Le gros temps au ponton


Tout est dans le titre:
- On laisse son bateau au ponton ou au corps mort pour la mauvaise saison
- Ou encore suite à un coup de vent annoncé , on doit laisser son bateau ou en assurer la veille à bord.

Que risque t-on ???
Comment limiter les risques ???
En deux mots : QUE FAIRE ???

Quels sont les risques :

Au ponton sur catway, amarré cul à quai, ou bien à couple, les risques importants sont:
- les chocs de la coque ou des structures (balcon , bout-dehors) du bateau qui peuvent au mieux écailler la peinture, le gelcoat, la fibre du ctp, ou entamer le bois de la coque, ou au pire percer la coque avec un risque d’atteinte grave à l’intégrité de la coque pouvant éventuellement engendrer la perte du navire.
- le ragage de la coque qui peut laisser des traces profondes et à vie sur la coque ou engendrer des réparations onéreuses.

Au mouillage sur bouée, les risques sont :
- la rupture du corps-mort
- le ripage de celui-ci
- la rupture de l’amarrage sur la bouée, ce qui entraîne le bateau dans une dérive incontrôlée conduisant la plupart du temps au mieux à son échouement ou au pire à sa perte.

Les facteurs aggravant des risques :

- l’exposition au secteur du coup de vent est bien évidemment prépondérante, mais la houle levée par un coup de vent peut entrer profondément dans un port ou un abri et malmener le bateau.
- la force du vent
- la nature du vent : constant ou en rafales
- la durée du coup de vent et la houle levée par celui-ci


- le fardage :

Un bateau, voilier ou moteur présente une surface au-dessus de l’eau qui s’appelle le fardage. Tout ce qui est au-dessus de l’eau augmente la surface de fardage. Pour certaines surfaces, on ne peut intervenir : le mat, le roof , le fly d’un bateau moteur, …
Mais d’autres éléments rapportés, amovibles ou non, augmentent ce fardage :
- l’annexe à poste et ses bossoirs
- moteur d’annexe sur balcon
- les voiles ferlées à postes
- l’éolienne
- les panneaux solaires
- les vélos sur le pont
- la planche à voile ou de surf sur le pont, attachée le long des filières

- l’environnement du bateau

En effet l’environnement proche du bateau modifie aussi le danger : quai en béton solide mais rugueux, catway souple mais contondant, fond de sable ou de roche, proximité immédiate des autres bateaux au vent ou sous le vent.

Préparer le bateau lui-même :

Compte tenu de ce qui est énoncé ci-dessus il y a des mesures évidentes à prendre.

Tout d’abord l’intérieur doit être rangé, les équipets fermés et assurés, le gaz fermé, les passes-coque fermés, hublot aérateur aussi. Si on vit à bord, prévoir donc un repas froid L

Ensuite :

- annexe dégonflée et rangée dans un coffre ou saisie à plat pont dans sa housse.
- annexe rigide retirée de ses bossoirs ou sortie de l’eau pour qu’elle soit saisie à plat pont à l’envers.
- déposer les voiles et assurer les drisses qui peuvent battre. Si les voiles ne peuvent être déposées ne pas faire confiance à la drisse d’enrouleur ou au sac du lazybag : les voiles doivent être ferlées (éventuellement par-dessus du lazy bag) par de la garcette et non par des sandows au risque de retrouver une voile déchirée.

Ce génois n’a pas résisté à un vent fort :-(
le gros temps au ponton

- ranger dans le bateau planche à voile ou de surf ou du moins les saisir à plat pont pour limiter la surface verticale, idem pour vélo ou la grand-mère qui sèche J
- déposer l’éolienne et les panneaux solaires (à défaut contrôler leurs fixations), bloquer l’éolienne.
- déposer ou rétracter le bout-dehors.
- ranger ou replier les bossoirs si c’est possible.
- concernant le gréement, on préconise en temps normal de libérer le pataras pour relâcher les tensions et efforts . Toutefois, dans le cas d’un coup de vent, il est préférable de le laisser légèrement en tension pour éviter un effet de pompage du mât dû au coup de fouet de l’étai (souvent avec son enrouleur), qui entraîne une fatigue accélérée des pièces.
- la capote, bimini, etc. doivent être déposés et rangés.
- la bôme peut être déposée et saisie sur le pont. A défaut ne pas la laisser suspendue à sa balancine ou en appui sur son hâle-bas rigide, car avec le mouvement de roulis du bateau, la bôme peut prendre de la vitesse et augmenter le roulis, amenant un risque de rupture du vit de mulet, de la balancine ou du hâle-bas. Sans parler de risque de choc dans son entourage.
- et enfin, si on est absent de son bateau, il peut être utile de laisser à vue un jeu d’aussières (non neuve tout de même) au cas ou en catastrophe soi-même ou une autre personne veuille assurer une amarre rompue ou … ne sait on jamais, pour soi même pour le bateau d’à coté, une personne à l’eau.. Liste non exhaustive.

