Allemands pouvaient réussir.
Au bout de deux jours de traversée bucolique, l'écluse de Holtenau nous ouvre les portes de la Baltique. Somptueux spectacle qui s'offre à nous. Tout ce qui flotte navigue dans la baie de Kiel. Pétroliers et porte-conteneurs bien sûr, mais surtout voiliers de tous âges, régatant à qui mieux-mieux dans cette Mecque de la Plaisance. La grisaille persistante depuis près d'un mois est oubliée devant ce spectacle féerique qui nous effraie cependant par la concentration de bateaux au mètre carré. C'est la place de l'étoile un samedi soir, camions en sus ! A force de zigs et de zags, de coups de barre, et d'empannages successifs, nous parvenons à nous amarrer au British Kiel Yacht Club. So British, en effet ! Une enclave de la perfide Albion à ne manquer sous aucun prétexte. L'accès y est réservé, pour des sombres histoires de douanes, aux non-germaniques. Nous y dégusterons quelques Lagavullin, vendus, hors-taxes, à 1 DM le verre, en devisant gentiment avec des yachtmen venus d'Afrique du Sud ou de Nouvelle- Zélande. Au troisième godet, nous nous sentons aussi, Isa et moi, l'âme de grands navigateurs. Même si nous évitons cependant de dévoiler que nos modestes projets se limitent à une simple virée au Danemark, …la voie du nord

La gastronomie danoise

La remontée de la côte Est de Jylland se passera gentiment avec, en prime (si, si) une journée de soleil ! Les ports sont nombreux dans ces eaux bien abritées, sans marées où de nombreux phoques s'ébattent joyeusement.

La frontière danoise ne marque que peu de différences avec l'Allemagne si ce n'est d'un point de vue financier et culinaire. Le Danemark est hors de prix, notamment pour le stéréotype du plaisancier français que nous sommes : fumeurs et sachant sortir, de temps à autre, les bouteilles du coffre. Le paquet de cigarette coûte 30 F, la bouteille de Whisky, environ 300 F. Quant à la gastronomie, un ami nous avait prévenu : "Plus vous montez, plus c'est dégueulasse." Nos papilles se retrouvent effectivement fort dépaysées au pays où la saucisse est reine. Blanche, brune, rouge, elles ont, en fait, toutes le même goût, proche de celui de notre boudin blanc français.. Nous garderons cependant d'excellents souvenirs de leur cuisson effectuée sur des barbecues, mis à disposition par des capitaineries accueillantes où toutes les commodités sont prévues pour organiser, en libre service, ce type de réjouissance : Grill et foyer à disposition à proximité d'aires de jeux pour les enfants et de salle à manger couverte au cas où,….il pleuvrait. Bien pensé messieurs les Danois, cette prévenance m'a permis de ne pas me faire lyncher par ma famille à qui j'avais promis, pour ces vacances, soleil et navigation facile.

Pour en finir sur le sujet de la gastronomie danoise, il serait malhonnête de ne pas citer leurs délicieux poissons fumés. Maquereaux, harengs et saumons remplaceront vite, au menu, les insipides saucisses et leur incontournable moutarde aigre-douce.

Du tourisme, enfin !

la voie du nordLe 14 juin, après une escale dans l'animée ville d'Arhus (caractéristique assez rare au Danemark), nous atteignons le port d'Ebeltoft qui marquera la fin de notre montée vers le Nord. Nous y resterons coincés, quatre jours, par le mauvais temps. Le temps de découvrir le "Jylland", dernier voilier royal de sa majesté, et de visiter de fond en comble cette charmante bourgade danoise entièrement prise par les glaces durant chaque hiver. Hiver qui ne devait d'ailleurs pas être très loin vu la couche de pulls superposés que nous enfilons chaque jour. Adieu donc projets initiaux de traversée de la Suède par le Gotha Canal. L'été 2000 n'était décidément pas la bonne saison pour tenter cette expédition nordique.

