Le sine saloum (fleuve sénégalais)


Changement de programme. Nous ne traversons pas cette année. Le vol de nos passeports retardant tout départ. Dans un premier temps, nous ne pouvons obtenir que des passeports temporaires, valables six mois ; Or, pour l’arrivée sur le Brésil, les passeports doivent être valides plus de six mois. Quel casse-tête !

Et puis, il faut bien le dire, le Sénégal mérite qu’on s’y attarde plus de deux mois.

Avant de partir dans le Saloum, nous rencontrons Georges Meffre qui redescend en Australie, à bord d’Antartic, un voilier construction Meta de 20 mètres. Nous sympathisons, et la veille de notre départ, lui et Matthieu, jeune architecte, viennent dîner à bord, ainsi que Tito, un canarien. Dialogues en espagnol et en français. Les digestifs font le tour de la table et ce petit monde repart sur son bateau respectif dans un état second. Tous sont ravis de ne pas avoir à subir un contrôle d’alcoolémie, entre les bateaux.

Les canaux de Patagonie, Ushuaia, le Chili nous font maintenant rêver, délirer même. Avec un bon chauffage, après tout…en attendant, il fait 35 degrés et nous sommes début janvier.


La passe d’entrée du Saloum n’est pas simple. Apres avoir slalomé entre les filets de pêche, il faut maintenant éviter les bancs de sable.
Des petits villages longent le fleuve, faits de cases d’argile et de toits en roseaux.

La population est plus cool qu’à Dakar, moins envahissante avec les toubabs (les blancs).

Nous resterons plusieurs jours à Foundiougne, prenant le temps de regarder et de discuter avec les différents artisans. Le troc, ici, est monnaie courante. Avec Assane, nous allons à un tournoi de lutte traditionnelle. L’argent récolte à l’entrée permet de financer l’achat de médicaments, de vaccins redistribués à la population par le dispensaire.

Avec lui, nous partons également une journée en brousse, à bord de la Mercedes locale…un cheval et une charrette. A l’approche d’un village, nous nous arrêtons afin de voir les paysans travailler le mil qui devient couscous, et farine dont ils font du pain qui se conserve très bien.

Tout au long de notre promenade, différents oiseaux nous accompagnent : des hérons cendrés, des calaos avec leur gros bec, des pies bleues, des perroquets verts….

Apres un barbecue près du fleuve, nous repartons, retraversant des hameaux dans lesquels nous faisons halte. Journée inoubliable avec des gens chaleureux, des enfants toujours gais.

Apres Foundiougne, navigation dans les bolons, un peu hasardeuse par endroits, car il y a peu d’eau.

Végétation dense, principalement des palétuviers aux racines enchevêtrées sur lesquelles des huîtres à foison, ne demandent qu’à être mangées…elles sont délicieuses, juste ouvertes sur le barbecue…Prudence oblige.

Des pélicans, en grand nombre, ornent les petites plages.

Il n’est pas aisé de naviguer dans les bolons, véritables labyrinthes aquatiques. Il faut sans cesse vérifier la carte, la profondeur et contourner les bancs de sable inconnus.

Nous aimons ces instants privilégies, ou l’on est en osmose avec la nature, des moments qui n’appartiennent qu’a nous, ou l’harmonie se crée, sans cesse renouvelée, ici par le vol d’une aigrette, la par le cri d’une sterne plongeant pour récupérer un poisson. Nous aimons le fleuve et retrouvons la même plénitude que dans le Guadiana.


Des que nous aurons récupéré des bambous neufs, nous partirons en Casamance, ou le calme est revenu, et en Gambie afin de voir les hippopotames et les crocodiles sur le fleuve.

Nous avons le temps, maintenant, la bonne période pour traverser étant de Décembre à Février. En attendant, nous nous imprégnons de la culture africaine, apprenant à jouer du djembe, nous régalant visuellement en regardant vivre les gens, si joyeux malgré leur vie difficile et précaire. Comme eux, nous réapprenons les joies élémentaires du présent vécu intensément. Chez nous, trop de richesses nous ont fait oublier cette vraie sagesse, et cachent mal une autre misère, intérieure celle-la, celle de la solitude et du scepticisme.

Ici, on agit comme si demain ne devait jamais exister, parce qu’il n’est pas encore la, qu’on ne peut pas le voir. Mais aujourd’hui est le demain d’hier, donc demain existe.


n31 le sine saloumMaintenant deux ans d’incubation du virus de nomades et nous ne nous sentons nullement blasés, bien au contraire. Cette liberté, nous l’avons choisi, désiré.

Au départ de Toulouse, notre itinéraire était tracé d’avance, ayant calculé le temps que nous passerions dans chaque endroit. Sans le démâtage, nous serions passés au Sénégal certes, mais rapidement, sans prendre le temps parce que nous étions alors pressés de tout voir. Nous avons appris depuis à approfondir, et surtout à savoir qu’en bateau, il ne faut pas prévoir.

Elle est pas belle, la vie ?



Côté technique, les bancs de sable de l’entrée du fleuve ne cessent de bouger et le mieux est de demander dans un des clubs de Dakar au dernier navigateur qui est entré dans le Saloum. Une fois dans le fleuve, le balisage est à peu près similaire à celui de la carte, pour les bolons, il faut explorer à faible vitesse et à marée montante

Bonne découverte !

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