Le bateau et son environnement :

- si possible, préférer mettre le bateau nez au vent. Dans le cas du mouillage, il s’y mettra à priori seul, sauf si le courant est plus fort que la prise au vent du fardage, cas fréquent à mi marées de vives eaux dans une ria bretonne,

- à couple : on peut mettre les bateaux tête-bêche (cas des voiliers) pour éviter que les mâts ne tricotent entre eux., à défaut essayer de le décaler.

- on doublera les amarres, en prenant soin de limiter le risque de ragage des aussières dans les chaumards ou aux points de frottement par un morceau de tuyau d’arrosage enfilé sur le bout, ou par un chiffon coincé entre le bout et la zone agressive. Sur chaque amarre double l’une est tendue l’autre est lâche : la deuxième amarre est en sécurité, ceci au ponton ou au mouillage.

- Les amarres, on parle de leur qualité d’élasticité, on peut (certains diront il faut) mettre des amortisseurs caoutchouc ou à ressorts. Bien les choisir aussi, les prendre hydrophobes pour celles qu’on garde à bord d’escales en escales, hydrophiles pour celles restant à demeure sur le ponton. Le poids du cordage, alourdi par l’eau, ayant un meilleur effet amortisseur. Certaines marquent semblent donner de bon résultats comme la marque « Squareline » celle-ci donnée pour exemple, les fabriquant pouvant donner les caractéristiques et usages de leur production.

- Les points d’amarrage, il est important de faire attention à la qualité des taquets et de leur fixation, en effet en apparence tout semble correct, mais la structure du pont ou la corrosions des vis peuvent sérieusement diminuer leur capacités à encaisser un gros coup de vent, alors on peut saisir les amarres sur des points plus fort comme le guindeau, les haubans, les winch ou même pied de mat. Pour ces deux derniers exemple, on se doute que c’est porter une fatigue sur ces éléments cliquet de winch par exemple), mais pour sauver le bateau sur une période courte, le jeu en vaut la chandelle.

Pour exemple la photo ci-dessous d’un chaumard ayant explosé le liston.

le gros temps au ponton

- concernant le choix des nœuds, préférer le tour mort et deux demi-clefs : c’est un amarrage possible à larguer en charge contrairement au nœud de chaise impossible à dénouer en charge.

- dans le cas d’un bateau perpendiculaire au quai / ponton et pointe vers celui-ci, on croisera les amarres : c'est-à-dire que dans le sens du bateau, l’amarre du taquet tribord du bateau ira vers le point gauche du ponton / quai et lycée de Versailles pour l’amarre bâbord.

Pour illustration le croquis ci-dessous.


le gros temps au ponton


- ne pas oublier les gardes avant et arrière.

- le réglage des amarres est important car elles assurent la bonne position du bateau par rapport au ponton en l’empêchant de s’en éloigner trop ou de s’en approcher trop (cas des gardes).

- mais cela n’étant pas suffisant, il faut assurer une protection au ragage en plaçant des pare-battages.

- le bateau pouvant monter et descendre par rapport au ponton flottant les pare-battages peuvent avoir tendance à sauter par-dessus le ponton ou, par effet ressort, à remonter par-dessus les filières. Plusieurs solutions et philosophie sont possibles (voire s’opposent). Pour certains, il est préférable de suspendre les pare-battages aux filières car celles-ci assurent une certaine souplesse. D’autres préfèrent utiliser le rail de fargue (quand il existe) plus solide. Mais tous s’accordent sur le fait qu’il faut utiliser du bout extensible pour garantir la souplesse de la fixation.

- la pose de pare-battages peut se faire à des hauteurs variables et alternées permettant de limiter le risque que tous les pare-battages sautent par-dessus le ponton.

- dans le cas de coup de vent très fort (comme la tempête DEAN sur l’arc antillais) des pare-battages furent retrouvés entourés autour des filières. Donc il peut être nécessaire d’assurer le bas des pare-battages par le dessous de la coque. Dans ce cas il peut être aussi judicieux de ne pas fixer les pare-battages sur le bateau mais sur le catway, ou encore renforcer la protection avec pneus, ou tout objet souple de grande surface.


Une image classique des pneus utilisés en parre battage

le gros temps au ponton

- dans le cas du mouillage sur ancre, si on n’est pas à bord, c’est un peu la bonne fortune, deux, trois, quatre ancres pourraient ne jamais suffire. En tout cas, les plus lourdes, le plus de chaîne possible et un câblot, et tout ça de forte section en fonction du poids du bateau. Si on est à bord du bateau, la solution préconisée est de mettre en route le moteur en avant lente ou léger rapide pour soulager la tension sur le mouillage.

- le mouillage sur pieu est hasardeux car il est difficile de savoir dans quelle mesure on peut leur faire confiance (d’ailleurs une bouée quel état de la chaîne ?? en autre) mais un pieu qui pourrait paraître solide peut lâcher.



le gros temps au ponton



En conclusion :

La meilleure précaution est de ne pas subir le coup de vent, ou… de le fuir si c’est possible ;-)


article collaboratif des matelots de hisse-et-oh

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