Remise en état de la quille sur un first 25


Cet article est destiné à inaugurer l'ouverture du HEOCLUB First25.
Le mécanisme de quille relevable étant un sujet d'interrogation souvent
évoqué au long des fils, j'ai choisi de décrire dans cet article la dépose
la quille de mon bateau. J'espère que cette description sera utile à mes
coreligionnaires firstophiles.

[c]On ne va pas se casser la boule pour un jeu de quille ou les tribulations d’une œuvre vive
[/c]

Le first 25 se décline en deux versions : une version disposant d’une quille fixe qui s’avère avoir des dispositions pour la navigation au long cours (http://www.raphaellegrand.com/) et une version à quille relevable.

Cette dernière version permet de disposer de deux configurations distinctes :
- Quille baissée, un tirant d’eau, important pour un bateau de cette dimension, de 1,70 m avec une quille à fort allongement
- Quille relevée, un faible tirant d’eau de 0,85 m et un sabot d’échouage qui protège la coque des agressions.

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Cette modularité répondant parfaitement à mon programme de navigation en zone soumise aux marées, c’est sur cette dernière version que mon choix s’est porté.

Toute médaille ayant son revers, j’ai rapidement constaté que, au mouillage, lorsque le plan de dérive de la quille n’est plus en plus en appui sur un bord, la quille se transforme en battant de cloche et rythmais les nuits de son va et vient sonore comme une comtoise cardiaque qui aurait des extrasystoles.

Comment ça marche

La quille est un moulage en fonte (700 kg) qui pivote dans un plan vertical autour d’un axe en inox…

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…sous l’action d’un vérin à vis (96 tours sur l’ancien modèle).

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Note : d’origine les vérins sont équipés d’un « chapeau » métallique fusible qui empêche la quille de retomber sur la coque et de risquer de l’endommager en cas de chavirage tout en ayant une fonction fusible en cas de talonnage. Je n’ai jamais eu l’occasion de visualiser cette pièce qui était absente sur les F25 que j’ai pu visiter.


Latéralement, la quille est guidée par quatre patins en nylons (deux sur chaque face) qui portent sur la paroi du puits de quille.

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L’ensemble du mécanisme est fixé par l’axe sous la coque grâce à deux équerres en acier galvanisé.

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Rien de bien compliqué, en fait, mais, l’irréparable outrage des ans ayant fait son office, tous les patins en nylon se sont usés permettant à la quille de battre.

Taïaut

Le bateau est dans un port à sec.
Donc, aucun problème matériel.

Un peu d’observation…un peu de réflexion…il faut écarter la quille du bateau.
Soit je creuse pour descendre la quille (pffff…non), soit je lève le bateau avec le concours de la remorque hydraulique utilisée par le chantier pour ses manutentions. Solution adoptée.

Première étape : étayer la quille pour qu’elle ne bascule pas lorsqu’on enlèvera le bateau (tu peux retirer l’échelle, je me tiens au pinceau…)

[c]remise en etat de la quille sur un first 25[/c]

Posée sur ses parpaings, la quille est maintenue latéralement par deux patins de bers appuyés sur le sol et retenus ensembles par deux cordages disposés en X.

Cette configuration en X est indispensable pour imposer la persistance de l’angle relatif des deux bras des patins et, ainsi, éviter le glissement des patins.

Deuxième étape : dégager les équerres de fixation qui, sur mon bateau, ont été recouvertes d’époxy et « antifoulées » pour ne pas dégrader la carène :

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Quatre têtes de vis fraisées sont intégrées dans les équerres. Le desserrage des vis se fait donc par le dessus.

A l’intérieur : enlevage de la table et du doublage du puits de quille (les boiseries sont fixées sur le doublage en fibre par les vis de fixation des équerres de maintient des plateaux, le doublage est fixé par les vis visibles au sol. Facile.

remise en etat de la quille sur un first 25
















Après, on obtient ça :
























Les vis et les écrous sont cachés par du mastic silicone :

[c]remise en etat de la quille sur un first 25[/c]

Leur état me révèle une oxydation avancée des écrous et des vis.

Inutile de préciser que le desserrage des écrous s’est révélé impossible et que c’est en partie à la disqueuse que c’est effectué leur dépose.

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Troisième étape : le levage :
Un petit pincement au cœur, la remorque est introduite sous le bateau et on peut commencer le levage.

Après un instant de crainte, les équerres se séparent lentement de la coque

[c]remise en etat de la quille sur un first 25[/c]

Jusqu’à la sortie complète de la quille :

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Et l’identification de l’origine du battement : un des patins de guidage avait disparu…

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…tout comme le filetage qui devait accueillir sa vis de fixation.



Quatrième étape : déshabillage et protection de la quille

[c]remise en etat de la quille sur un first 25[/c]


cinquième étape :

pose d’hélicoïls sur tous les taraudages de fixation des patins.

Pour ceux qui ne connaissent pas ce dispositif, il s’agit de filets de filetages rapportés qui sont introduits, après reperçage, dans des taraudages usés pour leur restituer toute leur fonctionnalité.

Ce qui est remarquable dans ce système, c’est que, dans des matériaux tendres comme l’aluminium ou friables comme la fonte, le filetage rapporté est souvent plus fiable que le filetage d’origine.

Un petit lien vers un document qui décrit cette remarquable invention :

http://www.guzzitek.org/documents/divers/HelicoilUtilisationMAJ01.pdf

Sixième et dernière étape : le remontage.

Cette dernière opération ne demande aucune précision complémentaire puisque le remontage est effectué en sens inverse du démontage.

Un point toutefois, je me suis aperçu qu’il était nettement plus pratique de repositionner la quille au moyen du vérin intérieur :
- mettre la vis sous tension jusqu’à décoller la quille de son support,
- enlever les patins de bers (ça fait un peu peur…mais, en fait, tout est tenu par le système de relevage)
- monter la quille qui bascule de telle manière que les équerres viennent naturellement en premier au contact de la coque.
- Positionner les équerres, enduire la surface de contact avec du sika, mise en place des vis et des écrous, serrage.

Les patins assurent spontanément leur guidage et leur positionnement dans le puits.

J’ai remplacé mes boulonneries acier par de l’inox et j’ai ré-enduit les équerres d’époxy pour retrouver une belle carène.

Mon bateau étant équipé de l’ancien modèle de vérin, la noix bronze, visible était en bon état. J’ai juste effectué un graissage généreux avec de la graisse Bardhal (voir magasin auto) qui est aussi efficace qu’elle sent mauvais.

Elle est très efficace…

Je graisse deux fois par an et, je touche du bois, tout à l’air en pleine forme…

Pour graisser, je profite soit d’un échouage soit du positionnement sur ber. Lorsque la quille est maintenue relevée par le sol, je dévisse en totalité la vis du vérin qui se dresse au travers du carré. Je tartine la vis de graisse et je manœuvre jusqu’à ce que le déplacement de la vis soit onctueux dans les deux sens (montée et descente).

Un petit coup de nettoyage et c’est tout.

Finalement, une opération impressionnante, mais, finalement simple si on peut disposer d’un moyen de levage du bateau.

[c]remise en etat de la quille sur un first 25[/c]