Le gazole en grande croisière


Comment faire le plein en grande croisière ? Ca paraît trivial comme question, mais elle se justifie par le fait suivant : Djinn III n'a plus vu de pompe à gazole depuis… Port Suez, exception faite d'Aden, mais nous avons boycotté cette dernière vu la rapidité et la saleté des opérations.

Comment faire le plein ?

Donc, partez du principe qu'en grande croisière, le plein se fait à la main, c'est à dire à l'aide de jerricans que l'on va remplir à la station.
Ca suppose que l'on ait des jerricans à bord. A ce propos, quelqu'un connaît-il un type de jerricans à gazole vraiment étanche ? Ca me ferait plaisir.

Sur Djinn III, nous avons 4 jerricans de 20 litres pour remplir un réservoir de 250 litres. Ca fait donc trois aller et retours pour faire le plein, sauf si nous empruntons des jerricans à un bateau voisin.
Attention ! Il convient d'inspecter la propreté des jerricans que l'on vous prête, c'est souvent par là qu'on introduit des cochonneries dans le réservoir.

Partez aussi du principe que vous êtes au mouillage quand vous faites cette opération, donc prévoyez une annexe en conséquence. Que de plaisir ! Heureusement, si vous le souhaitez vous pourrez sûrement trouver un agent ou une bonne âme pour effectuer la corvée pour quelques sous.

Remplir le réservoir avec des jerricans sans barbouiller le pont de gazole est une gageure. La bonne combine : non pas un très grand entonnoir, comme me l'a fait justement remarquer mon cher confrère FX deV&V. Avec un petit siphon, c'est en effet plus simple, plus économique, plus propre et il n'y a pas besoin de soulever le jerrican. Quand il y en a dix, ça compte.


La qualité du gazole

Ce n'est pas toujours Bizance. Le mieux est de se renseigner auprès des autres navigateurs. Personnellement, je jette toujours un coup d'œil à la turbidité du gazole, mais ce n'est pas un œil très averti. Dans le doute, on peut filtrer le gazole avec un bas monté sur l'entonnoir.

Il paraît aussi que, parfois, il y a de l'eau dans le gazole. On peut en avoir le cœur net en prélevant un verre dudit gazole. La séparation eau-combustible est rapidement visible le cas échéant.

La quantité de gazole

Sur Djinn III, nous avons un moteur sensass, qui ne consomme que 1,6 litres à l'heure. Soit une autonomie de 150 heures ou de 750 milles environ avec les 250 litres du réservoir. On y ajoute 80 litres de réserve en jerricans, et ça nous paraît plus que suffisant.
C'est dur à dire, mais on passe trop de temps au moteur pendant un voyage en voilier. Il y a bien des situations qui incitent à l'aide mécanique : pétole, rendez-vous à une date précise, saison à respecter, batteries à plat, VMG déprimante… A Salalah, nous avons ainsi rencontré un Swan sur le pont duquel étaient alignés 40 jerricans de 20 litres de gazole ! L'équipage était en convoyage express entre la Thaïlande et la Grèce, le moteur consommait 5 litres à l'heure, bref…
Nous avons aussi rencontré un Passoa qui disposait d'une réserve d'une tonne (pas mal pour un 43 pieds) et les propriétaires ne s'en plaignaient vraiment pas. L'autonomie n'est pas seulement une question de milles assurés ou de watts, c'est aussi la possibilité de différer un plein parce que le gazole local est de mauvaise qualité, que la pompe est loin, ou que celle de la prochaine escale est moins chère.

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