Un 36 pieds nous raconte son tour de l' atlantique


Le 8 juin 2005, nous avons quitté Argelès en cabotage côtier jusqu’à Gibraltar ...

Je m’appelle Poupas. Je suis né en 2002, et suis le premier Bavaria 36 -2 Cabines- de la nouvelle génération entré en France cette année là…
J’ai été choisi par Francis et Françoise, un couple de postiers soucieux de préparer leur retraite.

Je suis donc arrivé chez Axemer à Argelès le 7 mai 2002, où l’on m’a équipé des indispensables instruments de navigation : VHF, GPS, Centrale vent, Pilote, Radar.

Mes premiers bords nous ont amenés aux Baléares ; les deux saisons suivantes, nous avons sillonné la Méditerranée et l’entente étant parfaite entre eux et moi, ils ont décidé d’aller plus loin, projetant le tour de l’Atlantique Nord. Au chantier Axemer, j’ai été équipé d’un deuxième pilote, d’une troisième bande de ris à la grand voile et de deux panneaux solaires discrètement posés sur le bimini.

un 36 pieds nous raconte son tour de l atlantique

Le 8 juin 2005, nous avons quitté Argelès en cabotage côtier jusqu’à Gibraltar que nous avons passé le 17 août. Impression étrange que cette ouverture sur l’Atlantique, alors que je tirais des bords sous voile au centre du rail des cargos !

La traversée vers Madère a été musclée ; je n’avais encore jamais été bousculé de la sorte, mais je caracolais sur les vagues avec souplesse par vent de travers. Même scénario vers les Canaries, mais sur l’autre bord… Bon ! C’en est assez d’être secoué, il parait que le plus dur est fait. La descente vers les îles du Cap Vert a été un rêve ; par vent établi de Nord-Est force 4-5, génois tangonné et grand voile à un ris, je filais régulièrement mes six nœuds et demi sous l’admiration de l’équipage. Après six jours de ce régime, j’ai goûté un bon repos dans les mouillages capverdiens.

Fin novembre, nous n’étions pas moins d’une soixantaine dans la baie de Mindelo à attendre l’établissement de l’alizé. Nous sommes partis parmi les premiers, le 28 à 14h30 locales. La première semaine de navigation a été à l’image de la traversée Canaries-Cap Vert ; puis le vent a fraîchi, la mer s’est creusée. Sous grand voile seule à trois ris, je filais encore à plus de six nœuds !
Treize jours et vingt deux heures plus tard, nous avions atteint La Barbade. Et du 15 décembre 2005 au 2 mai 2006, j’ai pointé mon étrave dans toutes les îles des Petites Antilles, de La Grenade aux Iles Vierges Britanniques. Toutes, sauf une : Montserrat, le volcan éructait encore.

2 mai. Il était temps de repartir, saison oblige. Nous avons mis huit jours pour rallier Les Bermudes, les calmes plats des « Horse Latitude » ne nous ayant pas épargnés. Puis, cap à l’Est vers Les Açores. C’est la météo qui a déterminé notre route ; très à l’écoute de la position des dépressions et de leur trajectoire, il fallait parfois ralentir l’allure pour éviter de croiser leur route.

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Malgré cela, treize jours plus tard, par un temps très chaotique, je posais mon ancre à Florès, derrière la jetée du port fort peu abrité. J’y serais pourtant bien resté, là ou dans une autre des neuf magnifiques îles de cet archipel… Mais on a dit qu’on allait jusqu’au bout du programme, que l’on bouclait la boucle. Alors on est reparti une fois encore, eux et moi, pour retrouver le vieux continent, bien secoués par les alizés portugais alors qu’il restait encore trois cents milles avant d’arriver à Lisbonne.

Le détroit de Gibraltar a été franchi à nouveau le 17 août, sagement cette fois, le long de la côte nord, et porté par le courant de marée sur une mer parfaitement plate, je glissais à huit nœuds !

Le 11 septembre 2006, paré de tous les pavillons de courtoisie qui avaient émaillé le voyage, je suis fièrement entré au port d’Argelès, aussi fringant qu’au départ, après douze mille milles parcourus. Il n’y a que la chaîne du mouillage et le barbotin qui soient usés.

Et vous savez quoi ? Ils parlent de recommencer…..

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