Disposant de deux mois pour retourner dans nos pénates, nous réalisons enfin que nous avons du temps. A défaut de farniente, chaque nouvelle escale danoise deviendra l'occasion de faire du tourisme. C'est à vélo que nous visiterons complètement l'île de Samso, ou la si pittoresque Aeroskobing. Flâner, visiter, s'émerveiller devant les vestiges Vikings, s'imprégner de la culture scandinave nous occupera ainsi pendant plus de 10 jours. Nous découvrirons l'honnêteté scandinave qui pousse les maraîchers à mettre en libre service leurs fraises et leurs groseilles maquereaux, moyennant une petite pièce déposée à l'entrée de leur jardin. Nous nous émerveillerons sous les voûtes blanches des églises ornées de maquettes de voiliers ex-voto. Nous irons même jusqu'à nous baigner dans une eau avoisinant les 13 degrés sous les regards amusés des Danois pelotonnés dans des corbeilles les protégeant du vent. Notre dernière escale danoise sera Bagenkop, face à la baie de Kiel. Coincés une fois de plus par un coup de vent, nous resterons, cinq jours, dans le port probablement le plus laid du royaume du Danemark. Cinq jours à déambuler dans une nuit quasi-permanente. Cinq jours à regarder les vagues passer au-dessus du môle d'entrée. Cinq jours à nous faire regretter le climat idyllique de notre Bretagne chérie.la voie du nord

Ratafia, maison


Cet arrêt forcé à Bagenkop marquera le début de la fin. Si le mois de juillet 2000 fut horrible en France, imaginez son cousin scandinave, …Une fois le canal de Kiel franchi, les îles Frisonnes nous parurent vite, dans de telles conditions météorologiques, totalement inaccessibles. A force de déchiffrer quotidiennement la météo allemande de la capitainerie de Cuxhaven, à l'embouchure de l'Elbe, mon regard désespéré prit l'habitude de s'égarer insidieusement vers la carte des voies d'eaux intérieures de l'Europe.la voie du nordMagie de la topographie et de l'échelle qui réduit toutes impressions de distance. La douce France paraissait subitement si proche. C'est au 6ème jour d'attente que la décision fut prise : Cap à l'est, direction Hanovre. Après un démâtage à Hamburg, le Yanmar 8 CV commença dès lors à se faire entendre quotidiennement. Monotonie d'un millier de kilomètres de canaux, frayeur des écluses allemandes "Kolossales", découverte de l'autoroute qu'est véritablement le Rhin, … Notre décision de retour par les terres fut, à maintes reprises, regrettée. La pluie et le froid ne sont pas plus agréables dans les terres que sur la mer et, décidément, un voilier ventru, faiblement motorisé, doté d'un fort tirant d'eau n'est pas fait pour les canaux.la voie du nordUne centaine d'écluses plus tard, le 12 août, nous arrivons à Paris via Maastricht et le Canal du Nord. Coque écorchée et souvenirs entachés de moult mésaventures de marins d'eau douce. Parmi elles, citons les ports interdits à notre tirant d'eau, les surfs effrayants dus à l'aspiration des hélices des péniches polonaises et les bains forcés, au milieu de rats crevés, pour retirer quelques sacs plastiques coincés dans l'hélice.la voie du nordAujourd'hui Ratafia a soigné ses plaies en région parisienne. Remis de ses émotions, l'équipage ne garde de ce périple humide que de bons souvenirs, notamment ceux laissés par les plaisanciers allemands dont la froideur apparente n'a d'égale que leur gentillesse. Ratafia a pris, au printemps, la direction de la Méditerranée confortablement installé sur la remorque d'un camion. Si l'eau n'y est pas plus bleue qu'en Bretagne, elle y sera au moins plus chaude. Et malheur, l'été prochain, à la première goutte d'eau qui viendra s'écraser sur le pont !

La route vers l'Europe du Nord, pratique

Géographie

La Manche
Deux dangers principaux : Ses coups de vents fréquents et son trafic maritime important (notamment dans le Pas de Calais).
De nombreux ports accessibles à toutes heures de marée sauf dans la baie de Somme qu'il est conseillé de couper en une seule étape (environ 60 milles de Dieppe à Boulogne).
De Boulogne à la frontière hollandaise, la côte manque d'intérêt touristique, surtout lorsqu'il pleut (ce qui est malheureusement souvent le cas, ..)

