La plomberie à bord


pour être fier de sa plomberie, et éviter les problêmes.


le problème

la plomberie a bord
Un bateau moyen a au moins deux ou trois points d’eau douce : douche arriere, evier, lavabo, et autant de prises d’eau de mer : moteur, wc, evier pour la vaisselle.
Au moins deux ou trois réservoirs dans les fonds , sans compter peut etre un journalier en hauteur
Des pompes variées alimentent tout ce beau montage, et d’innombrables vannes sont cachées dans les coffres divers.

Il y a souvent aujourd’hui un chauffe-eau à échangeur, et donc en plus une répartition d’eau chaude entre lavabo, douche etc..sans oublier quelques contraintes de circuit de moteur : nécessité d’un by-pass pour qu’une avarie ou réparation au chauffe-eau n’empèche pas le moteur de marcher

Le dessalinisateur qu’on montera un jour (quand on aura économisé) à besoin aussi de raccords a l’eau de mer et aux réservoirs.

Le réservoir sanitaire pour ne pas polluer nos baignades ajoute encore des vannes et commutations diverses , en gros diamètre cette fois.

Enfin, il reste la vidange des douches , combinée aux diverses pompes de cale, et là ça devient sérieux , car en cas de pépin, plus question de bricoler avec de l’eau au dessus des planchers.

Bref, aprés quelques adjonctions, bricolages et modifications, la plomberie a bord devient presque aussi complexe que l’électricité, sa surveillance est inextricable si le montage n’est pas rationnel et robuste ( j’entends une fuite quelque part, ou ça peut bien étre ?…tiens il y a de l’eau la dedans..)


Les matériaux

Quelques guides pour la plomberie « de confort » (par opposition aux organes « de sécurité » tels que passe coques et circuit moteur):

Les vannes, robinets, raccords (té, nourrices) peuvent être de type « maison » en veillant simplement à chasser toute ferraille : les colliers, les leviers seront donc parfois a changer

Les tuyaux : on trouve plusieurs type de raccordement en plomberie « maison » avec leurs avantage et inconvénients :
-Le cuivre recuit sans soudures, avec ses variantes de montage ( collets battus, olives serrées,..) robuste , difficile a router, craint l’eau de mer, attentions aux contraintes si les organes bougent un peu.
-Et pourquoi pas le cuivre avec raccords soudés ( sur une coque acier, comme sur les cargos, si les vaigrages ne sont pas encore posés car sinon, le chalumeau à l’intérieur c’est du suicide) Résultat impeccable mais modifications difficiles; Attention sur les coques alu, le mariage cuivre et alu est mortel!
-Le polyéthylène d’arrosage (noir)  avec ses raccords plastiques à joint torique, facile a monter, mais n’aime pas les coudes, raccords volumineux (a réserver aux gros catas ou on ne sait plus quoi faire de la place )  
-Le polyèthylène d’intérieur et chauffage ( tube PER bleu ou rouge) avec les raccords cuivre sertis : tient la pression et température, mais les coudes doivent être très larges, et l’outillage coûte cher. On a le choix entre des raccords sertis économiques, mais avec une pince couteuse, ou des raccords a sertissages manuels, plus chers (environ 25f chaque) mais qui se montent avec une clé peu onéreuse...à vous de calculer.
-Le pvc haute pression, rarement vu sur les bateaux, peut aussi être utilisé : raccords par collage ou filetages, facile a installer

D’autre systèmes de raccord sont typiquement « plaisance » : Le nylon armé (« tricoclair « ou équivalent) facile a passer partout, peut geler sans crever, mais de nombreux colliers source de fuites, et supporte mal les surpressions, et surtout l’eau chaude. En tout cas il doit se raccorder uniquement a des raccords cannelés pour tenir la pression, avec double collier de préférence : en effet sur du tube lisse, l’eau pénètre en film capillaire et devient un lubrifiant, le tuyau glisse lentement puis saute.

Enfin on trouve parfois sur les bateaux d’occasion des bricolages de tous genre comme du tuyau d’arrosage armé ou non, serré sur des bouts de tube de cuivre !
Le meilleur choix ?, chaque systeme peut marcher, à condition d’être cohérent, en tenant compte des limites et en utilisant les raccords « prévus pour »

Mon prochain montage sera mixte, en tube PER (bleu rouge ou noir, pour éviter les erreurs) pour les lignes longues et cuivre recuit pour les raccords courts. Le tricoclair m’a suffisamment occasionné de fuites, le cuivre sur olives a gelé une fois , avec sérieuses réparations a la clé.

Les diamètres : sur nos 10-12m, le tube 1/2 pouce (12/14 en cuivre) et tous les raccords associés en ½ est un bon compromis. Les vannes à deux voies de ½ sont un peu volumineuses, mais on peu simultanément remplir les réservoirs au quai et faire la vaisselle. Le tube de 3/8 (10/12 en cuivre) peut aller pour les robinets ou chaque accès de réservoir.  