Les canaux, les lacs et les mers intérieures hollandaises

Eaux abritées et profondes où l'on peut naviguer en majeure partie sous voile. La plupart des ouvrages est prévue pour laisser passer les voiliers. Les ponts s'ouvrent à la demande (VHF). Attention au passage des grandes villes où la circulation automobile l'emporte sur le trafic maritime.
Des endroits magnifiques, où la nature est reine, contrastent avec des zones franchement industrielles.
Marées et courants dans certaines mers intérieures.
la voie du nordLes îles Frisonnes allemandes

Passage aisé pour les bateaux calant moins d'1m50, entre les îles et le continent.
Passage beaucoup plus scabreux pour les gros quillards, forcés de contourner très au large chaque île et de choisir avec attention les ports en eau profonde.
Ces îles sont, pour la plupart, des réserves naturelles et des lieux touristiques très prisés (casino, hôtel de luxe, plages aménagées, ...). Une sorte de "riviera" allemande (soleil et température en moins)

Embouchure de l'Elbe, Canal de Kiel

Jusqu'à 50 km en aval d'Hamburg, l'Elbe est soumise aux marées. Soit près de 100 milles de chenal soumis à un fort courant (5 à 6 nœuds). L'atterrissage ne pose pas de problème, il suffit de suivre les cargos et de remonter avec le flot (durée environ 7H). Pour sortir de l'Elbe, le problème est plus complexe car la marée descendante n'accompagne les bateaux que durant 5 heures.
Le Canal de Kiel est une sinécure comparée aux bancs de German. Pas de marées, pas de courants, des ponts de plus de 30 m de hauteur, une signalisation parfaite pour régler le trafic et seulement deux écluses à chacune de ses extrémités.
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La Baltique

Décrite selon les guides comme un paradis de la croisière familiale, le seul bémol à apporter est les conditions climatiques. (de juin à mi-août : "not so bad", qu'ils disaient,...).
Des ports superbement aménagés sont rarement distants de plus de 10 milles.
La zone est bien abritée grâce à la multitude d'îles parsemant la zone. Malheureusement, vu la force des coups de vent que nous avons rencontrés, nous avons eu la démonstration que la Baltique n'avait cependant rien à voir avec un lac. (Lors du coup de vent de Bagenkop, plusieurs trois mâts ont été, comme nous, dans l'impossibilité de rejoindre Kiel, éloigné d'à peine 40 milles)
Attention aux marées, soit-disant inexistantes. Lors de forts coups de vents, l'eau peut descendre de plus d'un mètre. Phénomène très gênant car les ports ne sont généralement dragués qu'à – 2m.
la voie du nord

Les voies d'eaux intérieures

En Allemagne et en Hollande, sans être un ravissement, cet itinéraire ne s'est pas avéré trop désagréable. Tout est en effet prévu pour y accueillir les plaisanciers et notamment les voiliers. Escales en eau profonde, convivialité des éclusiers et propreté des eaux. Nombreux sont d'ailleurs les plaisanciers danois et suédois empruntant cet itinéraire pour rejoindre la Méditerranée.
Le Rhin reste cependant une zone à part. Les convois gigantesques de péniches à plusieurs étages et le courant, de l'ordre de 4 nœuds, créent par endroits des zones de turbulences assez impressionnantes.
En France et en Belgique, tout est bien différent. Pollution à outrance, canaux non dragués, ports de plaisance inaccessibles aux quillards, absence de zones de ravitaillement,... Un cauchemar !

Comment s’y rendre ?