Le schema

Combien de bateaux neufs visités ont une plomberie rationnelle ? il faut soulever un plancher pour changer de réservoir, retirer une couchette pour voir le filtre d’eau de mer.. et pas de circuit direct du quai possible, pas de purge pour le gel, aucune vanne n’est repérée, etc..
Et les organes sont répartis dans tous les coins, on ne peut soulever un coffre ou on pensait mettre les réserves, sans trouver un écheveau de tuyaux mal tenus..
 
Le grand schéma de plomberie doit être fait a l’avance, en prévoyant tout l’avenir possible : réservoirs supplémentaires, chauffe-eau futur, raccord de quai, douche de jupe etc.. et les nourrices et répartiteurs en conséquence. Si les gaines et passages sont largement prévus, les tuyaux eux mêmes pourront n’être tirés que quand les travaux avancerons.
 
Le cœur du circuit est le répartiteur avec ses vannes de sélection et d’isolement. Selon la place, on peut séparer en plusieurs petits tableaux, un pour l’eau froide, un pour l’eau de mer, un pour les vidanges par exemple, mais le groupement des vannes d’usage courant en un lieu accessible, avec des repères simples et un mode d’emploi explicite, est vraiment impératif.
 
Les accessoires utiles :
-le limiteur de pression pour le quai évite le bruit joyeux du tuyau qui saute au milieu de la nuit
-le réservoir tampon de 1 à 5l, évite les fonctionnements en hoquet de la pompe quand on tire peu au robinet.
-Les robinets économiseurs : il faut appuyer pour avoir de l’eau, ce qui évite les gaspillages lors des toilettes familiales.
-La pompe a main de secours, permettant de ne pas mourir de soif face a deux réservoirs pleins, quand la pompe electrique est en rade

Le répartiteur d'eau douce

la plomberie a bord
Le répartiteur principal sert a la gestion de l’eau, utilisable par tous, accessible :
-Choix du réservoir en cours d’usage ou de remplissage
-Alimentation sur réservoir ou sur quai
-Remplissage direct du quai.
Il doit isoler la pompe pendant l’usage du quai
La fonction remplissage direct et/ou eau sous pression du quai est très pratique à l’usage : plus de nable à ouvrir
 
Ce répartiteur peut être fait avec des vannes simples sur une nourrice, mais les positions interdites compliquent beaucoup : je préfère maintenant des vannes «  deux voies », il en faut typiquement trois pour un montage universel :
-Vanne à 2 voies « source d’eau » : en mer, réservoir via la pompe ou au quai, eau du port direct via un limiteur de pression. elle alimente une nourrice a N sorties selon le nombre de points d’eau
-Vanne à 2 voies « utilisation des réservoirs » : soutirage , via la pompe, ou remplissage direct par le quai
-Vanne à 2 voies « sélection réservoir » s’il y deux réservoirs sinon c’est une nourrice avec des vannes simples
 
schéma : répartiteur pour trois réservoir et trois usages : à gauche,  position « quai » en vert et « mer »en rouge, à droite, position « remplissage » en vert et « soutirage »  en rouge
 
Les vannes « deux voies » laiton à boisseau inox sur teflon ont trois orifices (les revendeurs de plomberie les appellent parfois vannes à trois voies !), et selon l’orientation du levier , deux sont connectés et le troisieme isolé. On les trouve au catalogue des ships, ou a moitié prix chez les grossistes de plomberie-chauffage. Exemple, la vanne de ½ est a 300f ttc chez Vétus et a 110f ttc chez un grossiste.
(NB : je n’ai rien contre Vétus, qui fait et vend de l’excellent matériel, mais tout ce qu’on peut acheter ailleurs !)
Il y a divers modèle selon la forme des passages dans la bille : en T ou en L, et selon le sexe des filetages.
 
Les autres vannes d’usage moins fréquent servent à isoler une partie qui fuit ou pendant un bricolage (vannes d’arrêt), ou à passer en mode « secours » (pompe manuelle en cas de panne) ou a purger l’hiver, etc.. : elles sont manœuvrées par « celui qui sait » et peuvent être moins accessibles.

Le repartiteur d'eau de mer

Un système a passe coque unique, avec filtre gros donnant l’eau de mer à tous les usages est décrit dans le « Gutelle ». Le filtre peut être visité en mer, et le passe-coque décrassé de l’intérieur : c’est le top !

Attention dans ce circuit d’eau de mer unique aux contre pressions quand une pompe tire, qui pourraient par exemple réduire (ou même inverser !) le débit au moteur..

Le circuit d’eau de mer peut devenir aussi complexe que celui d’eau douce, s’il y a un frigo a condenseur à eau, une pompe de rinçage de pont, une pompe de vaisselle à l’évier, etc.

Attention a bien choisir l’emplacement de la prise d’eau du dessal : loin des sorties de lavabo et surtout de wc !


Conclusion

En complétant votre montage par des panneaux en plastique ou alu gravés des indications utiles et en ajoutant le grand schéma dans le grand livre de bord, avec les avertissements essentiels ( jamais ouvrir simultanément la vanne « chose » avec la vanne « truc » !)vous pourrez faire visiter votre plomberie aux amis avec fierté !


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