Pour un périple familial à bord d'un voilier à tirant d'eau réduit, l'itinéraire par les canaux hollandais et l'intérieur des îles Frisonnes offre une navigation facile, confortable et touristique.
A bord, d'un gros quillard, un équipage expérimenté et pressé de visiter les eaux de la Baltique préférera profiter d'une bonne météo et tirer au large jusqu'à l'embouchure de l'Elbe (environ 300 milles à partir de la frontière belge). C'est cette option qui, d'ailleurs, avait été retenue par le seul bateau français rencontré durant notre escapade. Attention cependant au peu d'escales de repli possible au large des îles Frisonnes.
Je déconseille fortement notre itinéraire de retour par les canaux allemands. Un voilier n'est décidément pas fait pour ce genre d'épreuve.

Si la location vous tente, la seule base importante rencontrée (regroupant différentes sociétés) est à Kiel.

Météo

D'après les autochtones, nous n'avons vraiment pas eu de chance. L'été en Baltique est, paraît-il, souvent ensoleillé avec des brises faibles, … Nous demandons à voir, …..

La plupart des capitaineries rencontrées affichaient avec sérieux d'excellents bulletins, malheureusement trop souvent exprimés uniquement en langue allemande.
Les Bulletins de France Inter sont audibles au-delà de Kiel mais ne couvrent pas la Baltique. Mieux vaut alors recueillir ceux de BBC4.
Des répondeurs téléphoniques en langue anglaise sont en service au Danemark.

En conclusion, en l'absence de Navtex et à moins de dominer parfaitement l'anglais et l'allemand, n'oubliez pas de vous munir d'un magnétophone et de bons dicos.

Cartes et documents

Nous avons acheté les cartes au fur et à mesure de notre avancée vers le nord. A cause de l'évolution des bancs de sable, il est en effet important de disposer des cartes locales remises à jour tous les ans.
Pour préparer votre voyage, le Reeds et les guides Imray sont très pratiques et disponibles en France. N'hésitez pas à les acheter à l'avance. Certains termes anglo-saxons sont assez hermétiques et mieux vaut les avoir compris avant plutôt que d'en chercher la signification au dernier moment.
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Les plus belles escales

Amsterdam : Après cet instant magique qu'est la traversée de la ville de nuit, essayez de trouver de la place dans le charmant petit port privé de Sixhaven. De là un bac gratuit vous emmènera directement au centre ville.
Marken : Un des nombreux petits ports si pittoresques qui entourent la Markermeer et l'Ijsselmmer (au nord d'Amsterdam).
Norderney : Probablement le meilleur abri des Iles frisonnes. Une île rude à la flore et la faune protégée qui contraste avec ses touristes de luxe errant entre casino et plage balayée par le vent.
Kiel : Parmi sa dizaine de ports, choisissez le British Yacht Club ou la marina de Laboe. De là, prenez le bac et visitez le musée de la marine nationale et la ville de Kiel, entièrement détruite lors de la seconde guerre mondiale. Une page d'histoire tout aussi sinistre vue de l'autre camp. Une page d'histoire macabre qu'on a tendance à ne pas vouloir connaître.
Arhus : La deuxième ville du Danemark, célèbre pour ses universités. Elle grouille de vie, de jeunes, de cafés. La ville à laquelle doivent, probablement, les Danois leur réputation de méditerranéens de la Scandinavie.
Lundeborg (île de Fyn) et Ballen (île de Samso) : Deux petits ports de pêche qui sentent bon le bois des maisons rouges et les fumeries de poisson. Difficile d'y trouver de la place, mais impossible de les quitter. Le point de départ rêvé pour découvrir, à vélo, des îles magnifiques.
Hamburg : Ce port est un dédale grouillant d'activité. Les remorqueurs semblent se courir les uns après les autres. Les pétroliers y font des créneaux, les grues virevoltent dans tous les sens. Ca sent le fuel, le cambouis, mais cela sent surtout les voyages lointains. A conseiller à tous ceux que les cargos font rêver. A conseiller aussi à ceux qui ont l'image faussée d'une Allemagne bourgeoise type munichoise. Les Hambourgeois sont fiers de leur ville, qui rit, qui parle, qui fait du bruit. Une petite ambiance underground très agréable au retour d'une visite du Danemark qui nous a semblé, parfois, un peu trop sage.

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